Michel Blanc a fait un malaise cardiaque dans la soirée et a été transporté dans un état sérieux dans un hôpital parisien, a précisé son entourage.
Il a fait partie de la troupe du Splendid, un collectif de comédiens créé à la fin des années 1970 et composé d'autres stars du petit écran et du cinéma, dont Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier ou encore Gérard Jugnot.
"Putain Michel... Qu'est-ce que tu nous a fait... ", a écrit dans la nuit son comparse du Splendid et des "Bronzés", Gérard Jugnot, dans une story sur Instagram. "Michel mon pote mon frère mon partenaire", a réagi sur Instagram la comédienne Josiane Balasko, une autre figure de cette troupe phare.
Le gringalet des "Bronzés"
Pour beaucoup, il restera à jamais Jean-Claude Dusse, le gringalet chauve et moustachu des "Bronzés", film sorti en 1978 où il incarne un dragueur raté toujours persuadé de pouvoir "conclure" et dont les répliques sont passées à la postérité.
Gros succès puis carton encore plus énorme, un an plus tard, avec "Les Bronzés font du ski", les deux films sont devenus cultes. Des générations ont ri en entendant "Oublie que tu n'as aucune chance, vas-y, fonce! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher" ou encore "Eventuellement, si vous étiez au bout du rouleau, on pourrait envisager de conclure?"
>> A lire aussi, ce grand format consacré à la saga des "Bronzés" : "Les Bronzés", phénomène de société
Ce personnage aussi exaspérant qu'attendrissant a un temps enfermé Michel Blanc dans des rôles d'hypocondriaque ou de maladroit. Le comédien avait pourtant déjà fait ses preuves dès le milieu des années 1970 en tournant pour Bertrand Tavernier ("Que la fête commence"), Claude Miller ("La meilleure façon de marcher") ou Roman Polanski ("Le locataire").
Au fil de sa carrière, Michel Blanc a alterné le rire et l'émotion en explorant devant et derrière la caméra l'âme humaine.
Plusieurs registres cinématographiques
Après l'énorme succès public de "Marche à l'ombre" (1984), son premier film en tant que réalisateur, il a élargi son registre en s'éclipsant le premier de la bande du Splendid, avec notamment le transgressif "Tenue de soirée" (1986) de Bertrand Blier. Il y incarne l'émouvant Antoine, qui s'entiche de Gérard Depardieu et se travestit. Le rôle, couronné du prix d'interprétation masculine à Cannes, marque un tournant dans sa carrière.
Dans le registre dramatique, Michel Blanc a aussi campé l'inquiétant "Monsieur Hire" (1989), d'après Simenon, ou un médecin homosexuel au début du sida dans "Les témoins" (2007) d'André Téchiné.
>> A lire aussi, ce grand format revenant sur les films emblématiques de Michel Blanc : Michel Blanc, du rire au drame
Après le rendez-vous raté du troisième opus des "Bronzés" en 2006, le comédien, nommé quatre fois au César du meilleur acteur, remporte en 2012 la précieuse statuette pour son second rôle inattendu de directeur de cabinet dans le thriller politique "L'exercice de l'Etat".
agences/edel/olhor/mh
Pour rendre hommage à Michel Blanc, la RTS chamboule ses programmes du samedi 5 octobre sur RTS1 et proposera "Les Bronzés font du ski" à 20h55, suivi de "Marche à l'ombre" à 22h30. Ce dernier film sera disponible pendant 7 jours après diffusion sur Play RTS.
Un enfant fragile et un adulte anxieux
Né le 16 avril 1952 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Michel Blanc vient d'un milieu plutôt modeste, avec un père déménageur qui finira cadre moyen et une mère dactylo devenue comptable. Des parents très aimants qui surprotègent ce fils unique, né avec un souffle au coeur.
Timide, chétif, grand hypocondriaque ("je suis le pionnier du gel hydroalcoolique!", disait-il), le jeune Michel perd vite ses cheveux et va miser davantage sur l'autodérision et l'humour, parfois caustique, que sur son physique. "J'ai un avantage sur les chauves tardifs, je n'ai jamais associé la calvitie à l'âge", plaisantait celui qui a longtemps été mal dans sa peau.
Une carrière avortée de pianiste
Dès l'enfance, il se passionne pour la musique classique. A 20 ans, il tente même de faire carrière comme pianiste. Il y consacre six à sept heures par jour mais renonce assez vite, comprenant qu'il ne sera jamais "le nouvel Arthur Rubinstein".
Changement de cap avec l'aventure du Splendid, où il rejoint sa bande de copains du lycée de Neuilly, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Christian Clavier. "Comme je ne m'aimais pas, j'avais envie de jouer des personnages qui n'étaient pas moi".
"C'est un homme solitaire, blessé, déconcerté", disait son amie, l'écrivaine Françoise Sagan. "Je suis un anxieux qui préfère l'action à la dépression", précisait l'intéressé.
Tout au long de sa carrière, menée également au théâtre, ce gros bosseur, perfectionniste, a su d'ailleurs utiliser ses complexes et son talent d'écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu'il a réalisé comme "Grosse Fatigue" (1994) et "Embrassez qui vous voudrez" (2002).