Après les six ans de travail qu'a nécessité "Dilili à Paris", Michel Ocelot souhaitait s'atteler à quelque chose de plus léger et de plus court. "Le pharaon, le sauvage et la princesse" propose trois histoires différentes dans des lieux variés mais reliés par un fil rouge.
Le premier conte suit les aventures d’un jeune roi à la conquête de l’Egypte, le deuxième se passe en Auvergne avec un beau sauvage qui combat les injustices, caché dans une forêt. Le troisième raconte l’histoire d’amour entre une princesse et un vendeur de beignets, avec pour décor l’opulence et la beauté des palais turcs.
Des choix spontanés
L’univers des contes est incroyablement vaste, mais les choix de Michel Ocelot se sont faits assez spontanément. Le thème du premier conte, celui de l'Egypte, lui est venu par l'intermédiaire du Musée du Louvre. "Le président-directeur général du musée m'a parlé d'une exposition qui était exactement ce que je voulais. (...) Dans les documents de l'exposition, j'ai trouvé une stèle bien gravée avec des illustrations et des hiéroglyphes, la stèle du songe, et j'en ai utilisé le récit: celui d'un petit roi du nord du Soudan rêvant qu'il part à la conquête de l'Egypte", explique-t-il à la RTS.
Le deuxième conte, une légende médiévale de l'Auvergne, lui trottait dans la tête depuis longtemps. "Je lis souvent des contes pour m'inspirer. J'ai mis un marque-page au conte du beau sauvage avec écrit 'à faire!'" Le réalisateur a poussé assez loin les reconstitutions fidèles des paysages auvergnats grâce à plusieurs voyages effectués dans la région, caméra au poing.
La conteuse comme fil rouge
Enfin, le troisième conte, "La princesse des roses et le prince des beignets", est une fantaisie orientale, une "turquerie". A l'inverse du premier conte, l'approche visuelle est opulente. Les costumes, les décors et les cris des marchands venus du monde entier sont reproduits avec véracité. "Et pour le reste, j'ai fait ce que je voulais, s'exclame Michel Ocelot. Je fais un dessin animé et on s'amuse bien!"
Un personnage de conteuse au look improbable, coupe en brosse asymétrique, vient faire le lien entre chaque histoire en guise de fil rouge. Cette femme représente pour le réalisateur une figure historique du début du confinement. "Le premier dessin que j'ai fait à cette période est un chantier de reconstruction avec une femme d'aujourd'hui, énergique, en bleu de travail mais ne renonçant à rien. Elle a un foulard très chic, la fantaisie qu'elle veut et une coiffure un peu folle. Car on se retrousse les manches mais on est joyeux!"
Bel hommage aux récits ancestraux
Lors du débat cinéma de l'émission "Vertigo", le film a fait l'unanimité. "J'ai trouvé visuellement magnifique, livre le critique cinéma Thomas Gerber. Ocelot adopte un autre style d'animation pour chacun des trois contes, c'est une idée géniale. (...) Il a cette manière de s'inspirer au premier degré des traditions qu'il adapte. Le Panthéon égyptien est représenté de manière littérale, les tyrans médiévaux sont caricaturaux, les justiciers nous font penser à Robin des Bois, il y a des princes et des princesses, je trouve que c'est un très bel hommage aux structures archétypales des récits ancestraux. Le film est dépourvu de morale à faire passer aux enfants, parce qu'Ocelot veut nous rappeler l'essentiel: notre besoin vital de récits, de contes et de narrations."
Quant à Philippe Congiusti, producteur et animateur de "Brazil" sur Couleur 3, il s'est mis à la place d'un enfant qui allait découvrir pour la première fois un film d'Ocelot: "Je pense qu'il va être enchanté par le spectacle qui est proposé! On trouve à la fois des leçons d'histoire et des aventures avec du suspense, des rebondissements, un peu de romance et puis l'amour triomphant dans chacune des histoires. C'est beau de raconter cela à des enfants et c'est un travail très bien fait de la part de Michel Ocelot."
Sujets radio: Sarah Clément
Adaptation web: Melissa Härtel
La Lausannoise Marina Rosset gagne le grand prix d'Animatou
Le court-métrage "La reine des renards" de la Lausannoise Marina Rosset a gagné le grand prix du festival international du film d'animation Animatou à Genève, qui s'est tenu du 6 au 15 octobre 2022. Ce prix reflète le dynamisme du cinéma d'animation en Suisse.
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