Cinq films qui ont marqué leur pays en 2024

Le français pour seule langue nationale suisse: la comédie alémanique "Ciao-Ciao Bourbine" ("Bon Schuur Ticino" en version originale) s'amuse du résultat cauchemardesque d'une votation fédérale pour les germanophones et tessinois. Le film sorti le 17 janvier 2024 offre un second rôle au Vaudois Vincent Kucholl.

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Avec son autodérision alémanique, "Ciao-Ciao Bourbine" de Peter Luisi ironise sur l'état d'esprit régnant dans les différentes régions du pays, tout en plaçant la sympathie entre zones linguistiques au coeur de son histoire. Les animosités entre Romands et Alémaniques y trouvent leur place, sans tomber dans l'irrespect.

>> A écouter, l'épisode consacré à "Ciao-Ciao Bourbine" :

DR

"On a ri beaucoup plus en Suisse alémanique qu'en Romandie. Le public a réagi de manière beaucoup plus sérieuse en Suisse romande et cela m'a surpris. Mais c'est clairement un film qui plaît à tout le monde et ce n'est pas si souvent qu'un film est bien accueilli dans toutes les régions linguistiques de Suisse, c'est pourquoi je trouve que c'est une véritable réussite", indique dans le 12h30 du 5 août le journaliste et correspondant Philippe Reichen.

_{"Ciao-Ciao Bourbine" de Peter Luisi est à voir à l'open air de Delémont (JU) le 9 août, à celui de Renens (VD) le 16, et le lendemain à Rolle (VD).}

Grand Prix au dernier festival de Cannes, "La zone d'intérêt" du réalisateur britannique Jonathan Glazer pose un regard neuf, sinistre et glaçant sur la Shoah. Ce long métrage sorti le 31 janvier 2024 ne laisse pas indifférent grâce à un point de vue inédit.

Inspirée du roman de Martin Amis, "La zone d'intérêt" relate une histoire vraie. Le film raconte les jours paisibles d'une famille allemande qui se prélasse aux abords d'une rivière. Rudolf Höss (Christian Friedel) et son épouse Hedwig (Sandra Hüller) vivent paisiblement avec leurs cinq enfants dans une superbe maison avec jardin et piscine. Sauf que Rudolf est le commandant du camp d'Auschwitz situé juste à côté de sa demeure.

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© Filmcoopi - RTS

A travers des plans souvent fixes et très distanciés, le film montre le quotidien de cette famille de prédateurs qui doivent leur qualité de vie aux Juifs qu'ils assassinent, que l'on entend, mais que l'on ne voit jamais. A ce titre, la bande-sonore de "La zone d'intérêt" est l'une des véritables prouesses du film.

"Les images d'Auschwitz sont déjà dans la tête de presque tous les humains de cette terre. Pendant un certain temps, c'était peut-être important de les montrer, mais le réalisateur Jonathan Glazer a estimé que ça ne l'était pas", explique l'actrice Sandra Hüller dans le 12h30 du 6 août 2024.

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_{"La zone d'intérêt" de Jonathan Glazer est à voir le 19 août à l'open air de Delémont (JU), et le 21 août aux cinémas du Grütli à Genève.}

"C'è ancora domani" ("Il reste encore demain" en français), de Paola Cortellesi est le film-phénomène qui a marqué l'Italie cette année. Comédie dramatique qui parle du poids du patriarcat et des violences de genre dans l'Italie d'après-guerre, le long-métrage en noir et blanc a dépassé le film "Barbie" au box-office en Italie.

Ils sont plus de cinq millions d'Italiens à s'être rendus dans les salles pour connaître le destin de Delia, mère de trois enfants, dans son appartement miséreux des quartiers populaires de Rome qui commence sa journée avec une gifle de son mari.

>> A écouter, l'épisode consacré à "C'è encora domani" :

TOBIS Film GmbH

"C'è ancora domani" est une comédie douce-amère, hommage au cinéma néo-réaliste. Le film réveille la mémoire collective des familles italiennes, fait réfléchir et bouleverse les spectatrices d'aujourd'hui.

