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"Le serment de Pamfir", un film ukrainien incarné à l'image virtuose

Image du fil "Le Serment de Pamfir" de Dmytro Soukholytky-Sobtchouk [Condor Films]
Débat cinéma / Vertigo / 23 min. / le 22 février 2023
En Ukraine, Pamfir retrouve sa femme et son enfant après de longs mois d’absence. Peu après, son fils se trouve mêlé à l'incendie d'une église, et Pamfir contraint de réparer le préjudice. Avec "Le serment de Pamfir", son premier film, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk signe un prodigieux drame familial.

En 2013, le cinéaste ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk sort diplômé de l’Université nationale de Kiev en section Théâtre, Cinéma et Télévision. Il réalise comme projet de fin d'études un documentaire puissant appelé "Krasna Malanka". Le film raconte l'existence des habitants du village de Krasna alors qu'ils préparent avec révérence la "Malanka", un carnaval païen où chacun doit créer sa part du spectacle.

Tourné dans une zone frontalière méconnue entre la Roumanie et l'Ukraine, le cinéaste ukrainien rencontre de nombreux jeunes hommes exerçant la contrebande illégale et le trafic. Des histoires de vies hors-normes dont son premier long métrage, "Le serment de Pamfir", s'inspire largement.

Un film sur la défiance

Après de longs mois d'absence, le personnage de Pamfir retourne auprès de sa femme Olena et de son fils Nazir. Néanmoins et peu après son retour, son fils, désespéré à l'idée de voir son père partir à nouveau, brûle intentionnellement une église afin de le "forcer" à rester. Et il reste, sauf que, obligé de rembourser les frais des dégâts causés par le feu, le père se voit forcé de s'associer à la mafia locale.

"Le serment de Pamfir" est un drame familial en milieu rural où se joue, à la manière d'une tragédie grecque, l’histoire d’un homme ordinaire. Celle de Pamfir qui, poussé par un évènement dramatique, transgresse tout un ensemble de règles morales et de lois afin d'offrir un meilleur avenir à sa progéniture.

Pour Philippe Congiusti, critique de cinéma à la RTS, cette oeuvre est avant toute chose "un film sur la défiance, car Pamfir est le seul homme de son village à défier non seulement Dieu mais aussi le mafieux local. Le protagoniste principal souhaite assurer un bon avenir à son fils et pour lui, cela passe par l'éducation, pas par la croyance religieuse."

Une scène du film "Le Serment de Pamfir" de Dmytro Soukholytky-Sobtchouk. [Condor Films]
Une scène du film "Le Serment de Pamfir" de Dmytro Soukholytky-Sobtchouk. [Condor Films]

Des images virtuoses

Hormis le jeu délicat et réussi des acteurs tels que d'Oleksandr Yatsentyuk qui interprète Pamfir avec une rigueur exemplaire, Solomiia Kyrylova, dans le rôle de sa femme Olena ou encore Stanislav Potiak qui incarne le fils, Nazar, les images du film sont virtuoses et ce sont elles qui, d'entrée de jeu, scotchent le regard du spectateur.

Une volonté du réalisateur ukrainien qui s'en explique dans le dossier de presse du film: "J'ai demandé à mon chef opérateur Nikita Kuzmenko de regarder les toiles du Caravage et de les garder en tête. Je lui ai aussi demandé d’être audacieux dans le choix des couleurs. Nous avions notre propre palette chromatique. Car 'Pamfir' est une histoire familiale: elle est chatoyante, avec des couleurs extrêmement chaudes et riches."

Layla Shlonsky

"Le serment de Pamfir" de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, à voir actuellement dans les salles romandes.

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