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À Locarno, le cinéma suisse questionne aussi son rapport au harcèlement et aux violences sexistes

La question du harcèlement et des agressions dans le cinéma suisse s'invite à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
La question du harcèlement et des agressions dans le cinéma suisse s'invite à Locarno / La Matinale / 1 min. / hier à 06:25
Alors que plusieurs témoignages ont été relayés ces derniers mois, la question du harcèlement dans le milieu du cinéma suisse s'est invitée au Festival du film de Locarno. Malgré de bonnes mesures prises, l'association SWAN dénonce un tabou qui subsiste encore.

Après l'affaire Weinstein qui a éclaté en 2017, puis le #MeToo du cinéma en France lancé entre autres par Judith Godrèche, la parole continue à se libérer un peu partout dans le monde. En Suisse, des témoignages sont apparus sur des cas de harcèlement dans les écoles d’arts ou sur des plateaux de tournages.

La parole des victimes est portée notamment par l’association SWAN (Swiss Women’s Audiovisual Network), qui promeut l'égalité dans l’audiovisuel. Ses membres organisaient dimanche à Locarno leur traditionnelle rencontre. "On organise depuis des années ce networking breakfast dans le cadre du festival", explique la réalisatrice et productrice valaisanne Aylin Gökmen.

"Urgent et nécessaire", malgré les progrès

"Cette année, on a décidé qu'il était urgent et nécessaire de parler de ces cas de harcèlement et d'agressions dans notre milieu, parce que les cas continuent malheureusement de se multiplier malgré les mesures mise en place, comme on a pu le voir notamment dans la presse. Et on nous en rapporte très, très souvent de manière anonyme", expose-t-elle.

Plusieurs mesures ont déjà été prises par la branche qui a instauré, par exemple, la présence de coordinatrices d'intimité ou de personnes de confiance sur les tournages. Des mesures "excellentes" qu'il faut absolument conserver, salue Aylin Gökmen.

Une "charte" en cours d'élaboration

"On collabore avec des institutions suisses, on a un contact excellent avec Cinéforom (la Fondation romande pour le cinéma, ndlr.) et Swiss Films aussi, qui sont vraiment engagés pour la diversité. Et pas que pour la diversité de genre. Donc ça va bouger", se réjouit-elle. "Le problème, c'est qu'en l'état des choses, ces mesures ne suffisent pas. On a encore beaucoup de tabous et de barrières à briser."

Une charte est actuellement en cours d'élaboration, mais aucune date n'a encore été fixée pour sa mise en application. De son côté, le collectif SWAN a invité Judith Godrèche pour la prochaine édition du Festival de Locarno, afin de mettre en lumière ce combat contre le harcèlement.

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Sophie Iselin/jop

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