Le film de Paola Cortellesi, qui tient également le rôle principal, dénonce et est considéré comme audacieux et nécessaire en Italie. Il a d'ailleurs trouvé un écho dès sa sortie en salle, alors que le féminicide d'une étudiante provoquait une vague d'émotions et de manifestations sans précédent sur le territoire italien.

>> Voir le sujet du 19h30 consacré au film "C'è encora domani" :

_{"C'è ancora domani" Paola Cortellesi est à voir actuellement dans les salles romandes.}

"Anatomie d'une chute" de Justine Triet a enlevé six trophées, dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation lors de la 49e cérémonie des César. Le film a aussi remporté l'Oscar du meilleur scénario original et la Palme d'or au Festival de Cannes en 2023.

Film de procès, pensé initialement comme une série, "Anatomie d'une chute" prend son temps (2h32) pour décortiquer méticuleusement les rapports de force et de domination au sein d'un couple d'artistes aisés.

>> A écouter, l'épisode consacré à "Anatomie d'une chute" :

Les Films Pelléas

Autrice de romans à succès, Sandra (Sandra Hüller) vit avec son mari, Samuel, et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, dans une maison perdue en montagne, près de Grenoble. Le jour où Samuel est retrouvé mort en bas de la fenêtre de son bureau, dans ce qui paraît être un suicide, une enquête judiciaire est ouverte. Sandra est soupçonnée, puis inculpée.

Un an plus tard, le procès expose les zones d'ombre de Sandra et de Samuel alors que Daniel, l'enfant, assiste aux audiences en découvrant des vérités qu'on lui avait cachées jusque-là. La justice va disséquer la vie du couple dont les disputes étaient enregistrées par le mari. "Anatomie d'une chute" est un film magnifique sur la chute mortelle d'un homme, mais aussi sur la chute d'un couple, laissant planer le doute sur la culpabilité de Sandra.

_{"Anatomie d'une chute" de Justine Triet, à voir au cinéma open air de Morges (VD) le 20 août.} 

Biopic consacré à celui que l'on a baptisé "le père de la bombe atomique", "Oppenheimer", réalisé par Christopher Nolan et avec Cillian Murphy dans le rôle-titre, est une oeuvre riche, foisonnante et passionnante.

Le film a remporté l'Oscar du meilleur film ainsi que six autres statuettes. Il retrace en trois heures les moments-clés de la vie de Robert Oppenheimer (1904-1967), le physicien américain, directeur scientifique du "Projet Manhattan", un programme de recherche qui a permis de produire la première bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale.

>> A écouter, l'épisode consacré à "Oppenheimer" :

Universal

Robert Oppenheimer est celui qui a fait entrer la planète dans l'ère nucléaire avant de se voir assailli par le doute face à sa création devenue outil de toute-puissance.

Le film ne retrace pas l'histoire de la bombe atomique, mais brosse véritablement le portrait du physicien. "Pour moi, le film parle de la vie de Robert Oppenheimer et des conséquences que la bombe a eue sur lui littéralement et métaphoriquement. Si cela avait été un film sur le projet, on n'aurait pas eu une heure sur sa vie avant la bombe et une heure sur sa vie après la bombe", indique dans le 12h30 du 10 août Jessica Fox, étudiante en physique à l'université de la California Institute of Technology.

Le long-métrage raconte aussi l'après-guerre et la manière dont Robert Oppenheimer est devenu une star mondiale, puis la cible d'une vengeance personnelle et d'une partie de l'Amérique en raison de ses supposées sympathies communistes.

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"Oppenheimer" est sorti en même temps que le blockbuster "Barbie", qui a sans nul doute remporté la bataille des salles et des costumes d'Halloween, mais le film de Christopher Nolan a quant à lui ajouté sept Oscars à ses 330 millions de dollars de recette aux Etats-Unis.