Un couple de bûcherons vit au fin fond d'une forêt polonaise. L'épouse pleure encore la mort de son enfant et implore les dieux de lui envoyer un cadeau au moment où les trains passent, transportant les juifs vers Auschwitz. Un jour, elle entend les cris d'un nouveau-né qu'elle recueille contre l'avis de son mari, celui-ci partageant avec la population locale une haine féroce contre ce peuple de "sans-cœur".
Deux destins opposés
La fillette est élevée grâce à l'amour de la bûcheronne, au lait d'un homme au visage ravagé, à l'empathie du bûcheron qui change d'avis à son propos, tandis que le destin tragique de sa famille, de sa mère, de son père et de sa sœur jumelle nous est montré en parallèle.
Adapté du roman de Jean-Claude Grumberg, "La plus précieuse des marchandises" s'impose comme un film d'animation épuré, très beau, qui observe la Shoah par un angle formidablement singulier. Un conte raconté, en voix off, par Jean-Louis Trintignant, qui puise dans sa durée brève et dans la simplicité de son propos une émotion assez forte.
Des gens aussi simples qu'exceptionnels
En suivant le père de la fillette dans le camp d'Auschwitz, Michel Hazanavicius n'élude par les horreurs nazies lors de quelques images-chocs qui éloignent a priori ce film d'animation d'un public d'enfants. Une histoire de lumière au cœur des ténèbres, préférant aux dieux absents la présence bien réelle d'êtres humains à la bonté exceptionnelle, qui rappelle qu'en dehors de l'amour pour les enfants, les siens et ceux des autres, tout le reste n'est que silence.
Rafael Wolf/sf
"La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius, avec les voix de Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc.