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Sortie du film "Hiver à Sokcho", basé sur le roman à succès d'Elisa Shua Dusapin

L'affiche du film ""Hiver à Sokcho". [DR]
Les invités : Elisa Shua Dusapin, Bella Kim, Koya Kamura "Hiver à Sokcho" / Vertigo / 21 min. / jeudi à 17:06
Adapté du roman multiprimé d'Elisa Shua Dusapin, le film "Hiver à Sokcho" est à voir en salles depuis ce mercredi. Premier long métrage de Koya Kamura, il raconte le lien fragile qui se noue entre une jeune Franco-Coréenne (Bella Kim) et un bédéiste français (Roschdy Zem).

Il y a huit ans sortait aux éditions Zoé "Hiver à Sokcho", signé de l'écrivaine jurassienne Elisa Shua Dusapin. Un premier roman qui a remué la scène de la littérature romande, avant de s'exporter au-delà. Traduit dans plus de 30 langues, le livre a été récompensé par de nombreux prix suisses et internationaux, dont le prestigieux National Book Award en 2021.

Après une adaptation théâtrale, c'est désormais sur grand écran que l'on peut découvrir l'histoire de cette jeune femme - appelée Soo-ha dans le film - qui vit dans la petite ville balnéaire de Sokcho en Corée du Sud.

A 23 ans, elle mène une vie routinière, entre ses visites à sa mère, marchande de poissons, et sa relation avec son petit ami. L’arrivée de Yan Kerrand, un dessinateur de bandes dessinées français, dans la petite pension dans laquelle elle travaille, réveille en elle des questions sur son identité et sur son père français dont elle ne sait presque rien. Tandis que l’hiver engourdit la ville, Soo-ha et Yan Kerrand vont s’observer, se jauger, tenter de communiquer avec leurs propres moyens et tisser un lien fragile.

Pas une évidence pour Elisa Shua Dusapin

Accepter que son livre soit adapté au cinéma n'a pas été évident pour l'écrivaine qui avait refusé plusieurs propositions qui envisageaient de raconter cette histoire comme une sorte de romance au bout du monde entre deux étrangers. "C'était mon pire cauchemar, car ne n'est pas du tout ça", explique-t-elle dans l'émission Vertigo du 12 décembre.

Mais lorsqu'elle entend parler d'un projet d'adaptation proposé par un réalisateur franco-japonais, elle visionne un de ses courts métrages et est bouleversée par ce qu'elle voit. Elle envisage qu'il puisse être la bonne personne pour faire ce passage de la page à l'écran. "J'ai pu totalement lâcher prise à partir du moment où j'ai entendu Koya me parler de sa lecture du livre, elle résonnait tellement intimement en moi", se souvient-elle.

Des questionnements sur l'identité et le métissage

De son côté, le réalisateur Koya Kamura, dont c'est le premier long métrage, avoue que la lecture d'"Hiver à Sokcho" a été "comme un électrochoc". Je travaillais sur un autre scénario qui parlait d’abandon et je m'enlisais dans l'écriture. Et là, je lis ce roman qui parle aussi de ce thème et je découvre une espèce de contrechamp à ce que j'essayais de raconter. Et il y avait aussi les questions d'identité et de métissage. La narratrice est franco-coréenne et je suis franco-japonais, donc forcément, il y a des interrogations communes et une résonnance avec mon histoire personnelle."

>> A écouter, l'interview de l'actrice Bella Kim et du réalisateur Koya Kamura dans le 12h45 :

Rendez-vous Culture : Julie Evard reçoit l’actrice Bella Kim et le réalisateur Koya Kamura pour leur 1er film "Hiver à Sokcho"
Rendez-vous Culture : Julie Evard reçoit l’actrice Bella Kim et le réalisateur Koya Kamura pour leur 1er film "Hiver à Sokcho" / 12h45 / 7 min. / jeudi à 12:45

Le "oui" de Roschdy Zem

Koya Kamura a proposé à Elisa Shua Dusapin de participer à l'écriture du scénario, mais celle-ci a préféré lui laisser le champ libre. Elle s'est par contre rendue durant trois semaines sur le tournage du film - elle y fait d'ailleurs une brève apparition. Un moment émouvant où elle a découvert les personnages de son roman tout à coup incarnés par des acteurs et actrices.

Pour jouer le rôle de Soo-ha, le choix du réalisateur s'est porté sur Bella Kim, une mannequin qui fait ses débuts au cinéma. Quant au dessinateur Yan Kerrand, c'est l'acteur franco-marocain Roschdy Zem (César du meilleur acteur pour son rôle dans "Roubaix, une lumière" en 2020) qui a accepté de l'incarner, pour le plus grand bonheur du réalisateur: "Je trouvais qu'il avait des traits en commun avec le personnage et je l'ai eu en tête pendant toute l'écriture du scénario", explique-t-il. Mais jamais je n'ai imaginé que Roschdy puisse accepter de jouer dans mon premier film. Quand il a dit oui, on a eu un peu la pression, car le projet prenait une autre ampleur", se remémore-t-il.

Des images animées insérées dans le film

Dans son film, Koya Kamura a choisi d'insérer des images d'animation réalisées par Agnès Patron. Une manière de comprendre ce qui se passe dans la tête de Soo-ha. "Je ne voulais pas passer par une voix off qui peut donner l'impression de quelque chose de déjà digéré et analysé. Je voulais quelque chose de beaucoup plus brut. L'animation permet d’avoir ces élans plus ou moins abstraits au début et de plus en plus figuratifs au cours du film, afin d'avoir un aperçu sur cette intériorité et cette intimité du personnage", précise-t-il encore.

Un choix également en écho avec la communication entre les deux protagonistes du film qui se fait plus à travers le dessin qu'à travers la langue.

Des propos recueillis par Anne Laure Gannac et Julie Evard

Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente

"Hiver à Sokcho", de Koya Kamura avec Bella Kim et Roschdy Zem. A voir sur les écrans romands depuis le 18 décembre 2024.

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