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Le film "The Palace" de Polanski a reçu un accueil glacial à la Mostra

Une scène du film "The Palace" de Roman Polanski. [DR - Malgosia Abramowska]
Le dernier Polanski, très contesté, présenté à Venise / Le Journal horaire / 14 sec. / le 2 septembre 2023
Dans le cadre de la Mostra de Venise, "The Palace", dernier film du cinéaste controversé Roman Polanski, a été projeté samedi en l'absence du réalisateur. "Infecte purge", "ratage monumental", "indigeste et laid", l'accueil des critiques a été sans concession.

"The Palace", tourné à Gstaad (BE) en Suisse, se veut une comédie à sketches dans un hôtel de luxe, le soir du Nouvel An 2000. Au générique, quelques noms connus comme Fanny Ardant ou Mickey Rourke, mais aucune star en vogue.

Le film entend rire à gros traits des excès de l'époque, avec une galerie de personnages outrés: oligarques russes, milliardaires insupportables, cliente nymphomane, plombier lubrique. Sans compter un chien, qui finira par s'accoupler avec un pingouin.

Un silence de mort durant la projection de presse

Très loin des grands films de Polanski, auteur du "Pianiste", long métrage sur la Shoah, ou du classique de l'horreur "Rosemary's Baby", cette comédie au budget de 21 millions d'euros a reçu un accueil glacial et embarrassé en projection de presse.

Côté français, Libération parle d'une "infecte purge" réalisée par un "Polanski, au bord de la sénilité", Le Figaro évoque un "naufrage et un "ratage monumental et Télérama "un film indigeste et laid". "Je ne suis pas sûr d'avoir déjà vu un tel silence de mort dans une aussi grande salle de cinéma pendant un film qui faisait autant d'efforts pour être drôle", écrit pour sa part le journaliste de la revue américaine Variety.

Quant à son collègue du journal britannique The Guardian, il commence sa critique par le conseil suivant: "Vous aurez peut-être besoin d'un bon verre pour survivre à l'intégralité du nouveau film de Roman Polanski; vous en aurez peut-être même besoin de plusieurs – tout ce qui peut atténuer la douleur."

Persona non grata à Hollywood

Le cinéaste polonais Roman Polanski au festival de Deauville en 2019. [EPA/Keystone - Julien de Rosa]
Le cinéaste polonais Roman Polanski au festival de Deauville en 2019. [EPA/Keystone - Julien de Rosa]

Si le cinéaste n'a pas fait le déplacement à Venise, cette projection dans le plus ancien et l'un des plus prestigieux festivals du monde avait pris une dimension symbolique forte.

A 90 ans, Polanski est devenu le symbole d'une certaine impunité pour les auteurs de violences sexuelles et l'un des artistes les plus contestés de l'ère #MeToo. Il vit en Europe à l'abri de la justice américaine, qu'il fuit depuis plus de 40 ans après une condamnation pour des relations sexuelles illégales avec une mineure.

Persona non grata à Hollywood, Polanski a vu sa situation basculer en France depuis la polémique autour du César de la réalisation obtenu en 2020 pour "J'accuse", alors qu'il était visé par de nouvelles accusations d'agressions sexuelles.

Sa sélection, ainsi que celle d'un autre artiste mis au ban de Hollywood, Woody Allen, ou de Luc Besson (contre lequel des accusations de viol viennent d'être définitivement écartées par la justice), a été vue par certains comme une provocation.

"Pas de jugement moral"

Interrogé par l'AFP sur cette invitation avant le début du festival, le directeur de la Mostra Alberto Barbera s'est défendu en estimant qu'il fallait faire "la distinction entre l'homme et l'artiste".

Samedi, le producteur italien du film, Luca Barbareschi, est passé à l'offensive. "Nous vivons dans le présent et, dans le présent, ce qui compte c'est la liberté. Il ne faut pas de jugement moral dans l'art", a-t-il déclaré en conférence de presse.

"La Mostra doit être un lieu d'expérimentation, de provocation et de liberté d'expression pour les artistes", a-t-il poursuivi. Le dernier film de Polanski a été "dur" à produire, a souligné Alberto Barbareschi. Selon le média professionnel Hollywood Reporter, "The Palace" a été vendu dans plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne, Israël ou la Belgique.

Mais pas en France ni aux Etats-Unis, a regretté le producteur, qui ne désespère pas d'y distribuer "The Palace" et rappelle que le film précédent, "J'accuse", n'a pas pu sortir dans les pays anglo-saxons. Ces pays "doivent respecter les artistes comme le reste du monde", a-t-il lancé.

D'une manière générale, "je ne comprends pas pourquoi toutes les plateformes comme Paramount, Amazon, Studiocanal ou Netflix passent les films de Polanski tous les jours et font des millions avec, et pourquoi on ne pourrait pas produire un nouveau film de Polanski", a-t-il insisté.

afp/aq

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