"Les choristes", musique et nostalgie au pensionnat du Fond de l'étang
Grand Format Cinéma
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Vega Distribution
Introduction
Comédie dramatique signée Christophe Barratier, "Les choristes" est sorti en 2004. Gérard Jugnot y tient le rôle principal du chef de choeur au grand coeur, tout comme les fameuses mélodies signées Bruno Coulais qui restent en tête. Le succès du film sera fulgurant: huit millions et demi d’entrées et de multiples récompenses.
Chapitre 1
L'éducation par la musique
Vega Films
Un professeur de musique sans emploi, Clément Mathieu (Gérard Jugnot), devient surveillant dans un pensionnat pour garçons dits turbulents au sortir de la guerre, en 1949. Le directeur de l’école, Monsieur Rachin (François Berléand), applique un système pour le moins répressif pour mater les gamins difficiles. Mais Clément Mathieu a d’autres méthodes. Il initie les enfants à la musique et au chant choral jusqu’à bouleverser leur quotidien et leur vie.
Réalisé par Christophe Barratier, qui signe là son premier long métrage, "Les choristes" est porté par le chant des enfants, par cette force utopiste qui refuse de céder, de souscrire au découragement général, qui montre que le beau est possible et que des liens peuvent se tisser entre les êtres. C’est un film qui porte la beauté du chant sur le devant de la scène sans être mièvre. Et cela agace.
Un triomphe insolent, l’emballement médiatique, les tournées incessantes de la chorale des enfants dans le monde entraînent leur lot de mécontents. On traite le film de passéiste, de nunucherie, d’ingénu. Le public, lui, adore et en redemande.
Tout le monde se souvient des chansons du film qui sont reprises, depuis 2004 par des chorales d’enfants à travers la francophonie. Pourtant l’histoire est relativement classique, joue des souvenirs, de l’émotion et de la nostalgie.
Chapitre 2
Une oeuvre optimiste
Vega Films
Reprenant une histoire tombée dans l’oubli, Christophe Barratier fait de la nostalgie quelque chose de résolument contemporain.
Un paradoxe? Peut-être, mais surtout une envie: celle de parler de musique. "Je voulais de la musique classique et un sujet universel partagé par tous les enfants sans distinction de classe, de race, de naissance", explique le cinéaste.
"Les choristes" est une œuvre optimiste: "Au cinéma, je cherche à sortir de la salle en ayant l’impression d’avoir un courage nouveau pour affronter les choses, un sentiment que l'on a rarement l’occasion d’éprouver dans la vie réelle. Si je peux donner aux spectateurs des clés pour comprendre et montrer la vie telle qu’elle pourrait être plutôt que la vie comme elle est, cela me suffit".
Chapitre 3
Synopsis
Vega Films
Le film débute en 1999. Un chef d’orchestre en tournée aux Etats-Unis, Pierre Morhange, apprend la mort de sa mère. Il rentre chez lui, en France pour les funérailles. Mais voilà qu’on frappe à la porte. C’est Pépinot, un ancien camarade de classe, qui lui apporte le journal intime de Clément Mathieu, un de leur ancien surveillant au pensionnat.
En 1949, Clément Mathieu, musicien raté, est engagé à Fond de l'étang, un internat de jeunes gens dits difficiles, enfants de la guerre, orphelins ou fils de mères célibataires.
L’établissement est sévèrement dirigé par Monsieur Rachin, qui applique une discipline répressive. Clément Mathieu est un pion. Son rôle: surveiller les enfants. Mais quand il découvre que les enfants écrivent des chansons grossières sur lui, il décide de leur apprendre à chanter.
Bon pédagogue, il parvient à imposer son autorité avec humour et doigté. Il transforme l’énergie négative de ces jeunes rebelles par la musique. Mieux, il repère un talent, une perle: Pierre Morhange (Jean-Baptiste Maunier). Un enfant à la voix d’or d’abord réfractaire à l’exercice et qui devient soliste talentueux.
La chorale du pensionnat de Fond de l’étang s’améliore rapidement. Le climat ambiant se détend. Puis tout rebasculera.
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Une enfance douloureuse
Le scénario des "Choristes" tire sa trame d’un film de Jean Dréville sorti en 1945, intitulé "La cage aux rossignols". Ce film, Christophe Barratier, le voit au cinéma, enfant. L’histoire lui parle. Le réalisateur a connu une enfance douloureuse. Ses parents, une mère comédienne, un père qui travaille dans le cinéma, se séparent. Tout jeune, il est placé chez sa grand-mère en province.
Dans la cour de l’école, j’étais un peu comme Pépinot, l’orphelin du film. Je venais au portail pour attendre un père qui ne venait pas. Je voyais ma mère, mais je lui en voulais.
Le cinéaste choisit de tempérer les propos de "La cage aux rossignols" sur l’échelle des grands sentiments et de situer son film plutôt du côté de l’idéalisme.
