Dans "Anora", Sean Baker expose toute la vulgarité et la trivialité du rêve américain
Anora, qui préfère se faire appeler Ani, vit avec sa sœur à Brooklyn et exerce comme strip-teaseuse dans un club new-yorkais. Un jour, on lui demande de s'occuper d'Ivan, 21 ans, fils d'un richissime oligarque russe.
Le jeune homme oisif tombe sous son charme et exige de passer une semaine avec elle. Une semaine de fêtes débridées, d'alcool, de drogue et de virée à Las Vegas où, sur un coup de tête, Ivan épouse Ani. Mais à peine de retour à New York, le couple voit débarquer des hommes de main envoyés par les parents d'Ivan, bien décidés à faire annuler le mariage.
Un récit qui touche au sublime
Exposant toute la vulgarité et la trivialité du rêve américain, Sean Baker confronte une génération de parents à une jeunesse biberonnée au néocapitalisme pour qui tout est argent et transaction. Comme dans ses précédents films ("Florida Project", "Red Rocket"), le cinéaste imagine un faux conte de fées porté par des marginaux magnifiques qu'il filme avec une empathie prodigieuse.
Et lorsque "Anora" crée insidieusement une relation improbable entre la jeune strip-teaseuse et un homme de main russe laconique, le récit touche au sublime, unissant deux êtres capables de se regarder en dehors des archétypes et des jugements péremptoires. Une rencontre fragile et précieuse, point d’orgue de cette œuvre récompensée de la Palme d'or lors du dernier Festival de Cannes.
Rafael Wolf/ld
"Anora" de Sean Baker, avec Mikey Madison, Mark Eidelstein. A voir dans les salles romandes depuis le 31 octobre 2024.