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"La syndicaliste", thriller paranoïaque au coeur du nucléaire français

Isabelle Huppert dans "La syndicaliste" de Jean-Paul Salomé. [Le Bureau Films - Guy Ferrandis]
Isabelle Huppert joue "La syndicaliste" / Vertigo / 6 min. / le 28 février 2023
Réalisé par Jean-Paul Salomé, "La syndicaliste" raconte l'histoire vraie de Maureen Kearney (Isabelle Huppert), déléguée syndicale chez la multinationale française du nucléaire Areva qui devient une lanceuse d'alerte pour dénoncer un contrat secret avec la Chine.

Alors qu'elle travaille sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français, Maureen Kearney, incarnée par Isabelle Huppert, est violemment agressée chez elle par un groupe d'hommes cagoulés. Bâillonnée, elle est ligotée, violée, un "A" est tracé sur son ventre avec un couteau. Dès lors, le film revient en arrière et décrit le combat de cette syndicaliste du groupe nucléaire Areva qui cherche à alerter au sujet d'un contrat secret entre la France et la Chine.

En plus des pressions médiatiques, économiques et politiques, Maureen Kearney se retrouver accusée d'avoir fabriqué de toutes pièces sa propre agression, dont les enquêteurs ne retrouvent aucune trace. C'est le destin de cette femme prise dans une spirale kafkaïenne que raconte le film, qui démarre comme un film politico-économique sur le milieu du nucléaire avant de se muer en thriller paranoïaque et féministe avec une Isabelle Huppert blonde, presque hitchcockienne.

Une histoire invraisemblable

Cette affaire sordide qui date de 2012 a été racontée dans un livre que Jean-Paul Salomé adapte ici en long métrage. "Lorsque j'ai lu le livre, en raison de ce qu'il arrive à ce personnage et à ce qu'on lui a fait vivre, j'ai eu l'impression d'être dans une dictature, alors que tout cela s'est passé en France sous la présidence de François Hollande. Non seulement Maureen Kearney a vécu ce qu'elle a vécu, mais ensuite sa parole a été remise en cause. Il y a une cascade de choses invraisemblables qui m'ont sidéré, révolté et ému. Ce sont toutes ces émotions que j'ai essayé de mettre dans le film", livre le réalisateur à la RTS.

Ce film à suspense décrit les rouages politiques et l’oppression de la justice, mais s’attache aussi à dépeindre cette femme, ses failles et son combat. "Dans la première partie du film, dans son rôle de lanceuse d'alerte, elle est une sorte de guerrière, de Jeanne d'Arc d'aujourd'hui qui va à la bataille avec une certaine foi, une innocence, peut-être une volonté de la mission qui l'entraîne", reprend Jean-Paul Salomé.

Isabelle Huppert et Yvan Attal  dans "La syndicaliste" de Jean-Paul Salomé. [Le Bureau Films - Guy Ferrandis]
Isabelle Huppert et Yvan Attal dans "La syndicaliste" de Jean-Paul Salomé. [Le Bureau Films - Guy Ferrandis]

Violence et pouvoir

Véritable portrait d’une femme engagée, le film dénonce en filigrane le fléau des violences sexistes au sein des sphères masculines du pouvoir. "Elle se retrouve confrontée à des situations extraordinairement sexistes, elle est humiliée, aussi dans son corps. Innocente, Maureen Kearney ne mesure pas non plus l'enjeu politique, elle livre un combat social. Rien ne la laissait soupçonner qu'elle allait en arriver là", souligne de son côté l'actrice Isabelle Huppert, qui tient le rôle principal.

En général, le cinéma est réussi quand il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses.

Isabelle Huppert

La vérité reste inconnue

Maureen Kearney a dû se battre comme une furie pour prouver son innocence. Mais si la parole de cette lanceuse d’alerte a enfin été entendue, les personnages publics mis en cause, eux, n’ont jamais été inquiétés. Et la vérité sur cette affaire n’est toujours pas établie.

Sujets radio: Rafael Wolf, Virginie Langerock

Sujet TV: Julie Evard

Adaptation web: mh

"La syndicaliste", de Jean-Paul Salomé, à découvrir actuellement sur les écrans romands.

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