Le grand public avait découvert Nicolas Philibert avec "Être et avoir", un documentaire présenté à Cannes en 2002 qui suivait durant une année scolaire une classe réunissant des enfants entre 4 et 11 ans et qui a connu un immense succès.
Formé sur le tas en travaillant aux côtés de réalisateurs comme les Suisses Alain Tanner ("Le milieu du monde") et Claude Goretta ("Pas si méchant que ça"), le documentariste français réussit, dans chacun de ses films, à plonger les spectatrices et spectateurs dans des univers singuliers. Que ça soit dans le monde du cyclisme ("Vas-y Lapébie", 1988), celui des malentendants ("Le pays des sourds", 1992), les coulisses de Radio France ("La Maison de la Radio", 2013) ou encore dans un institut de formation en soins infirmiers ("De chaque instant", 2018).
"L'Adamant", un bateau-hôpital
Son nouveau documentaire, "Sur L'Adamant", a reçu en février dernier l'Ours d'or, l'une des distinctions les plus prestigieuses du monde du cinéma.
Unique en son genre, "L'Adamant" est un hôpital psychiatrique de jour situé sur une péniche amarrée sur les quais de la Seine à Paris. Il accueille des personnes souffrant de troubles psychiques en leur offrant un cadre de soins qui leur permet de se structurer dans le temps et dans l’espace et de faire le lien avec le monde qui les entoure.
Casser les clichés
"Je voulais casser cette image que l'on a tous des patients de la psychiatrie, qui sont éternellement considérés à travers la question de leur prétendue dangerosité, alors que l'immense majorité d'entre eux sont inoffensifs, bien souvent lucides et pour certains très drôles et très cultivés. Et pourtant, ces personnes sont toujours mises à l'écart", expliquait le réalisateur à la RTS en mars dernier, de passage à Genève pour présenter son film au Festival international du film et forum international sur les droits humains (FIFDH).
Sans voix off, scrutant les visages des patients accueillis chaque jour dans cette structure où une grande liberté leur est laissée, le documentaire montre une psychiatrie à taille humaine.
"Sur L'Adamant, on essaie de considérer les patients dans leur singularité, sans chercher à les faire réintégrer les rangs de la normalité, un concept qui est éminemment discutable", explique encore le réalisateur de 72 ans, qui avait déjà consacré un film au monde de la psychiatrie en 1996 avec "La moindre des choses".
Premier volet d'un triptyque
Premier volet d'un triptyque, "Sur L'Adamant" sera complété par un documentaire tourné dans des unités intra-hospitalières d'Esquirol (Charenton) et d'un troisième film qui regroupera des visites à domicile effectuées par des soignants.
Entièrement autonomes les uns des autres, ces trois documentaires de Nicolas Philibert consacrés à la psychiatrie auront néanmoins en commun certains protagonistes.
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente
"Sur l'Adamant", documentaire de Nicolas Philibert, à voir actuellement dans les salles romandes.
Article publié une première fois le 16 mars 2023. Mis à jour le 1er mars 2023.