Michel Hazanavicius, réalisateur français, a commencé sa carrière à la télévision et dans la publicité avant de se faire connaître avec ses parodies de films d'espionnage des années 50, “OSS 117”. En 2012, son hommage au cinéma muet hollywoodien, "The Artist", lui a valu l'Oscar du meilleur réalisateur.
Sa dernière œuvre "La plus précieuse des marchandises", présentée cette année à Cannes, est une adaptation poétique d'un livre de Jean-Claude Grumberg. Il raconte l'histoire d'un bébé sauvé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au-delà de l'histoire juive
"Ce film est une prise de parole non violente qui raconte non seulement un épisode de l'histoire du peuple juif, mais qui le place aussi au niveau de l'histoire de l'humanité. (...) Il montre de quoi nous, êtres humains, sommes capables: du pire comme du meilleur", explique Michel Hazanavicius.
C'est l’histoire des justes, de ceux qui ont sauvé l'honneur de l'humanité. (...) Ils ont protégé au risque de leurs vies
Le livre de Jean-Claude Grumberg, dont le film est une adaptation, "nous montre que chacun de nous porte en soi le potentiel d'être un génocidaire ou une victime. La bonne nouvelle, c'est que nous avons aussi le potentiel d'être des justes", ajoute-t-il.
Selon le réalisateur, c'est une question de choix. Même si le monde s'écroule autour de nous, nous avons toujours le choix de bien nous comporter.
Premier film d'animation
A travers cette adaptation, Michel Hazanavicius affirme vouloir transmettre un message d'amour. Ce message prend une dimension différente lorsqu'il est incarné à travers des personnages, plutôt que simplement énoncé, souligne-t-il.
Ainsi, il a choisi de réaliser un film d'animation, car il estime que c'est l'outil le plus approprié pour évoquer et suggérer de terribles réalités. Cet art permet une approche plus subtile et respectueuse.
Un convoi de déportés, on ne peut pas montrer l'horreur de ce que cela a été. (...) Pour l'évoquer, le dessin d'animation me semblait être l’outil le plus approprié
Dans sa narration, il utilise également la suggestion, sans jamais mentionner explicitement les termes "juif" ou "nazi". Cela transforme les personnages en archétypes humains et rend l'histoire universelle.
Pour conclure, il indique qu'il écrit un livre sur les combattants ukrainiens qu'il a rencontrés sur le front. C'est une galerie de portraits dessinés et écrits de soldats qu'il qualifie d’héroïques. "Je suis assez fier de faire ce livre", ajoute-t-il.
Propos recueillis par: jennifer Covo
Adaptation web: Miroslav Mares