Agnès Jaoui joue une touchante maman bipolaire dans "La vie de ma mère"

Pierre (William Lebghil), 33 ans, fleuriste à succès, voit sa vie basculer lorsque sa mère Judith (Agnès Jaoui), fantasque et excessive, débarque dans sa vie après deux ans sans se voir et une évasion de la clinique où elle se faisait soigner. Pierre n'a qu'une idée, reprendre le cours normal de sa vie, mais rien ne se passe comme prévu. Leurs retrouvailles, aussi inattendues qu'explosives, vont transformer Pierre et Judith à jamais.

Premier film du réalisateur Julien Carpentier, "La vie de ma mère" permet à Agnès Jaoui de proposer un jeu aux tonalités très versatiles: "C'est difficile, mais c'est tout l'intérêt du rôle et du film. En général, j'aime bien donner des prises très différentes les unes des autres. Après, il faut faire confiance au réalisateur pour doser la chose le mieux possible. J'essaie de m'inspirer des gens que je connais dans la vie et j'ai des amies bipolaires, une en particulier et j'ai beaucoup pensé à elle en interprétant Judith", explique dans l'émission Vertigo du 5 mars l'actrice, scénariste et réalisatrice française qui vient de recevoir un César d'honneur pour sa carrière.

Duo mère-fils attachant

Au fil de "La vie de ma mère", les rôles familiaux s'inversent et Pierre devient en quelque sorte le parent de sa mère Judith qui ne s'est jamais vraiment extirpée de l'enfance. "Quand je vois des jeunes qui ont eu des parents comme ça, ils ont très souvent mûri plus rapidement que les autres. Et de toute façon, il y a un moment où on devient à son tour un peu le parent de son parent et où, surtout, on grandit et l'on se rend compte que son parent n'est qu'un enfant qui a essayé de devenir adulte comme il pouvait", détaille Agnès Jaoui.

Dans ce film en forme de road movie où la musique tient une place importante, le tandem constitué par William Lebghil et Agnès Jaoui prend toujours la tangente, tente d'échapper à toutes obligations sociales et médicales, préférant les nuits d'hôtel à la maison, la danse et l'alcool à l'immobilité et à la sobriété. Une manière sans doute pour le réalisateur Julien Carpentier de rendre ses deux personnages principaux un brin insupportables finalement très attachants. L'énergie du duo finit en tout cas par l'emporter sur le reste.

Propos recueillis par Rafael Wolf

Adaptation web: olhor

"La vie de ma mère" de Julien Carpentier, avec Agnès Jaoui, William Lebghil, Salif Cissé. A voir dans les salles romandes depuis le 6 mars 2024.