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"Interdit aux chiens et aux Italiens", la déclaration d'amour d'Alain Ughetto à sa famille

Le réalisateur français, Alain Ughetto, signe avec son nouveau film « Interdit aux chiens et aux Italiens » une déclaration d’amour à sa famille. Entretien
Le réalisateur français, Alain Ughetto, signe avec son nouveau film « Interdit aux chiens et aux Italiens » une déclaration d’amour à sa famille. Entretien / 12h45 / 5 min. / le 26 septembre 2023
Prix du jury au Festival du film d’animation d’Annecy l’an dernier, "Interdit aux chiens et aux Italiens" du réalisateur français Alain Ughetto retrace l'exil de ses grands-parents italiens et d’autres familles de migrants grâce à des marionnettes. Un long métrage à la fois intime et universel.

"Interdit aux chiens et aux Italiens" est un long métrage italo-franco-suisse d'Alain Ughetto. Le film retrace l'exil des grands-parents italiens du réalisateur à travers des marionnettes. On suit Luigi Ughetto et ses frères, qui laissent derrière eux leur village d'Ughettera, la terre des Ughetto dans leur Piémont natal, pour aller découvrir "La Merica", ce pays fabuleux où les dollars poussent sur les arbres.

En guise d'Amérique, c'est en Provence que Luigi posera son baluchon. Son histoire, c'est celle de centaines de milliers de migrants italiens qui ont quitté leur patrie pour s'établir en France, en Suisse, en Belgique et partout ailleurs.

"Mon père est mort et je me suis enfin permis de raconter cette histoire"

Alain Ughetto aime le métissage. Il l’a prouvé il y a dix ans déjà avec son premier long métrage intitulé "Jasmine". Un documentaire sur le Téhéran de Khomeiny et sa propre histoire d’amour avec une Iranienne. Une épopée racontée à partir d’image d’archives, de papiers, de films familiaux et de pâte à modeler.

Le réalisateur, César du meilleur court métrage d'animation pour "La Boule" en 1985, raisonne en plasticien. Pour lui, la matière fait lien et la texture des images, les voix donnent corps au film.

Aujourd’hui, Alain Ughetto a fouillé dans son passé pour raconter l’histoire de sa famille qui a traversé des montagnes, mais aussi des guerres en Afrique, puis la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole qui a emporté la moitié de la famille. "Mon père est mort et je me suis enfin permis de raconter cette histoire. Je ne l'aurais pas fait si il était vivant (...) C'est un migrant, il n'aurait pas aimé", explique le réalisateur français à la RTS.

Il y a eu ensuite le départ de la famille en Amérique, avorté, transformé en départ pour l’Ardèche. Puis les naissances de Marie-Cécile en Suisse, de Ida, Irma et Nino en Italie. Puis celles de Marcel, Vincent (le papa du réalisateur) et René, nés en France.

"Cette histoire résonne avec l'actualité"

"Interdit aux chiens et aux Italiens" raconte aussi la montée du fascisme, le tour de France, l’appel du 22 juin 1940 du général de Gaulle. C’est aussi une conversation intime et universelle entre le réalisateur et sa grand-maman, incarnée par la voix d’Ariane Ascaride. Le tout conté en chair et en os, en sucre, en papier et en pâte à modeler.

"Cette histoire résonne avec l'actualité, les migrants sont toujours d'actualité. Mais au départ, je voulais témoigner du parcours d'une famille, pour moi, pour mes enfants, pour les jeunes générations. Quand on sait d'où vient, on est plus apaisé et on peut regarder l'avenir, je crois", indique Alain Ughetto.

Propos recueillis par Julie Evard et Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: olhor

"Interdit aux chiens et aux Italiens" de Alain Ughetto. A voir actuellement dans les salles romandes.

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