La réalisatrice de 33 ans, née à Morges et formée à Zurich puis Cologne, décroche ainsi, avec son premier long-métrage, le prix du cinéma le mieux doté de Suisse (60'000 francs).
Le film raconte l'histoire de deux demandeurs d'asile déboutés qui revivent de manière fictive leur audition par des fonctionnaires du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Des requérants originaires du Nigeria, du Cameroun, d'Afghanistan et d'Inde commencent alors à raconter leur histoire.
Militante de longue date dans le domaine de l'asile, Lisa Gerig pénètre ainsi au cœur, méconnu, du système d'accueil helvétique. Elle a fait des recherches sur la procédure d'asile pendant quatre ans avec comme point de départ une citation tirée des "Entretiens sur les réfugiés" de Bertolt Brecht: "Le passeport est la partie la plus noble d'un être humain".
Les "vrais Suisses" de l'armée
Le Prix du public, assorti de 20'000 francs, est décerné cette année à "Des vrais Suisses" de Luka Popadić, 43 ans. Dans son documentaire, le cinéaste et capitaine de l'armée suisse regarde la "grande muette" à travers les yeux de Saâd, Thuruban, Andrija et de lui-même: des officiers suisses d'origine serbe, sri-lankaise et tunisienne.
De longue date, des personnes de cultures différentes servent dans l'armée suisse, et la cohabitation s'organise. Le film a été coproduit par la RTS et la SRF.
Un quartier de Lisbonne et une crevette métaphorique
Le prix du meilleur court métrage de 10'000 francs revient à "2720" de Basil Da Cunha. Une fillette de sept ans vit dans le quartier de Reboleira à Lisbonne et tente de retrouver son frère aîné disparu après une descente de police.
Tourné dans le même quartier et aussi projeté à Soleure, le troisième long métrage du réalisateur de 38 ans binational suisse et portugais, "Manga d'terra", avait concouru en compétition internationale à Locarno l'été dernier.
Le prix du meilleur film d'animation, également assorti de 10'000 francs, revient à "Crevette" d'Elina Huber (Zurich), Noémi Knobil (Lausanne), Jill Vágner (Zurich) et Sven Bachmann (Bâle), élèves en bachelor animation de la Haute école lucernoise (HSLU). Ce court-métrage en 2D, co-produit par la SRF, raconte sous forme métaphorique la peur de tomber enceinte. Il a aussi été sélectionné pour le prix du cinéma suisse dans la cartégorie "Meilleur film de fin d'études".
Les 59e Journées de Soleure se terminent sur cette remise de prix. Pendant une semaine, les cinéphiles ont pu découvrir près de 200 films toutes catégories confondues.
ats/jop