A 17 ans, Zahia Ziouani (Oulaya Amamra) rêve de devenir cheffe d’orchestre et sa sœur jumelle, Fettouma (Lina El Arabi), violoncelliste professionnelle. Mais en 1995, lorsque l'on est d’origine algérienne, issue d'un milieu modeste et que l’on vient de Seine-Saint-Denis, rien n’est facile. Pour se rapprocher de leur rêve, les jeunes filles intègrent un lycée parisien réputé, changent de milieu, s'accrochent pour supporter les humiliations et les quolibets et se battent pour ne pas abandonner dans un univers éminemment machiste.
Zahia, qui rêve de fonder son propre orchestre, mettra toute son énergie au service de son rêve, grâce à une force de conviction incroyable, du courage, un travail énorme et du talent. Elle est soutenue par un mentor taciturne, le chef d'orchestre roumain Sergiu Celibidache (Niels Arestrup), et un père particulièrement aimant.
La jeune femme finira par créer Divertimento, qui existe par ailleurs toujours à Stains (93) et réunit septante instrumentistes issus de milieux les plus divers. Une manière de donner accès à la musique classique au plus grand nombre.
Un parcours inspirant
Féministe engagée, passionnée de musique symphonique (son père était pianiste et chef d'orchestre, sa grand-mère violoniste), Marie-Castille Mention-Schaar n'est pas restée insensible aux combats d'une jeune fille pour diriger un orchestre. "Au-delà de la musique, le parcours de Zahia et Fettouma Ziouani m'a inspirée", explique la réalisatrice à la RTS.
Les deux soeurs étaient très présentes sur le tournage et ont généreusement coaché les actrices. "Nous avons dû beaucoup travailler pour que cela soit crédible. Il fallait que l'on soit au plus proche de ce qu'elles sont et ne pas les trahir, car elles nous font confiance et nous livrent leur vie", indique l'actrice Oulaya Amamra, qui tient le rôle de Zahia. "C'est inspirant de se dire que si l'on est passionné, c'est possible, peu importe l'endroit d'où l'on vient. La culture et l'art appartiennent à tout le monde".
Eblouissante, Oulaya Amamra partait pourtant de loin: elle ne connaissait de la musique classique que ce qu'elle avait entendu dans sa pratique de danseuse. Après deux mois de travail intensif au côté de Zahia Ziouani, elle livre une prestation impeccable, d'autant que toutes les scènes du film ont été réalisées en prises directes.
Le film donne à entendre aussi bien des airs exigeants et inconnus du grand public que des pages plus abordables comme la "Bacchanale" de Camille Saint-Saëns, issue de l'opéra "Samson et Dalila", ou encore le célèbre "Boléro" de Ravel.
Un film émouvant
Au final, la cinéaste Marie-Castille Mention-Schaar propose avec "Divertimento" un film empli d'émotion avec des actrices au diapason, dans lequel la musique symphonique tient aussi un rôle principal. La réalisatrice de "Bowling" et "Le ciel attendra" réussit le pari de placer le spectateur dans la tête d'une cheffe d'orchestre qui pense, vit et respire musique nuit et jour.
Propos recueillis par Philippe Congiusti et Julie Evard
Adaptation web: Melissa Härtel