Jean-Pierre Darroussin: "Le cinéma est un artisanat qu'il faut préserver"
Son visage, sa voix et son talent marquent le théâtre et le cinéma français depuis plus de quarante ans. Avec plusieurs nominations aux Oscars et aux Molières, Jean-Pierre Darroussin est cette année à l'affiche de trois films et d'une tournée théâtrale qui passera par la Suisse.
Jacques fut son premier rôle dans le film Psy, celui de Dany dans Mes meilleurs copains l'a fait connaître du grand public. Souvent trop mous, trop naïfs, trop gentils, les personnages qu'interprète Jean-Pierre Darroussin sont des seconds rôles la plupart du temps, comme celui du serveur qui lui vaudra un César en 1997.
L'acteur est particulièrement prolifique: il a à son palmarès une centaine de films, une quinzaine de pièces de théâtre, mais aussi un film à succès, Le Théorème de Marguerite, présenté en avant-première à Cannes. Il y incarne cette fois un prof de maths rigide et vieux jeu, mais avec humanité.
"C'est un personnage qui a de l'amertume, qui n'a pas été reconnu à la hauteur du talent qu'il prétend avoir", explique Jean-Pierre Darroussin. Il campe un rôle qui s'insère dans un registre différent de ceux dont il a l'habitude. "J'ai envie d'aller plus du côté de la naïveté, peut-être même d'aller jusqu'à la perversité. Il y a des personnages plus troubles, plus ambivalents, qui m'intéressent."
Un réalisateur fétiche
La proximité avec les petites gens, il la partage avec le réalisateur Robert Guédiguian. L'ancien militant communiste en fera justement un de ses acteurs fétiches. Cette année encore, Jean-Pierre Darroussin sera à l'affiche d'un de ses films.
"On a toujours eu cette idée d'incarner une troupe, alors que ça n'existe pas, des troupes de cinéma. Pourtant, on en a créé une et on arrive à la maintenir", raconte l'acteur. "Que l'on se connaisse aussi bien nous permet de savoir comment on va collaborer. On est tout de suite en confiance dans le travail. Ça nous permet d'être beaucoup plus disponible l'un pour l'autre."
L'industrie a toujours tendance à grossir et à vouloir phagocyter tout ce qui est de l'ordre de l'artisanat.
Cinéma en danger
Jean-Pierre Darroussin défend un cinéma qui ne doit pas seulement divertir, mais aussi avertir et interroger. Cependant, le cinéma est mal en point. En Suisse par exemple, les entrées sont passées de 120 millions en 2019 à 50 millions en 2021. Pour l'acteur, le cinéma - notamment d'auteur - est en danger.
"L'industrie a toujours tendance à grossir et à vouloir phagocyter tout ce qui est de l'ordre de l'artisanat. L'industrie n'est là que pour fabriquer des produits, donc des choses qui confortent les gens dans ce qu'ils connaissent déjà", déplore l'acteur. "Le cinéma est aussi une industrie de prototype. On essaie de produire des choses nouvelles qu'on va essayer de goûter, des choses différentes. C'est donc nécessaire de préserver cet artisanat."
Sujet TV: Lionel Lloris
Adaptation web: Raphaël Dubois
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