Avec "Erica Jong", Kaspar Kasics dessine le portrait d'une icône du féminisme
L'histoire du film "Erica Jong - Breaking the Wall", à voir actuellement sur les écrans romands, commence en 2018 lorsque le réalisateur zurichois Kaspar Kasics, qui venait de terminer un film sur la mort, tombe sur un livre d'Erica Jong: "Fear of Dying", ("Le complexe d'Eos", 2017).
De fil en aiguille, il se plonge dans l'oeuvre littéraire et prolifique de l'autrice américaine, notamment sur "Fear of Flying", ("Le complexe d'Icare", 1976). Dans ce roman drôle et sans complexe, Erica Jong raconte les fantasmes, mais aussi les contradictions de la vie sexuelle féminine. Au moment de sa sortie au milieu des années 1970, la polémique enfle, les ventes explosent et le succès est mondial. Cinquante ans plus tard, Kaspar Kasics se dit: "Il faut absolument que je sache qui est cette personne et quelle vie elle a menée".
Une femme qui en impose
Erica Jong accepte d'être filmée, pour autant que son quotidien ne soit pas chamboulé et qu'elle puisse continuer d'écrire. Durant leurs quatre séjours à New York, Kaspar Kasics et son équipe de tournage vont donc s'adapter.
En mélangeant images d'archives et scènes de vie familiale et conjugale, le portrait d'Erica Jong prend forme peu à peu. Il faut dire qu'à l'âge de 80 ans, l'auteure garde une sacrée énergie, que ce soit pour enchaîner les "chiens tête en bas" - une posture de yoga - ou organiser des apéritifs littéraires chez elle.
Un humour vif et un regard lucide sur la condition féminine, voilà deux autres traits de caractère de cette femme de lettres. Dans une image d'archives, on la voit provoquer un présentateur tv lui disant "les femmes ont tout, mais elles traversent le monde sans dormir".
Et qui assume ses contradictions
Courageuse et indépendante, Erica Jong assume aussi ses contradictions. Elle incite les femmes à être qui elles veulent être, tout en se libérant du regard des hommes, et pourtant elle a elle-même eu recours à la chirurgie esthétique.
Dans une autre scène du film, elle se confie à son mari, lui disant que ça fait bientôt une semaine qu'ils n'ont pas fait l'amour. Lui répond "Erica, on fait l'amour tous les jours, quand on se tient la main, quand on s'embrasse, ..." Comme quoi la personne romantique du couple n'est pas forcément celle que l'on croit.
Sarah Clément
"Erica Jong – Breaking the Wall" de Kaspar Kasics, au cinéma dès le 15 février.