Léa Drucker en belle-mère incestueuse dans "L'été dernier" de Catherine Breillat
La cinéaste française Catherine Breillat ("Romance X", "A ma sœur" ou "36 Fillette") a toujours flirté avec la transgression et défié les conventions en abordant crûment les questions de sexualité et de rapports hommes-femmes.
Après dix ans d'absence, elle fait son retour derrière la caméra avec "L'été dernier", un film qui s'empare d'un sujet hautement sulfureux et subversif.
Entre mensonge et manipulation
Anne (Léa Drucker) est une avocate quinquagénaire spécialisée dans les violences faites aux mineurs. Elle mène une existence paisible et bourgeoise auprès de son mari, Pierre (Olivier Rabourdin), et ses deux filles adoptives. Le jour où son beau-fils de 17 ans, Théo (Samuel Kircher), s’installe dans sa maison familiale, Anne entame avec lui une brève liaison passionnelle.
Entre mensonge et manipulation, cette femme, chez qui les blessures du passé affleurent, est prête à tout pour empêcher que cette liaison soit découverte. Dans ce milieu extrêmement bourgeois, sa vie risquerait de s'effondrer. Quant à l'adolescent, il est indéchiffrable: est-il inconscient, fou amoureux, ou bien manipulateur, cherchant à nuire à sa belle-mère?
Polémique à Cannes
Avant même sa projection au dernier Festival de Cannes, le long métrage de Catherine Breilat a été au coeur d'une polémique, certains le taxant d'oeuvre glorifiant le détournement de mineur.
Interrogée à Cannes sur ce point pour l'émission Vertigo, l'actrice Léa Drucker avait répondu: "Je ne suis pas du tout surprise par ces réactions. Il y en aura d'autres. Mais il faut que les gens voient le film pour qu'il puisse y avoir débat. Le cinéma est aussi là pour ça, pour nous secouer et pour créer du débat."
Et l'actrice de préciser: "'L'été dernier' n'est pas du tout une apologie de l'inceste ou d'une relation inter-âge, mais il soulève les questions existentielles d'une femme qui, un peu inconsciemment, cherche à se réparer, elle qui a vécu des choses traumatisantes. Mais en se réparant, elle détruit."
Propos recueillis par Rafael Wolf
Adaptation web: aq avec afp
Un regard complexe sur le consentement et le désir
Remake d’un film danois sorti en 2019, "L’été dernier" décrit avec une précision à fleur de peau l’abandon irraisonné de son héroïne face à un adolescent d’abord arrogant, puis joueur et séducteur.
Sans succomber aux scènes de sexe sulfureuses qui ont fait sa notoriété, Catherine Breillat compose un film de visages, nuancé, sensuel, lumineux, qui creuse les différences générationnelles, quant à l’amour et à la sexualité.
Très beau film porté par Léa Drucker, tour à tour tendre et autoritaire, "L'été dernier" pose un regard complexe sur la question du consentement, de la domination et du désir.
Rafael Wolf