Créée en 2014, la justice restaurative est un espace de dialogue de nature à offrir aux personnes impliquées souffrant des répercussions du crime la possibilité de se rencontrer pour en questionner le "pourquoi" et le "comment".
Long métrage réalisé par Jeanne Herry, "Je verrai toujours vos visages" dévoile ces moments de rencontres dont le but est de permettre aux victimes de se reconstruire et aux agresseurs de comprendre leurs actes. Dans le film, il est question de violence, mais aussi de la naissance d'un dialogue et de la renaissance des victimes.
Une fiction pour rendre compte de l'intensité
Dans "Je verrai toujours vos visages", comme elle l'avait fait dans "Pupille", son premier long-métrage sorti en 2018, la cinéaste française éclaire un endroit du réel peu connu qui propose des outils porteurs d'espoir. Pour y arriver, elle s'est beaucoup documentée et a été aidée notamment par une animatrice en justice restaurative.
J'aime travailler sur l'intensité, la tension. Ce terrain de jeux que m'offrait la justice restaurative était une belle promesse.
Si le film ressemble à un documentaire, il s'agit bel et bien d'une fiction. "Je ne suis pas documentariste. J'adore les documentaires, mais ce n'est pas du tout ce que je sais faire et ce que j'ai envie de faire. Dans les documentaires, il manque les deux choses qui me passionnent le plus dans mon travail: un scénario et des acteurs", admet Jeanne Herry interrogée par la RTS.
Le dialogue comme personnage principal
Les dialogues, les visages et les voix sont la matière première de "Je verrai toujours vos visages". "Le dialogue, c'est l'action principale des personnages dans le film. Ce n'est pas du tout du bavardage, c'est vraiment du dialogue, c'est coûteux, c'est se raconter, trouver les bons mots. C'est un verbe qui est action et parfois émotion", souligne la réalisatrice.
Pour son film, Jeanne Herry a profité de l'expérience et des rencontres de ceux qui font la justice restaurative, mais aussi de victimes. Elle a suivi aussi quelques formations avant d'écrire, mais n'a pas pu assister à des séances. En découvrant la justice restaurative, Jeanne Herry savait qu'elle avait trouvé un "trésor" pour faire une fiction: "La justice restaurative, c'est réparer les êtres, ça ne s'occupe pas de l'objectivité des faits, mais de la subjectivité des gens: qu'est-ce qu'ils ont vu, qu'est-ce qu'ils ont ressenti, qu'est-ce qu'ils ont vécu...".
Au casting de ce film choral, Adèle Exarchopoulos, Leïla Bekhti, Elodie Bouchez, Gilles Lellouche, Denis Podalydès, Miou-Miou ou encore Fred Testot. Des acteurs connus, mais aussi des moins connus au service d'un film bouleversant qui parle des gens, de la puissance des liens, de la violence, mais aussi de la compréhension et de l'écoute de l'autre.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: Lara Donnet
"Je verrai toujours vos visages", de Jeanne Herry, avec Adèle Exarchopoulos, Leïla Bekhti, Elodie Bouchez, Gilles Lellouche, Denis Podalydès et Miou-Miou. A voir actuellement dans les salles romandes.
Où en est-on en Suisse avec la justice restaurative?
Le film "Je verrai toujours vos visages" de la Française Jeanne Herry, à voir en ce moment dans les cinémas romands, met en lumière la justice restaurative et son fonctionnement.
Si elle est déjà bien implantée en France, qu'en est-il en Suisse? La médiatrice et formatrice Anne Catherine Salberg a résumé la situation mardi dans l'émission Forum de la RTS.