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Un biopic ambitieux sur l'Abbé Pierre dévoile l'homme derrière l'icône

Dans un biopic de Frédéric Tellier, Benjamin Lavernhe incarne sans fard l’Abbé Pierre et sa vie de combats
Dans un biopic de Frédéric Tellier, Benjamin Lavernhe incarne sans fard l’Abbé Pierre et sa vie de combats / 19h30 / 2 min. / le 8 novembre 2023
"L'Abbé Pierre - Une vie de combats" du réalisateur français Frédéric Tellier est l'un des films événements de cette fin d'année. Et pour endosser la soutane de l'Abbé, un Benjamin Lavernhe magistral.

Né dans une famille aisée, Henri Grouès a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l'Assemblée nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale. La création d'Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l'hiver 1954 ont fait de lui une icône.

Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. Révolté par la misère et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, Henri Grouès a eu mille vies et a mené mille combats. Il a marqué l'Histoire sous le nom qu'il s'était choisi: l'Abbé Pierre.

Dans ce biopic ambitieux, le réalisateur Frédéric Tellier a choisi le comédien de la Comédie-Française Benjamin Lavernhe ("Le sens de la fête", "Le discours", "Jeanne du Barry") pour reprendre le rôle de l'Abbé Pierre, déjà interprété à l'écran par Lambert Wilson dans "Hiver ‘54" en 1989. "J'avais l'impression que ce rôle allait me faire grandir comme acteur, me rendre meilleur acteur et même meilleur humain. C'est une expérience unique", explique le comédien à la RTS.

Un homme fait de paradoxes

L'Abbé Pierre a longtemps été la personnalité préférée des Français. Il fascine le commun des mortels, et le cinéma aussi. Quand le biopic de 1989 s'attachait à raconter un épisode particulier de la vie de l'Abbé Pierre, le terrible hiver 1954, le film de Frédéric Tellier, retrace quant à lui toute son existence et s'emploie à chercher l'homme derrière l'icône.

"Faire un film sur lui, c'était une manière de parler de notre époque, de s'interroger sur l'état du monde. Ce que j'ai découvert m'a fasciné, m'a donné envie de faire ce film et de raconter cette vie incroyable qu'on ne connaît pas du tout", raconte à la RTS le réalisateur.

J'avais l'envie de parler de l'être humain, du petit bonhomme qui est derrière la grande légende

Frédéric Tellier, réalisateur

"L'Abbé Pierre - Une vie de combats" dévoile un homme fait de paradoxes, à la fois tendre et colérique, inadapté au monde et capable de le changer, humble et en même temps orgueilleux. Entre le bourgeois, le prêtre, le résistant, le député, l'humaniste et l'icône médiatique, le film montre les multiples facettes et les nombreuses vies de cet homme fascinant.

>> A écouter, l'interview de Benjamin Lavernhe dans Vertigo :

Benjamin Lavernhe brille dans le film "Lʹabbé Pierre – une vie de combats" de Frédéric Tellier. [JMH Distribution - Jérôme Prébois]JMH Distribution - Jérôme Prébois
Benjamin Lavernhe brille dans "Lʹabbé Pierre–une vie de combats" / Vertigo / 6 min. / le 7 novembre 2023

Propos recueillis par Rafael Wolf et Julie Evard

Adaptation web: Lara Donnet

"L'Abbé Pierre - Une vie de combats" de Frédéric Tellier, avec Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz. A voir actuellement dans les salles romandes.

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L'avis de nos critiques

Le biopic de 2h20 sur ce personnage fascinant montre l'Abbé Pierre dans toute sa complexité. "On voit même certains moments, pour être sûr de ne pas faire preuve d'hagiographie, les propos problématiques, un peu antisémites et révisionnistes qu'avait tenus l'Abbé Pierre à l'époque", souligne Rafael Wolf, critique cinéma pour la RTS.

Mais pour le critique, si "L'Abbé Pierre - Une vie de combats" est historiquement très complet, le film enchaîne toutefois les séquences de vie de façon chronologique sans vraiment proposer de variations d'intensité. "C'est vraiment une sorte de mille-feuilles qui ne veut pas oublier la moindre partie de la vie foisonnante de cet homme".

Pour Rafael Wolf, le film n'échappe à aucun écueil du biopic. Un avis que partage la critique de cinéma Judith Beauvallet qui ajoute que pour elle, Benjamin Lavernhe se retrouve prisonnier dans une performance très technique. Malgré tout, le film ose porter des messages politiques qui méritent d'être remis sur le devant de la scène: "Le biopic parvient même à devenir un film engagé et j'ai trouvé cela plutôt agréable", souligne Judith Beauvallet.