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Marco Solari: "Mon souhait, c'est que Locarno reste parmi les meilleurs festivals du monde"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Marco Solari, président du 76ème festival du Film de Locarno
L'invité de La Matinale (vidéo) - Marco Solari, président du 76ème festival du Film de Locarno / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 2 août 2023
Le Festival du film de Locarno ouvre ses portes aujourd'hui. Une 76e édition qui est la dernière pour son président Marco Solari, à la tête de la manifestation depuis plus de vingt ans. L'occasion de faire le point et d'imaginer le futur.

Plus de 210 films, dont 17 en compétition pour le Léopard d'or, vont être projetés jusqu'au 12 août lors du Festival du film de Locarno qui débute aujourd'hui. Une 76e édition un peu particulière pour son président Marco Solari, puisqu'elle marque la fin de 23 ans à la tête de l'événement.

Début 2024, il laissera la place à Maja Hoffmann, collectionneuse d'art, mécène bâloise, à la tête de la Fondation Luma à Arles en France. Annoncée il y a quelques jours, sa candidature devra encore être formellement avalisée en septembre par l'assemblée générale du festival.

>> A lire : Maja Hoffmann désignée pour prendre la tête du Festival du film de Locarno

Donner des émotions au public

Depuis plus de vingt ans, Marco Solari imprègne et incarne l'événement tessinois. Il l'a fait grandir, rayonner et entrer dans la liste très sélecte des dix plus grands festivals de cinéma au monde. A quelques heures du coup d'envoi, l'émotion n'est pourtant pas encore palpable chez le Tessinois.

"Je vais rester concentré jusqu'à la dernière minute du dernier jour", explique-t-il dans La Matinale de la RTS. Et après on verra. Est-ce que ça sera un trou noir, un trou gris? Est-ce qu'il y aura un trou? Je ne le sais pas. Pour le moment, c'est la concentration totale afin que toutes les spectatrices et les spectateurs qui viennent à Locarno aient du plaisir et de l'émotion."

Donner de la visibilité au Tessin

Outre en avoir fait un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles, Marco Solari a toujours mis en avant la dimension politique de la manifestation pour la région. "Le festival est bien évidemment avant tout un événement culturel, mais mon idée était aussi qu'il permette de donner plus de force et de visibilité au Tessin, qui a toujours eu un petit complexe d'infériorité. Je pense qu'aujourd'hui avec le festival, mais aussi avec l'Université de la Suisse italienne [qui a ouvert ses portes en 1995], les instituts spécialisés et avec la culture en général, on a donné un nouvel orgueil au canton".

Puis le directeur de souligner qu'il a toujours eu le soutien de la Berne fédérale et une très bonne collaboration avec l'Office fédéral de la culture: "Alain Berset a vu que le festival de Locarno était plus qu'une manifestation culturelle. Qu'elle était d'une grande importante politique pour la Suisse italienne. Et si c'est important pour la Suisse italienne, c'est important pour toute la Suisse."

Au moment de ce premier bilan, Marco Solari relève aussi la portée économique, estimant qu'en vingt ans, le festival "a fait entrer environ 750 millions de francs dans l'économie du canton."

Trouver des partenaires internationaux

Monter chaque année une manifestation de cette envergure demande des ressources financières très importantes. Et trouver le financement reste "un combat essentiel". Pour Marco Solari, la condition première pour y arriver est d'avoir une manifestation de qualité. "Il m'a semblé que ces dernières années c'était plus facile de trouver de l'argent parce que le prestige, le nom et la dimension de Locarno m'ont facilité la tâche".

Pour le président sortant, la prochaine étape est de trouver des partenaires internationaux. "Moi, j'ai dû m'arrêter aux partenaires suisses parce que je n'avais pas le réseau international. Et à presque 80 ans, il faut savoir [reconnaître] qu'on est arrivé à la limite. Il faut savoir mettre la manifestation dans les mains de quelqu'un qui, en toute probabilité, saura affronter cette prochaine étape. Et j'espère naturellement que Madame Hoffmann, qui a le réseau, amènera des partenaires internationaux."

Et Marco Solari de conclure en imaginant le futur: "Parfois je rêve de voir comment sera le Festival de Locarno dans 25 ans. J'espère vraiment qu'il aura maintenu sa position dans les dix plus grands festivals mondiaux. C'est le grand souhait que j'ai, car Locarno, c'est le cinéma qui fait rêver, rire, qui fait pleurer, qui fait réfléchir et qui donne la parole à celles et ceux qui ne l'ont pas."

>> Voir aussi le portrait du 19h30 :

Marco Solari quitte la direction du Festival de Locarno
Marco Solari quitte la direction du Festival de Locarno / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2023

Propos recueillis par: Aleksandra Planinic

Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente

Festival du film de Locarno, du 2 au 12 août 2023

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210 films projetés durant cette 76e édition

Le Festival du film de Locarno débute mercredi soir sur la Piazza Grande. Sur les quelque 210 films projetés jusqu'au 12 août, dix-sept sont en lice pour le Léopard d’or. Dont "Dammi", du Français Yann Demange, dans lequel Riz Ahmed joue au côté d'Isabelle Adjani, en ouverture mercredi soir. Mais l'acteur-vedette britannique, d'origine pakistanaise, ne vient pas recevoir un prix à cause de la grève à Hollywood. On ignore si l'actrice australienne Cate Blanchett sera sur place pour présenter un film dont elle est la productrice : "Shayda", qui s’intéresse au destin d’une mère iranienne et de sa fille, forcées à l’exil.

Le réalisateur britannique Ken Loach ne devrait lui pas faire faux bond à la manifestation locarnaise. Il est annoncé pour la projection de "The Old Oak", son long métrage présenté en mai dernier en compétition à Cannes.

Sur la Piazza Grande, les afficionados pourront encore voir "Continent magnétique" du cinéaste et biologiste français Luc Jacquet ("La Marche de l’empereur") ou "La Voie royale" du Valaisan Frédéric Mermoud après notamment la série "Criminal: France", diffusée sur Netflix.

Un Suisse en compétition internationale

Le réalisateur vaudois et portugais Basil Da Cunha est le seul cette année à défendre les couleurs helvétiques dans la compétition internationale pour le Léopard d'or, dont l'acteur français Lambert Wilson préside le jury. Il poursuit avec son troisième long métrage l'exploration d’un quartier créole de Lisbonne, où il a posé ses valises. "Manga D’Terra" marque son retour en compétition, quatre ans après "O fim do mundo".

Toujours en compétition internationale, on peut signaler le Français Quentin Dupieux avec son délirant "Yannick", le Philippin Lav Diaz (Léopard d’or 2014) ou le Roumain Radu Jude (Ours d’or de la Berlinale 2021).

Côté suisse, une trentaine de films et de co-productions seront proposés dans les différentes catégories du festival. Des courts-métrages de toutes les écoles de cinéma en Suisse seront aussi dévoilés.

En lice dans la catégorie "Cinéastes du présent",15 films, tous en première mondiale dont plus de la moitié (8) sont des œuvres de réalisatrices. Parmi ceux-ci figure "Family Portrait" de la "très talentueuse" Lucy Kerr, une jeune réalisatrice américaine.

ats