"Vincent doit mourir", film déjanté et déroutant sur la violence de la société

Homme banal et sans histoires, Vincent voit sa vie basculer du jour au lendemain. Lors d'une réunion de travail, il croise un nouveau stagiaire et le vanne. Quelques minutes plus tard, celui-ci le fixe dans les yeux et lui fracasse le crâne avec son ordinateur portable.

A peine soigné, Vincent se fait ensuite agresser par le comptable de la même société. Son calvaire continue dans la rue où chaque personne croisée est prise d'une indicible envie de le tuer. Vincent décide alors de fuir et de changer de mode de vie.

Fluidité des genres

Vincent doit mourir. Mais pourquoi lui? Qu'a-t-il fait pour mériter cela? Est-il le seul? Du stagiaire au voisin en passant par une simple conductrice ou des clients de supermarché, tous veulent l'assassiner. L'espoir renaît, partiellement, lorsqu'il croise Margaux, une serveuse de fast-food qui tombe amoureuse de lui. Seul hic, elle aussi a parfois envie de l'abattre, en particulier dans les moments d'intimité.

Survie, paranoïa, burlesque, comédie, "Vincent doit mourir" mélange allégrement les genres. Récompensé au Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) en juillet dernier, ce film a totalement bluffé Philippe Congiusti, critique cinéma à la RTS: "On navigue entre franches rigolades et malaises profonds. Dès les premières images, on devine qu'on va découvrir un spectacle inhabituel".

Un film "sale" et réaliste

Comédien et cinéaste, Stéphan Castang a d'abord réalisé plusieurs courts métrages avant de se lancer dans "Vincent doit mourir". Dans ce premier long métrage, le climat hostile est filmé de manière très réaliste, voire "sale". Un terme cher aux yeux du réalisateur. A l'instar de cette scène où Vincent se bat violemment avec un facteur dans une fosse septique géante. Ici, la violence est d'autant plus déroutante qu'elle est pratiquée par monsieur et madame Tout-le-monde.

Dans "Vincent doit mourir", les combats sont gauches, maladroits, pas du tout stylisés ou chorégraphiés. Une envie de réalisme défendue par Stéphan Castang que l'on retrouve également dans les scènes érotiques: "Les scènes d'amour au cinéma m'ennuient souvent. Ça baise comme jamais ça baise. Il y a un saxophoniste au fond et on se demande ce qu'il fout là, ironise le réalisateur dans l'émission Vertigo du 14 novembre. Et puis c'est hyper sérieux. On n'a pas envie de faire l'amour comme ça. Alors que le sexe, c'est des rires, de la maladresse, de la douceur".

Sujet radio: Philippe Congiusti

Adaptation web: Sarah Clément

_{"Vincent doit mourir" de Stéphan Castang, avec Karim Leklou et Vimala Pons. A voir dans les salles romandes depuis le 15 novembre 2023.}