"Certaines personnalités attendues pour recevoir un prix ou défendre un film ne viendront finalement pas au Festival", ont indiqué les organisateurs dans un communiqué.
"Interprétant la grève en cours comme un révélateur des maux qui affligent l'industrie cinématographique contemporaine, le Locarno Film Festival appelle de ses voeux un dialogue constructif entre les parties concernées et respecte la décision des personnalités mentionnées", ont-ils ajouté.
Absences
Ainsi, l'acteur britannique Riz Ahmed n'assistera pas à la remise d'un prix lors de la soirée d'ouverture du festival. Toutefois, la projection en première mondiale du court-métrage "Dammi", du Français Yann Demange, dans lequel il joue aux côtés d'Isabelle Adjani, aura lieu comme prévu.
Par ailleurs, "l'interprète suédois Stellan Skarsgård, qui avait accepté le Leopard Club Award 2023 le 16 juin dernier, a décidé de renoncer à son prix en solidarité avec le mouvement de grève".
Il viendra toutefois à Locarno pour présenter "What Remains", de Ran Huang, mais les autres événements qui prévoyaient sa participation - la cérémonie de remise de prix et sa conversation avec le public - ont été annulés.
Double mouvement social inédit
Par ailleurs, si la projection de Theater Camp (2023) est confirmée et sera présentée par le coréalisateur du film, Nick Lieberman, la coréalisatrice et actrice Molly Gordon et les acteurs Ben Platt et Noah Gavin ne seront eux pas présents à Locarno.
Aux Etats-Unis, les acteurs ont rejoint depuis le 14 juillet les scénaristes déjà en grève, après l'échec des négociations avec les studios sur leurs salaires et des garanties face à l'intelligence artificielle qui, selon eux, menace leur avenir.
>> Lire : Après les scénaristes, les acteurs et actrices d'Hollywood se mettent aussi en grève
Ce double mouvement social est inédit depuis plus de 60 ans à Hollywood.
Le festival de Locarno n'est pas le seul à en subir les effets. La Mostra de cinéma de Venise, qui marque cette année sa 80e édition, a dû annoncer le remplacement de son film d'ouverture par "Comandante" du réalisateur italien Edoardo De Angelis.
Questions pour l'avenir du cinéma
"Les répercussions vont être beaucoup plus grandes que juste Locarno", affirme Max Karli, producteur pour la société Rita Production ("Ma vie de Courgette", "La dérive des continents") dans l'émission Forum de la RTS dimanche. "Acteurs et scénaristes demandent que les 'residuals' soient renégociés, c'est-à-dire la part que ces différents talents vont toucher lorsque les oeuvres sont diffusées. (...) Ces syndicats sont extrêmement puissants, parce qu'ils représentent une énorme proportion des professionnels qui travaillent dans cette industrie", puisque le fait qu'ils puissent toucher cette forme de droits d'auteurs est conditionnée à leur adhésion à un syndicat.
Le risque, pour des syndiqués qui ne participeraient pas à la grève, serait d'avoir une très mauvaise presse, explique Max Karli. "Tout le monde est solidaire: la grève est tout autant à la préparation, au moment de l'écriture, qu'en production avec les acteurs et actrices, qu'en promotion, même pour de grands films comme 'Barbie' ou "Openheimer' dont de nombreuses premières ont été repoussées ou faites sans la présence des acteurs et actrices."
Concernant l'arrivée de l'intelligence artificielle, Max Karli évoque ces programmes déjà utilisés par les grands studios, qui permettent de "scanner" une personne et de la réutiliser plusieurs fois, dans différents films. "Ce que les grévistes demandent aujourd'hui, c'est de commencer à légiférer sur ce qui va se passer (avec ces outils) dans le futur", résume-t-il.
ats/kkub