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"Les gardiens de la galaxie vol.3", la merveille de Marvel

"Les gardiens de la galaxie 3". [Marvel Studios]
Débat cinéma / Vertigo / 20 min. / le 3 mai 2023
Dans cette dernière aventure de la bande de super-héros la plus punk du MCU (Marvel Cinematic Universe), le réalisateur James Gunn hisse Rocket, le raton laveur génétiquement modifié, au rang de protagoniste principal. Un épisode spectaculaire qui insuffle du corps, du cœur et de l’âme.

Spleen, quand tu nous tiens! L’entrée en matière de ce troisième volet des "Gardiens de la galaxie" a de quoi détonner dans l’univers morne et désincarné du MCU (Marvel Cinematic Universe). Un plan-séquence suit Rocket, le raton laveur mutant, qui déambule dans les allées de Nulle-Part, le QG des Gardiens, un walkman sur les oreilles diffusant "Creep" de Radiohead.

L’errance mélancolique de la bestiole incorpore au passage ses autres camarades Drax, Mantis, Nebula et Groot, alors que Peter Quill noie son chagrin dans l’alcool: sa dulcinée, Gamora, morte dans "Avengers: Endgame", est revenue sous une forme alternative qui n’a aucun souvenir de leur idylle passée.

Un blockbuster antispéciste

Passé ce préambule brillant qui pose Rocket comme le héros de cette histoire, les Gardiens se retrouvent confrontés à Adam Warlock, créature crétine, mais surpuissante, alors que le grand méchant de l’intrigue, le Maître de l’évolution, un scientifique fou qui expérimente tous azimuts sur les formes animales dans le but de créer une espèce parfaite, cherche à récupérer Rocket, dont il est le créateur.

Respectant le cahier des charges Marvel durant les deux heures trente suivantes, "Les gardiens de la galaxie vol. 3" n’en trouve pas moins une singularité salutaire et réjouissante. Déjà, les multiples flashbacks qui dévoilent le passé de Rocket, les opérations monstrueuses que le Maître de l’évolution lui a fait subir, son amitié avec trois autres animaux mutants, s’avèrent passionnants et lestés d’une émotion que l’on a rarement ressentie devant une production Marvel. James Gunn souligne par ces scènes son propos furieusement antispéciste, dénonçant à la fois l’expérimentation animale et encourageant à respecter toutes formes de vies.

Rocket, le raton laveur mutant, dans "Les gardiens de la galaxie vol.3". [Marvel Studios - Marvel Studios]
Rocket, le raton laveur mutant, dans "Les gardiens de la galaxie vol.3". [Marvel Studios - Marvel Studios]

Gamora aux toilettes

Soutenu par une mise en scène lisible et tenue, le cinéaste s’attache par ailleurs à contraster l’aspect globalement numérique et artificiel de son film par un recours à l’organique, au trivial, ramenant sans cesse ses personnages à un degré pour ainsi dire ordinaire. Le simple fait de filmer Gamora aux toilettes (du jamais vu) ou Quill lançant le premier "Fuck" de l’histoire du MCU révèle autant le caractère irrévérencieux et mal-élevé de James Gunn que l’envie de rendre cette bande de personnages cabossés la plus proche possible de nous. Quant à ce laboratoire galactique entièrement constitué de matière organique, il donne lieu à une séquence gluante à souhait dont la matérialité dégoulinante amène un peu de corps dans cet univers factice.

Éloge du groupe, de l’altérité, et du vivant au sens large, "Les gardiens de la galaxie vol.3" équilibre à la perfection l’aspect tragique et freudien de son récit, l’humour régressif, l’action ébouriffante, tout en portant sur sa galerie de "freaks", de "monstres", un regard d’une humanité vibrante. Le tout s’achevant sur l’énergie contagieuse du "Badlands" de Bruce Springsteen, note ultime de cet épisode final spectaculaire et jubilatoire qui ne nous avait pas préparés à autant de corps, de cœur et d’âme.

Rafael Wolf/olhor

"Les gardiens de la galaxie vol.3" de James Gunn, avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Karen Gillan, Dave Bautista. A voir actuellement dans les salles romandes.

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