59 éditions des Journées de Soleure. Et dans l’histoire du grand raout du cinéma helvétique, c’est la première fois que le prix d’honneur du festival est attribué à une costumière. Elle s’appelle Anna Van Brée. Cinéma et télévision lui doivent beaucoup. Le théâtre aussi. Et pas que du côté textile.
Avec ce prix, Anna Van Brée inscrit son nom dans un tableau d’honneur où l’on retrouve des personnes œuvrant dans les coulisses du cinéma suisse. Le dernier lauréat était ainsi André Pinkus, chef électricien. Côté romand, on y trouve aussi Antoine Jaccoud, scénariste ou encore le duo Francine Pickel et Vincent Adatte, de la "Lanterne magique", programme d’initiation au cinéma pour les plus jeunes ou encore feu Freddy Buache de la Cinémathèque suisse.
On ne confondra donc pas ce prix avec le Prix d’honneur du cinéma suisse. Ce Graal de la profession helvétiques avant tout décerné aux grands noms de la profession en tête d’affiche, les Godard, Tanner et autres Goretta.
Au cinéma comme au théâtre
Costumière, profession majoritairement féminine, Anna Van Brée, 59 ans, l’exerce aux côtés d’une Ursula Meier (ses films "L’enfant d’en haut", "Home", ou plus récemment "La ligne"), de Bruno Deville ("Espèce menacée", à venir sur nos écrans de télévision), de Jakob Berger ("Cellule de crise"), de Delphine Lehericey ("Les indociles") ou encore du duo Stéphanie Chuat & Véronique Reymond ("Petite soeur"). La liste est trop longue pour être intégralement citée.
On pourrait aussi parler de ces collaborations sur les plateaux de théâtre romands, avec la Brésilienne Christiane Jatahy, Julien Mages ou encore Marika Dreistadt pour le formidable spectacle "Irina". Là aussi la liste est longue, très longue.
Création de ses propres spectacles
Formée en stylisme à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, passée par l’INSAS à Bruxelles pour y apprendre les rudiments de la mise en scène, Anna Van Brée a créé ses propres spectacles.
Le dernier date de 2016, il avait marqué son public. "Les ogres" reliait deux morts d’enfants ayant un lien direct avec la vie d’Anna Van Brée. Raccourci saisissant entre une bombe allemande qui s’abat en 1944 sur une maison de campagne et ce skinhead raciste tuant des passants sur son chemin en 2006. Deux vies massacrées qui n’ont pu se déployer et une armoire de questions.
Au-delà de ce prix bienvenu, on attend, on espère bientôt, des nouvelles de la bien nommée Compagnie belgosuisse d’Anna Van Brée, costumière qui a décidément de l’étoffe.
Thierry Sartoretti/olhor