Avec son fauteuil en rotin, ses drapés vaporeux et sa bande-son signée Pierre Bachelet, "Emmanuelle" est un ovni dans l'univers des films érotiques de son époque. Sorti le 26 juin 1974 en France, il provoque un véritable scandale, mais connaît un succès mondial.
Au casting, des acteurs du théâtre classique ou du cinéma d'auteur. En termes de financement, le film bénéficie aussi d'un budget inédit pour une production pour adultes.
"Emmanuelle" est adapté d'un best-seller érotique du même nom, écrit par Emmanuelle Arsan en 1959. Le producteur, Yves Rousset-Rouard, désireux de confier le projet à un jeune metteur en scène, s'adresse au photographe Just Jaeckin qui accepte, ravi de tourner un long métrage. Just Jaeckin réalise ensuite "Histoire d'O" et, à nouveau avec Sylvia Kristel, "L'amant de Lady Chatterley".
Abolition de la censure en France
L'abolition de la censure en France permet à "Emmanuelle" de sortir en salles et de toucher un vaste public. Et c'est un carton, avec plus de cinquante millions de spectateurs dans le monde. S'en suivront six épisodes et une série télé.
En Suisse, la censure joue encore pourtant en 1976 à la sortie d'"Emmanuelle 2".
En 1984, quarante-huit parlementaires se mobilisent contre la TSR qui veut diffuser le film dans la nuit du réveillon. La chaîne renonce devant les pressions.
Cadeau et fardeau pour l'actrice Sylvia Kristel
"Emmanuelle" est aussi un cas d'étude pour la représentation des femmes dans le cinéma érotique. Dans le film, la fragile Emmanuelle interprétée par Sylvia Kristel suit son mentor. Au fil de la saga, le personnage s'affirme, mais reste une femme-objet. Pour son interprète, ce rôle est un cadeau et un fardeau. Sylvia Kristel finit par quitter la saga après quatre films.
La comédienne néerlandaise fait ensuite ses preuves auprès de grands noms du cinéma. Mais elle finit par assumer ce film qui avait cassé les stéréotypes.
Si un demi-siècle plus tard, le parfum de soufre est retombé, il reste le souvenir d'un scandale.
Sujet TV: Matthieu Hoffstetter
Adaptation web: olhor