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Dans "Ni chaînes ni maîtres", Simon Moutaïrou retrace le récit d'esclaves rebelles

Le long métrage "Ni chaînes ni maîtres" de Simon Moutaïrou éclaire les pages méconnues de la résistance à l'esclavage
Le long métrage "Ni chaînes ni maîtres" de Simon Moutaïrou éclaire les pages méconnues de la résistance à l'esclavage / 19h30 / 2 min. / le 20 septembre 2024
Pour son premier long métrage basé sur des faits historiques, le réalisateur franco-béninois Simon Moutaïrou s'attache à la fuite de deux esclaves d'une plantation d'Isle de France (actuelle île Maurice) en 1759. "Ni chaînes ni maîtres", sorti le 18 septembre, revient sur cet épisode colonial méconnu.

1759. Isle de France (actuelle île Maurice). ​Massamba (Ibrahima Mbaye Tchie) et Mati (Anna Thiandoum), esclaves dans la plantation de cannes à sucre d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit pour rejoindre une soit-disant communauté secrète d’anciens esclaves au milieu de l’île.

Madame La Victoire (Camille Cottin), célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un "marron", un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.

Des histoires de résilience et de courage incroyables

Basé sur des faits historiques et porté par des acteurs magistraux, "Ni chaînes ni maîtres" de Simon Moutaïrou est un premier long métrage que le réalisateur franco-béninois porte en lui depuis longtemps.

"En 2009, je suis à l'île Maurice et je me balade dans le sud-ouest de l'île, qui est la région créole avec des noirs, des métis, des descendants d'esclaves francophones. Je rencontre une vieille dame créole qui me raconte l'histoire des marrons et des marrones. Au temps de l'esclavage, ces hommes, ces femmes et ces enfants se sont enfuis des plantations, ont brisé leurs chaînes, se sont rebellés et ont affronté l'ordre colonial", explique Simon Moutaïrou dans le 19h30 du 20 septembre.

Le réalisateur voit alors dans "ces histoires de résilience et de courage matière à un film incroyable". Traversé et touché d'autant plus par ces récits qu'il est lui-même métis, Simon Moutaïrou évoque "un supplément d'âme et d'engagement qui fait qu'on se sent un peu comme en mission" sur un tel projet cinématographique.

Une page de l'histoire de France oubliée

Si le cinéma américain s'est régulièrement emparé de l'esclavagisme, ce n'est pas le cas du cinéma français qui a longtemps occulté cette thématique. "Ni chaînes ni maîtres" aborde cette page de l'histoire de France, avec en plus une dimension mystique.

"Il y a quelque chose qui m'a beaucoup aidé, c'est de passer par l'africanité. Les héros du film sont Wolofs. Tout le film, dans sa spiritualité, dans sa langue, a une dimension profondément wolof qui l'écarte tout de suite de ces classiques du cinéma américain. On n'est pas sur le même territoire", conclut Simon Moutaïrou.

A cette africanité, le réalisateur insuffle une mise en scène très réussie mêlant action, thriller et fantastique.

Sujet TV: Julie Evard, Cecilia Mendoza

Adaptation web: olhor

"Ni chaînes ni maîtres" de Simon Moutaïrou, avec Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoît Magimel. A voir dans les salles romandes depuis le 18 septembre 2024.

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