Lorsque Adrien (Pierre Niney), un jeune gigolo venu sur la Côte d'Azur au bras d'une ancienne gloire du cinéma (Isabelle Adjani), tombe sous le charme de Margot (Marine Vacth), jeune arnaqueuse qui, elle aussi, a l'habitude d'être entretenue par des partenaires plus âgés, c'est le début d'un plan machiavélique qui se met en marche. Les deux jeunes amoureux décident d'arnaquer un agent immobilier (François Cluzet) afin de pouvoir s'offrir la vie dont ils ont toujours rêvé.
Quatrième long-métrage de Nicolas Bedos ("M. et Mme Adelman", "La Belle Epoque" et "OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire" ), "Mascarade", film choral grinçant et ambitieux, propose une leçon d'escroquerie sur fond de lutte de classe et de générations, dans la société ultra riche et bling-bling de la Riviera française.
Eloges et critiques
Sorti le 1er novembre, le long-métrage de Nicolas Bedos a tout de suite divisé la critique dans l'Hexagone. Et comme souvent avec le réalisateur français, qui laisse rarement l'opinion publique indifférente, cela va des éloges aux critiques les plus acerbes.
Parmi la presse française qui soutient le film, on trouve Le Point qui présente "Mascarade" comme "drôle, vif, cruel, d'un cynisme absolu et doté d'un casting au top", Le Figaro qui parle de "virtuosité" ou Le Monde qui y a vu "une savoureuse leçon d'escroquerie sentimentale".
En face, certaines critiques sont acerbes. Ainsi Télérama parle d'un film "aussi pathétique que son microcosme bling-bling", Libération estime que "Nicolas Bedos rumine son nihilisme à deux balles et tourne en ridicule ses acteurs" et Le Parisien trouve que le film "nous gratifie par ailleurs de séquences d'une vulgarité inouïe".
Le magazine spécialisé Première est un peu plus nuancé, mais estime que "sans colonne vertébrale, avec ses dialogues outranciers et ses rebondissements forcés, Bedos finit par laisser son spectateur en plan avec ses personnages un peu moches, un peu lâches et globalement repoussants."
Un film qui a le défaut d'être français?
Mais pourquoi tant de haine de la part d'une partie des médias français? Pour Philippe Congiusti, spécialiste cinéma pour la RTS, qui a défendu ce film lors du débat de l'émission 12h45, une partie de la réponse se trouve sans doute dans le fait que la France n'a pas l'habitude de présenter de tels films. "Nicolas Bedos arrive avec une proposition flamboyante. Un film sur la lutte des classes avec de belles images, de la volupté, de la cruauté et un très bon scénario", analyse-t-il. "C'est un film que des Américains pourraient faire et que l'on trouverait très bien. Sauf que là, c'est un Français, et que l'on n'en veut donc pas".
De son côté, le critique de la RTS Rafael Wolf, plus nuancé, avance que s'il est indéniable que Nicolas Bedos est doué comme cinéaste et que les acteurs et actrices sont brillants, "Mascarade" est un film trop long et qui sonne creux. Le réalisateur, en plus d'avoir voulu aborder trop de thématiques, a échoué à en faire "cette mosaïque absolument foisonnante" dont il rêvait certainement, estime encore le critique.
Reste à découvrir l'avis du public sur ce film qui, au demeurant, avait été accueilli par une longue standing ovation lors de sa projection hors compétition en clôture du dernier Festival de Cannes.
Andréanne Quartier-la-Tente