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"The Land Within" de Fisnik Maxville plonge au cœur des traumatismes du Kosovo

Rendez-vous culture : Julie Evard reçoit le réalisateur suisse d’origine kosovare Fisnik Maxville.
Rendez-vous culture : Julie Evard reçoit le réalisateur suisse d’origine kosovare Fisnik Maxville. / 12h45 / 7 min. / le 23 avril 2024
Premier long métrage de Fisnik Maxville, "The Land Within" relate l'histoire d'un Kosovar ayant grandi en Suisse qui revient dans son pays pour aider sa cousine à exhumer des corps d'un charnier contenant des membres de la famille. Le film est à découvrir depuis le 1er mai dans les salles romandes.

Prix du meilleur film lors du dernier Festival Black Nights de Tallinn, "The Land Within" ("La terre intérieure") est le premier long métrage de fiction de Fisnik Maxville, connu pour ses documentaires "Nostromo", "Zvicra" et "Fin de partie". Le réalisateur y révèle les traumatismes du Kosovo, mais offre aussi une image de la culture du pays, de ses traditions, de ses coutumes et de son histoire.

Le film, coproduit par la RTS et sorti le 1er mai, raconte l'histoire de Remo qui, après des années en exil en Suisse, retourne en 2008 au Kosovo, son pays natal. Sa mission est d'aider sa cousine adoptive, Una, à exhumer un charnier où une grande partie de leur famille a été enterrée pendant la guerre. Les corps révèlent des secrets de famille qui forcent Remo et Una à remettre en question leur avenir.

Les secrets, les non-dits, la confrontation entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés, une société qui a de la peine à entrer dans la modernité, guerre mais aussi conflit intérieur, la mémoire, le pardon, la place des femmes, l'identité sont autant de thèmes évoqués dans "The Land Within". "Si j'ai voulu raconter une histoire qui se déroule dans les Balkans, c'était une manière de me reconnecter en quelque sorte à mon passé", indique le réalisateur dans l'émission Vertigo du 2 mai 2024.

Une part de fantastique

Le long métrage de Fisnik Maxville contient une dimension fantastique et surnaturelle. Ce procédé permet au réalisateur de rendre sa fiction plus universelle, en convoquant le sensoriel plutôt que le factuel. "J'ai grandi avec des films venus des Balkans qui racontent un drame social souvent raconté de façon très terre-à-terre, livre à la RTS Fisnik Maxville. Dans mon film, j'ai voulu insérer des éléments qui touchent au cinéma de genre, presque horrifiques, comme la présence de loups ou une paranoïa commune qui se développe dans le village pendant que la fosse commune est déterrée."

"The Land Within" a été tourné au Kosovo avec les plus grandes stars du pays. Les dialogues sont en albanais, et pourtant c'est un film suisse. "Il raconte une histoire de là-bas, mais se rapporte à notre histoire à nous, ici. C'était important d'amener au public suisse un film qui lui est finalement très proche", précise le réalisateur, lui-même d'origine kosovare et réfugié en Suisse durant son enfance.

>> L'interview de Fisnik Maxville dans Vertigo :

Fisnik Maxville [DR - DR]DR - DR
L'invité : Fisnik Maxville, " The Land within" / Vertigo / 22 min. / le 2 mai 2024

"Ayant grandi ici, il était impossible d'imaginer qu'un film à l'affiche en Suisse puisse être en albanais, avec le nom des acteurs en albanais, relève le diplômé de l'ECAL. J'espère que cela va susciter un peu d'engouement de la part du public albanophone en Suisse, mais pas seulement."

Dans "The Land Within", Fisnik Maxville fait le choix de parler de la guerre sans jamais la montrer. Le film marque par les ambiances et son rythme particulier. C'est un film qui est fait de bruits, de sons, de couleurs, de sentiments.

Propos recueillis par Julie Evard, Pierre Philippe Cadert et Renaud Malik

Adaptation web: Melissa Härtel/ld

"The Land Within" de Fisnik Maxville, avec Luàna Bajrami, May-Linda Kosumovic. A voir dans les salles romandes depuis le 1er mai 2024.

Adaptation d'un article publié une première fois en janvier 2023.

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