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Guillermo del Toro signe une version sombre du conte de "Pinocchio"

Une scène du film "Pinocchio" de Guillermo Del Toros [Ascot Elite Entertainment Group]
Critique du film "Pinocchio" de Guillermo del Toro / Vertigo / 5 min. / le 14 décembre 2022
Dans cette nouvelle adaptation de "Pinocchio", le réalisateur mexicain Guillermo del Toro dépeint une version sombre du célèbre conte, où les pantins et leur créateur se retrouvent propulsés dans l'Italie fasciste de Mussolini. A voir dans les salles romandes ainsi que sur Netflix.

Tiré d'un roman italien de 1883 et popularisé par Disney, le conte de "Pinocchio" a fait l'objet de nombreuses adaptations au cinéma. Celle proposée aujourd'hui par Guillermo del Toro est à découvrir à la fois au cinéma et sur Netflix. Dans son film, le réalisateur mexicain dépeint un univers sombre et poétique dans lequel Geppetto, le vieux sculpteur de bois et son exubérante marionnette au nez effilé, Pinocchio, se retrouvent propulsés dans l'Italie fasciste des années 1930, faite de saluts militaires, de règles strictes et de machisme violent.

La question du fascisme omniprésente

"Je voulais situer le film à une période où se comporter comme un pantin était une bonne chose", a expliqué Guillermo del Toro à l'AFP, début novembre, en marge du festival American Film Institute à Los Angeles. Imaginé il y a plusieurs années, "Pinocchio" résonne pourtant avec le contexte politique mondial actuel, souligne le cinéaste mexicain. "Cela me préoccupe car le fascisme est une chose vers laquelle l'humanité semble revenir", poursuit Guillermo del Toro, qui a déjà traité cette question dans ses oeuvres gothiques précédentes, "L'échine du diable" (2001) et "Le labyrinthe de Pan" (2006), qui se déroulent dans l'Espagne de Franco.

Pendant des années, Guillermo del Toro tente de vendre son interprétation aux studios et producteurs de Hollywood, sans succès. Il faut attendre 2018 pour que Netflix en achète finalement les droits. Le film sort quatre ans plus tard avec l'aide de Mark Gustafson, considéré comme le petit génie du stop motion, une technique qui consiste à prendre des photos successives d'objets inanimés pour leur donner l'illusion du mouvement.

>> A lire aussi, ce grand format consacré à "Pinocchio" : "Pinocchio", le bois dont on fait les héros

Un nouveau souffle

Thomas Gerber, critique cinéma, estime dans l'émission "Vertigo" de la RTS que Guillermo del Toro s'est entièrement réapproprié l'univers de Pinocchio. Contrairement au conte de base, où Pinocchio doit apprendre à obéir pour devenir un vrai petit garçon, ici la réflexion tourne autour de ce qui nous rend humain: notre finitude.

Même son de cloche chez la critique Aimée Papageorgiou qui s'est dite attendrie par cette version sombre, dans laquelle Geppetto fabrique son pantin, un soir de désespoir et d'ivresse. Les deux spécialistes relèvent aussi le réalisme et la beauté des décors, un travail d'orfèvre selon eux, qui peut être découvert dans les trente minutes de making-off du film disponible sur Netflix.

sc avec afp

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