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"Maestro(s)", un père et un fils à baguettes tirées

Yvan Attal dans "Maestro(s)" de Bruno Chiche. [VENDÔME FILMS - Julien Panié]
Pierre Arditi et Bruno Chiche, "Maestro(s)" / Vertigo / 55 min. / le 24 novembre 2022
Le réalisateur Bruno Chiche orchestre avec "Maestro(s)" la rivalité entre un père et son fils, tous deux musiciens, autour d'un poste prestigieux de chef à la Scala de Milan. Pierre Arditi et Yvan Attal figurent au générique de cette comédie dramatique et sensible.

Ce sont deux chefs d'orchestre. L'un, Denis Dumar (Yvan Attal), brillant dans son genre, fougueux, non conventionnel, ce qui lui vaut une énième Victoire de la musique classique, l'autre, François Dumar (Pierre Arditi), plus traditionnel, une référence dans le milieu. Deux chefs, deux Dumar, un fils et son père, mais une seule Scala de Milan à diriger.

Cette place de rêve est offerte à celui qui ne s'y attendait pas, à savoir le plus jeune. Alors, que faire? Dire la vérité au père qui pensait que le poste était pour lui, au risque de le blesser, de mettre encore un peu de distance entre eux qui déjà se parlent à peine, ou se taire et renoncer à la chance de sa vie?

C'est tout l'enjeu de "Maestro(s)", comédie dramatique signée Bruno Chiche ("Barnie et ses petites contrariétés", "Je n'ai rien oublié", "L'un dans l'autre") qui signe là son film le plus personnel. Le réalisateur avait à coeur de raconter une histoire entre un père vieillissant et un fils âgé, comme lui, d'une cinquantaine d'années. "C'est le film que j'ai préféré faire, je m'y retrouve", dit-il à la RTS.

Les relations de couples

Le film tourne autour des relations entre plusieurs couples: celui de François et de son fils Denis bien sûr, mais aussi celui de Denis avec son propre fils Mathieu (Nils Othenin-Girard), avec son ex-femme Jeanne (Pascale Arbillot) qui est aussi son agente et dont il est resté très proche, ainsi que celui qu'il forme avec Virginie (Caroline Anglade), violoniste dans son propre orchestre. Bruno Chiche traite ainsi du sujet de la filiation sur trois générations.

Les rapports entre les protagonistes ont du mal à s'exprimer: le non-dit y tient une place importante, tandis que les quiproquos font basculer le propos. La mère de Denis et femme de François, interprétée par Miou-Miou, qui favorise son mari aux dépens de son fils, temporise de son mieux les difficultés de la relation père-fils, tandis que Denis souffre d'être l'enfant mal-aimé de ce patriarche.

"Le film raconte cette histoire dans un rythme atypique aujourd'hui. Un rythme plus progressif, comme la musique, qui s'amplifie et devient plus rapide. Bruno Chiche rend ce service majeur de ne pas créer des générations qui finiront par prendre un spot publicitaire pour une tragédie de Racine", indique à la RTS Pierre Arditi.

Le temps qui passe

A 77 ans et après cinquante-huit ans passés dans le milieu du cinéma, Pierre Arditi vit actuellement un tournant dans sa carrière. "Je vieillis et je deviens lentement plus proche que je ne l'ai jamais été de moi-même. C'est majeur chez moi, j'ai passé ma vie à essayer de savoir qui j'étais. Je le sais en partie seulement. En ce moment, il se passe quelque chose par rapport à cet âge qui ouvre une autre porte dans ma carrière. Au lieu de faire un amant, je vais faire un père, peut-être même un grand-père. Cela ouvre des horizons nouveaux pour ceux qui auraient envie de me faire travailler. Je rêve que ce désir-là ne s'éteigne pas", conclut-il.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: mh

"Maestro(s)", de Bruno Chiche avec Pierre Arditi, Yvan Attal, Miou-Miou, en salle dès le 7 décembre.

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