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Avec "Riverboom", Claude Baechtold réalise un road-movie jubilatoire dans le chaos afghan

Scène tirée du film "Riverboom" de Claude Baechtold [IntermezzoFilms]
Scène tirée du film "Riverboom" de Claude Baechtold - [IntermezzoFilms]
"Riverboom" raconte l'odyssée déjantée de trois jeunes reporters en Afghanistan, un an après les attentats du 11 septembre 2001. A des kilomètres de Kaboul, Claude Baechtold va filmer les aventures rocambolesques de ses compères: Serge, le journaliste acharné et Paolo, le photographe inconscient.

2002, Kaboul, Afghanistan. Pendant que les médias du monde entier se focalisent sur les promesses de paix américaine, suite à leur intervention militaire, trois jeunes reporters quittent les sentiers battus. Leur objectif: prendre la route empruntée par Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach en 1939 et rencontrer le peuple afghan. Leur devise: ce sont toujours les gens les moins importants qui racontent les histoires les plus intéressantes.

Une histoire un peu dingue

"Riverboom" est une histoire de rencontres, de hasards et d'imprévus. Un jour, Claude Baechtold reçoit un appel de Serge Michel. Le journaliste lui demande de l'accompagner en voiture jusqu'à Kaboul. Désœuvré par la mort de ses parents, Claude accepte. Sauf qu'une fois arrivé à Kaboul, impossible de repartir: les consulats sont assiégés et les avions cassés.

En 2002, si Kaboul est une fourmilière internationale, le reste du pays est déserté par les soldats et les médias du monde entier. Serge Michel, lui, veut en avoir le cœur net. Le journaliste prévoit de faire le tour du pays pour établir un état des lieux, suite au départ des talibans. Il est accompagné du photographe indépendant Paolo Woods et comme il reste une place dans la voiture, il propose à Claude de les accompagner.

"Je suis le type qui n'aurait pas dû être là"

"Serge sait depuis ses 12 ans qu'il veut être journaliste, Paolo rêve d'être photographe de guerre. Moi, mon background, c'est l'ECAL, Yakari et les Rondò Veneziano, en gros", déclare en souriant le réalisateur Claude Baechtold dans l'émission Vertigo du 29 octobre.

>> A écouter, l'interview de Claude Baechtold dans Vertigo :

Le photographe et réalisateur vaudois Claude Baechtold. [DR]DR
L'invité: Claude Baechtold, "Riverboom" / Vertigo / 22 min. / le 29 octobre 2024

A l'époque, Claude est seulement équipé d'un tout petit appareil photo dont tout le monde se moque, lui arguant qu'il s'agit en fait d'un rasoir électrique. Ses deux compères le poussent à acheter une caméra vidéo et lui créent une fausse carte de presse. "Sauf qu'à l'époque, l'Afghanistan c'est le pire endroit pour devenir cameraman, affirme Claude Baechtold. Parce que tous les attentats se font par de faux cameramen qui mettent des bombes dans leurs caméras". Claude se met à filmer l'intégralité du périple, il découvre l'absurdité de la guerre et l'humour afghan.

Un raconteur d'histoires

S'il a fallu vingt ans pour que "Riverboom" voie le jour, c'est aussi grâce à une mésaventure. A la suite de ce voyage, Claude confie l'intégralité de ses cassettes à un ami pour qu'il les digitalise. Celui-ci les égare. Les films seront retrouvés sous une pile de pneus, des années plus tard.

La force de "Riverboom" tient à la fois à l'originalité de sa réalisation et au caractère bien trempé des trois protagonistes. Claude Baechtold a allégrement mélangé ses rushs avec les photos prises par Paolo Woods (esthétiques, graves, en noir et blanc) et les siennes (colorées et souvent mal cadrées). S'y ajoutent des cartes, des dessins, des pictogrammes et la voix off de Claude qui navigue entre autodérision et confidences intimes.

Les personnages apportent également une belle synergie entre Serge le têtu, Paolo la tête brûlée et Claude le froussard. Le résultat final est une sorte de patchwork des "Pieds nickelés", du film "Le bon, la brute et le truand" et d'Amélie Poulain. Un documentaire tragi-comique drôle, informatif et émouvant.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: Sarah Clément

"Riverboom" de et avec Claude Baechtold, Serge Michel et Paolo Woods. A voir dans les salles romandes depuis le 30 octobre 2024.

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