Après le décès de Jean-Luc Godard, le monde honore un génie irrévérencieux du cinéma

"La Suisse perd l’un de ses plus grands cinéastes", a commenté sur Twitter le conseiller fédéral en charge de la Culture Alain Berset. "Ses œuvres ont inspiré des générations de réalisateurs dans le monde entier, son héritage et son influence immenses marqueront l’histoire", a-t-il poursuivi.

Interrogé dans Forum, le Fribourgeois a encore salué "un monument du cinéma, mais aussi quelqu'un d'extrêmement attachant". "Ca fait un choc, c'est toute une page de l'histoire du cinéma qui se tourne", a-t-il poursuivi, notant que Jean-Luc Godard était connu dans le monde entier, faisant partie de ces noms qui circulent et font voyager la Suisse dans le monde.

>> L'interview d'Alain Berset dans Forum :

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Un souvenir éclatant en terres vaudoises

Le Conseil d'Etat vaudois a de son côté estimé que le résident de Rolle avait laissé "un souvenir aussi éclatant qu'empreint d'une admiration infinie" dans la région qui l'a vu grandir. L'exécutif rappelle que le canton a soutenu à de nombreuses occasions des projets portés par Jean-Luc Godard, notamment un programme de numérisation de ses films ou la mise sur pied d'une exposition en collaboration avec le Festival Visions du Réel.

La Municipalité de Lausanne a également réagi, estimant que "Godard a fait voyager le nom de Lausanne" dans le court-métrage "Lettre à Freddy Buache", sélectionné à Cannes en 1982. "C'est certainement le film sur Lausanne le plu vu et célébré au monde", soulignent la Ville et la Municipalité dans un communiqué.

>> Ecouter les hommages dans Vertigo :

Keystone/Delay - Jann Jenatsch

Un exemple dans les écoles de cinéma

"Depuis sa maison de Rolle, Jean-Luc Godard aura révolutionné le 7e art", a réagi Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, sur Twitter. "Un des plus grands intellectuels du monde nous quitte, nos pensées à ses proches."

Invité dans le 12h30 de la RTS, le réalisateur Lionel Baier estime quant à lui que Godard a aussi participé à l'histoire des idées du 20e siècle. "Vous pouvez poser la question à des philosophes, à des peintres, à des chercheurs. Il aurait préféré d'ailleurs que l'on dise de lui qu'il était un chercheur, plutôt qu'un cinéaste. Pour lui, le cinéma était une langue et il fallait que des gens travaillent cette langue."

Les réalisateurs du monde entier ont perdu quelqu'un qui a défini le langage avec lequel ils travaillent, poursuit le réalisateur. Il était dans une "catégorie à part", commente-t-il encore. "C'est un peu comme si on avait perdu un observateur un peu au-dessus de la mêlée."

>> Voir aussi l'interview de Lionel Baier dans le 19h30 :

Pour Paolo Moretti, qui vient de quitter la tête de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes pour reprendre la section Cinéma de l'ECAL à Lausanne, "Godard a joué un rôle central pour tout passionné de cinéma". Lui-même raconte avoir découvert le réalisateur à 16 ou 17 ans et le classe parmi ses "premiers chocs esthétiques et politiques". Et d'ajouter: "Dans une école de cinéma, nous exposons les étudiants à un maximum de possibilités: cela passe évidemment par Godard, qui a créé la modernité au cinéma en faisant des choses que l'on disait impossibles."

"Trésor national"

D'origine française, Jean-Luc Godard a également été largement salué dans l'Hexagone. Le président Emmanuel Macron a salué sur Twitter l'inventeur d'un "art résolument moderne, intensément libre". "Nous perdons un trésor national", a-t-il écrit, tandis que sa ministre de la Culture Rima Abdul Malak a rendu hommage à quelqu'un qui "a brûlé tous les codes du cinéma, faisant déferler sur le monde une vague d'audace, de liberté et d’irrévérence".

"Une page de l'histoire du cinéma se tourne... Merci, Jean-Luc, pour les beaux souvenirs que tu nous as laissés", a salué l'acteur Alain Delon, rappelant qu'il était "fier" d'avoir tourné pour lui dans le film "Nouvelle Vague" (1990).

Icônisée en 1963 par le cinéaste dans "Le Mépris", l'actrice Brigitte Bardot lui a également rendu hommage sur Twitter.

À l'affiche de "Masculin Féminin" en 1966, la chanteuse Chantal Goya est, elle aussi, revenue dans un entretien pour L'Obs sur sa collaboration avec le metteur en scène. "C'est quelqu’un que j'aimais beaucoup [...] Il savait regarder à l’intérieur de son artiste pour le ressortir dans un film. C'est très rare", confie-t-elle.

Le réalisateur américain Darren Aronofsky a de son côté déclaré sur Twitter: "Repose en paix Godard. J'ai beaucoup appris de mes copies d'"A Bout de Souffle" en cassettes VHS... Merci Maestro."

Hommages de Cannes, Berlin et Venise

Jean-Luc Godard a aussi reçu les hommages du festival de Cannes, l'un des plus grands événements de cinéma du monde. D'agitateur sur la Croisette lors des mouvements ouvriers de mai 1968 à prix du Jury en 2014 pour "Adieu au langage", il aura marqué l'histoire de la manifestation. "Depuis sa première apparition au Festival dans 'Cléo de 5 à 7' en 1962, 21 films de Jean-Luc Godard ont été projetés à Cannes", rappelle l'institution.

"Jean-Luc Godard, c'est le Picasso du cinéma. Avec ses intuitions et ses fulgurances. En avance sur son temps, il a joué avec les mots, les images et les couleurs. Il improvisait des films-jalons, obscurs et séduisants. Le cinéma mondial est orphelin", a commenté l'ancien président du festival Gilles Jacob.

La Berlinale, qui a consacré plusieurs fois Jean-Luc Godard a dit dans un communiqué qu'elle pleurait le "pionnier de la Nouvelle Vague et l'un des réalisateurs les plus influents et innovants de l'histoire du cinéma, qui a imprégné le cinéma des années 60 et a toujours su le renouveler depuis".

Sur Twitter, la Mostra de Venise a salué "l'un des plus importants réalisateurs de l'histoire du cinéma et l'un des plus importants protagonistes du festival, consacré pour l'ensemble de sa carrière par un lion d'or en 1982".

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jop avec les agences