Avec son scénariste Philippe Lopes-Curval, qui lui a été présenté par Gérard Jugnot avec lequel il a entre autres écrit "Monsieur Batignole", le réalisateur cherche à travailler sur l’enfance, les peurs, le sentiment d’abandon.
"Je voulais traiter de l’enfance universelle, retrouver les vertus psychanalytiques du conte. Mes blessures d’enfance sont communes à beaucoup", explique-t-il.
Les deux hommes élaguent le côté passéiste de l’histoire, travaillent la crédibilité. "J’ai choisi de laisser tomber la fin très 'happy end' et de caractériser fortement quatre ou cinq des enfants, contrairement au film original où ils forment une masse d'où ne se dégagent que deux d’entre eux. Je voulais trouver un équilibre. C'est de la comédie dramatique, mais c’est de la comédie quand même", livre Christophe Barratier.
Pour interpréter les 70 enfants du film qui jouent les pensionnaires du foyer, le réalisateur auditionne plus de 300 enfants en réelles difficultés, recrutés en foyer ou dans des lycées de banlieues difficiles.
Chapitre 4
Le tournage
Vega Films
A la base, ce cinéma de papa doit se tourner en Champagne. Mais le projet émigre en Auvergne, dans le château de Ravel près de Thiers.
Il fait chaud, très chaud en cet été 2003, premier été vraiment caniculaire dont on se souviendra longtemps. Le film est censé démarrer en hiver. On utilise alors une sorte de neige carbonique qui recouvre les extérieurs, l’entrée du château, et d’autres astuces.
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On arrache les feuilles qui se voient et on encourage tout ce petit monde à ne pas trop transpirer. Certains enfants jouent une trentaine de jours, d’autres beaucoup moins. Toutes et tous s’impliquent, y croient et rêvent d’avoir plus de texte à dire.
Leur intimité et leur confiance se ressentent et traversent la pellicule pour venir titiller les émotions. Mais principalement, c’est la musique qui va faire le lien.
Chapitre 5
Le rôle de la musique
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Bruno Coulais est le compositeur qui se cache derrière la partition originale des "Choristes" et lui vaudra un César. La musique fait complètement partie de la structure de l’histoire et le succès du film tient pour beaucoup à la popularité de sa bande originale, en particulier la chanson "Vois sur ton chemin". Coulais travaille avec le réalisateur, en connivence, s’immergeant complètement dans le film.
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Sur le tournage, pour préparer les jeunes comédiens et aider Gérard Jugnot à prendre sa place de professeur de chant, il y a le chef de chœur de la chorale lyonnaise de Saint-Marc, Nicolas Porte, qui doublera les chants et enregistrera la bande originale du film.
Seul Jean-Baptiste Maunier, qui tient le rôle de Pierre Morhange, est déjà membre de la chorale. Le réalisateur l'a repéré après avoir visité 20 à 25 chorales dans toute la France.
Mais figurants et acteurs chantent tout au long du tournage. La fin de celui-ci est difficile pour les enfants, émus. Ils ne savent pas encore que l’accueil triomphal fera entrer leurs mignons minois dans la légende du cinéma.
Chapitre 6
La sortie du film
AFP - JOEL SAGET
Quand "Les choristes" sort en mars 2004, le public réagit très vite. Le film réalise huit millions et demi d'entrées en dix semaines d’exploitation. C’est un record.
On est loin de la Nouvelle Vague, on tend vers le cinéma poétique réaliste de l’après-guerre. Les critiques évoquent un cinéma popote, mélange de "Cercle des poètes disparus" et des "Enfants du marais". Les termes "passéiste", "usé", "ingénu" font les premières pages des journaux.
Christophe Barratier, son producteur Jacques Perrin et toute l’équipe sont presque soufflés par ce succès inattendu et la pluie de critiques qui les attend. Car quand tout le monde aime, évidemment des voix s’élèvent pour dire le dédain, la distance, pour dénigrer les bons sentiments ou la rigolade.
La célébration de la France profonde plaît davantage aux spectateurs qu’à la critique snob. En parallèle du succès dans les salles, les prix pleuvent.
Le film obtient huit nominations aux César et deux prix, celui de la meilleure musique et du meilleur son. Il rafle également l'Oscar du meilleur film étranger et celui de la meilleure chanson.
Mais un couac va entacher, un peu, la popularité du film et donner une mauvaise image des producteurs et du réalisateur. Cela se passe du côté des parents des choristes. Non pas les jeunes acteurs, mais les chanteurs de la chorale de Saint-Marc, sursollicités pour aller se produire sur toutes les scènes dans le monde entier. Ils enchaînent concert sur concert et ce rythme effréné est dénoncé par le père d'une choriste. La fin de l’histoire, on ne la connaît pas. Tout semble toutefois être rentré dans l’ordre et "Les choristes" est entré dans la légende du 7e art.
En 2017, Christophe Barratier a adapté son film en spectacle musical aux Folies Bergères.