L'intrigue se déroule une décennie après les événements du premier film et on y retrouve une partie des protagonistes. L'ancien Marine Jake Sully est devenu pleinement Na'vi, l'espèce bleue autochtone, et avec sa compagne Neytiri ils ont fondé une famille nombreuse, vivant en harmonie avec la forêt. Quant aux méchants humains, ils sont également de retour à bord d'un vaisseau bardé de robots de guerre, pour s'emparer des précieuses ressources de Pandora. Traqués, Jake Sully se réfugie avec ses proches auprès d'une autre tribu, adaptée à la vie marine, et dirigée par Ronal (interprétée par Kate Winslet).
Ce nouvel "Avatar" ne s'encombre plus du dialecte Na'vi, largement évacué au profit de l'anglais, ni des branchements pour intégrer le corps des Na'vi: exit les "avatars" donc, seuls coexistent désormais les humains, les Na'vis et leurs hybrides. Et les questionnements qui viennent avec: comment coexister ensemble?
Des moyens techniques colossaux
Tout comme le premier opus, la force de ce film tient au réalisme des images numériques. Les décors, la richesse des univers et la précision des images, tout est extrêmement détaillé dans l'univers de James Cameron et la frontière entre les images "réelles" et celles créées par ordinateur reste très ténue. Le cinéaste américain a réutilisé la technique de "capture de mouvement"; les acteurs sont filmés sur fond neutre et leurs mouvements et expressions sont retranscrits numériquement. La nouveauté cette fois consiste au fait que de nombreuses scènes ont été tournées en apnée et une piscine géante a été construite pour l'occasion.
James Cameron a beau être fou de numérique et d'effets spéciaux, pour le roi du box-office c'est le "talent artistique" qui fait la différence. La production de ce film a nécessité des moyens techniques colossaux. "Je suis une sorte de filtre central de tout mais j'ai de nombreux artistes qui travaillent pour moi, dessinent les personnages, l'architecture, le monde, les plantes, les costumes...", résume le réalisateur dans une interview avec l'afp. "Le coeur, l'émotion, la créativité... Tout cela arrive d'abord", lors du tournage des scènes en prise de vue "réelle". "Ce n'est qu'ensuite que le travail technique commence", développe-t-il.
Premières impressions
Thomas Gerber et Aimée Papageorgiou sont unanimes: le résultat est époustouflant et ce nouveau monde marin est d'une "beauté sidérante". Les avis des deux critiques cinéma pour le compte de la RTS divergent en revanche sur l'intrigue. Pour Thomas Gerber, il y a une véritable trame, James Cameron sait exactement où il va avec son histoire d'exode. Alors que pour Aimée Papageorgiou, le réalisateur a repris les mêmes ingrédients que dans le premier opus, à savoir la critique de l'hégémonie américaine et la vanité de l'espèce humaine. Dans le débat cinéma de l'émission "Vertigo", elle soulève deux choses qui l'ont marquée dans "Avatar 2: la voie de l'eau": un méchant toujours aussi abominable et une chasse à la baleine qui l'a particulièrement touchée.
Une saga en cinq épisodes
Tourné en 3D, "Avatar 2: la voie de l'eau" a coûté plus de 400 millions de dollars. Un coût imputable aux prouesses techniques mais surtout au marketing de Disney. Le studio hollywoodien a souhaité que le film soit diffusé en 2D, 3D et 4DX (fauteuils avec mouvements et effets sensoriels) dans toutes les salles, explique à la RTS Chloé Delaporte, maîtresse de conférence en socioéconomie du cinéma à l’université de Montpellier.
Pour rester rentable le film doit dépasser les deux milliards de recettes. Mais il faut avouer que même avec une baisse de fréquentation des salles obscures, le risque est limité. Jusqu'à présent, tous les films de James Cameron se sont avérés extrêmement rentables. Avec ses 2,2 milliards de dollars de recettes, "Titanic" a longtemps été le film le plus lucratif de l'histoire du cinéma, avant "Avatar".
James Cameron a d'ailleurs tout prévu: les images du troisième volet de la saga sont déjà tournées et le scénario du 4e Avatar est déjà écrit. Son objectif est de sortir un Avatar tous les deux ans au moins jusqu'au cinquième, en 2028.
afp/ats/sc
"Avatar 2: la voie de l'eau" de James Cameron, avec Kate Winslet, Sam Worthington, Sigourney Weaver, Zoe Saldana, Stephen Lang, Michelle Yeoh, Oona Chaplin, Jemaine Clement, Giovanni Ribisi, Edie Falco
Avatar un film écologique?
Amoureux de la mer et fasciné par les fonds marins, James Cameron martèle à nouveau un message écologiste dans "Avatar 2: la voie de l'eau". Le réalisateur américain l'avoue d'emblée: son film n'a pas pour but de dire "quoi faire", mais plutôt de susciter une forte émotion pour la nature et l'envie de se battre pour celle-ci.
Et pourtant, les paradoxes autour de ce film sont nombreux, explique à la RTS Daniel Bonvoisin, éducateur aux médias de l'association belge Média Animation qui travaille beaucoup sur les représentations dans le cinéma. "'Avatar' est un film au message écologique, mais il est exclusivement fait en images numériques. En fait c'est une vision écologique qui repose sur l'artifice, sur l'ordinateur." L'autre message que cela induit est "pourquoi sauver notre planète quand on peut fabriquer un monde virtuel encore plus magnifique?"
D'un point de vue historique, le cinéma s'est d'abord emparé de l'environnement comme "ingrédient du spectacle", nous rappelle Daniel Bonvoisin. "On voyait de beaux couchers de soleil, des magnifiques paysages, des animaux sauvages... et au fur et à mesure des avancées technologiques, le spectacle est devenu de plus en plus époustouflant". Les films dits écologistes sont apparus plus tard, après la Deuxième Guerre mondiale et l'apparition de la bombe atomique. A partir de ce moment, l'homme découvre qu'il a les moyens de détruire la planète.
Pour Daniel Bonvoisin, le genre cinématographique le plus écologiste dans la fiction est celui relatif à la forêt amazonienne, qui émerge dans les années 1980. C’est l’époque de "La forêt d’émeraude" ou de "Medicine Man". A l'inverse, les films catastrophes des années 1990 et de 2000 n’ont pas de message écologique. Les tornades, éruptions volcaniques et tremblements de terre sont liés à des facteurs externes, l’être humain et son impact sur l'environnement ne sont jamais remis en question. Avec deux exceptions tout de même: "Le jour d’après" et "Don't Look Up" abordent frontalement la question du réchauffement climatique.
Si la nature et l'écologie apparaissent dans le cinéma hollywoodien, ces deux préoccupations ne sont pourtant pas une priorité pour cette industrie qui, comme beaucoup d'autres a pour vocation première d'être rentable. Sarah Clément