C'est le film "She Came To Me" de Rebecca Miller, qui fera l'ouverture officielle ce jeudi soir de la 73e édition de la Berlinale. Un long métrage qui se présente comme un film choral sur l'amour avec l'Américaine Anne Hathaway, l'une des actrices principales de "Game of Thrones", Peter Dinklage, et Marisa Tomei, vue notamment dans plusieurs films de l'univers Marvel.
Ce film est une "ode magique à la liberté d'expression", "une comédie irrésistible sur les conflits du quotidien dans la société occidentale", selon les directeurs de la Berlinale Mariette Rissenbeek et Carlo Chatrian.
Porte-voix des artistes en résistance
Il fera ensuite place à une édition au ton probablement très sombre, marqué par la guerre en Ukraine, un an après l'invasion russe, et la répression qui se poursuit en Iran. C'est d'ailleurs le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui ouvrira la manifestation par une intervention vidéo.
Les cinémas de ces deux pays seront à l'honneur tout au long du festival. Outre le documentaire de Sean Penn "Superpower", tourné au plus près de Volodymyr Zelensky, qui sera présenté samedi, de nombreux films auront trait à la vie des Ukrainiens en temps de guerre.
L'Iran, où le réalisateur Jafar Panahi vient d'être libéré sous caution après sept mois de prison, aura aussi une belle place dans une Berlinale qui se veut le porte-voix des artistes en résistance. Samedi, une montée des marches exceptionnelle est prévue, en solidarité avec les Iraniens.
"Cette année, plus que jamais, faire partie de la Berlinale signifie soutenir ceux qui se battent pour exprimer leurs idées, et ceux qui refusent de se soumettre à une version conformiste de la réalité qui dicte ce qui peut et doit être dit", a déclaré Carlo Chatrian.
Kristen Stewart, plus jeune présidente du jury
"En réponse à un monde qui s'écroule autour de nous (...) c'est une énorme opportunité de pouvoir mettre en valeur des choses magnifiques", a affirmé de son côté Kristen Stewart, présidente du jury, lors de la conférence de presse inaugurale à Berlin jeudi matin.
L'actrice américaine de 32 ans, est la plus jeune présidente de jury du 73e festival berlinois, le troisième en Europe derrière Cannes et Venise.
Celle qui est passée de la série "Twilight" au cinéma indépendant, chez Olivier Assayas notamment, aura à ses côtés un jury majoritairement féminin avec, entre autres, l'actrice iranienne exilée en France Golshifteh Farahani, vue à Hollywood notamment dans "Paterson", ou encore l'Espagnole Carla Simon, lauréate de l'Ours d'or 2022 avec "Nos soleils".
19 films en compétition
Le jury devra départager 19 films en compétition, avant la cérémonie de remise des prix le 25 février. Parmi ces films, "Manodrome", avec Jesse Eisenberg ("The social network") et Adrien Brody ("Le pianiste"), un film sur un chauffeur de VTC bodybuildé et ses "désirs refoulés", ou encore un biopic sur la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, incarnée par l'actrice luxembourgeoise, Vicky Krieps.
Trois films français sont en lice: "Sur l'Adamant" de Nicolas Philibert, documentariste d'"Etre et avoir", qui replonge dans le milieu de la psychiatrie après "La moindre des choses", "Le grand chariot" de Philippe Garrel, avec ses trois enfants, Louis, Esther et Léna et "Disco Boy", de l'Italien Giacomo Abbruzzese, sur la Légion étrangère, long métrage coproduit majoritairement par la France.
Deux films suisses en lice pour l'Ours d'or
Treize films et coproductions suisses sont proposés à la Berlinale cette année dont deux films en compétition internationale pour décrocher l'Ours d'or.
Tout d'abord le long métrage "Ingeborg Bachmann - Reise in die Wüste", produit par Katrin Renz et réalisé par Margarethe von Trotta, qui a reçu en décembre à Reykjavik un European Film Award pour l'ensemble de son œuvre, indique Swiss Films.
Ingeborg Bachmann est une des poétesses les plus importantes de la littérature allemande, tandis que les œuvres de l'écrivain suisse Max Frisch sont devenues des classiques. Lorsqu'ils se rencontrent en 1958, ils tombent éperdument amoureux, deviennent le couple le plus célèbre du monde littéraire allemand et commencent une relation explosive. Des années plus tard, Ingeborg Bachmann ne peut toujours pas se défaire du souvenir de cette période passionnée mais difficile.
Deuxième film suisse en compétition internationale, la coproduction franco-suisse "Le grand chariot" de Philippe Garrel. Dans ce long métrage, coproduit par Joëlle Bertossa (Close Up Films, Genève), la caméra a été dirigée par le Tessinois Renato Berta. Trois frères et sœurs, un père et une grand-mère tiennent un théâtre de marionnettes ambulant. Lorsque le père meurt pendant une représentation, les membres restants de la famille tentent de maintenir son héritage en vie.
afp/ats/aq