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Le cinéma romand lutte contre le harcèlement sur les tournages

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Le cinéma romand lutte contre le harcèlement / Vertigo / 6 min. / le 17 juin 2024
Alors que la France révèle régulièrement des noms d'acteurs, de producteurs, d'agents ou de cinéastes aux comportements toxiques, la branche du cinéma romand se penche sur des solutions pour encadrer le mieux possible les tournages de films et de séries locaux grâce à une charte actuellement en discussion. 

"Tout le monde sait depuis longtemps qu'il se passe des choses. On commence un peu à lever le voile sur tout cela et se rendre à l'évidence: la Suisse n'est pas plus épargnée que d'autres pays". Secrétaire général de Cinéforum, la fondation romande pour le cinéma, Stéphane Morey souligne que le cinéma suisse n'est pas à l'abri de cas de harcèlements, moraux, physiques ou sexuels, qui touchent massivement son voisin hexagonal.

Une situation tendue où, faute de plaintes pénales et de cas avérés, les rumeurs occupent toute la place. Chargée des aides et des soutiens aux projets au sein de Cinéforum, Geneviève Rossier explique la complexité que le milieu du cinéma romand doit prendre en compte: "Il y a peu de films qui se tournent sur notre territoire, donc c'est vrai que la pression est très forte pour les personnes concernées quand il s'agit de parler, s'exposer, prendre la parole pour évoquer des situations difficiles. C'est prendre le risque de ne plus travailler, en fait."

Un besoin de sécurité

Mais à l'ère post-MeToo, la branche du cinéma romand cherche à sécuriser le mieux possible les tournages. Avec le souci de ne pas exagérer, sous-estimer ou étouffer des cas qui pourraient poser problème. D'où la nécessité de mettre en place une charte commune à l'ensemble de la branche. "On entend régulièrement des rumeurs, des histoires", ajoute Stéphane Morey. C'est bien le problème qu'on essaye de soulever. Pour l'instant, c'est quelque chose qui se fait vraiment de façon très informelle, très discrète. Le dispositif qu'on veut mettre en place avec l'ensemble de la branche consiste justement à pouvoir formaliser les rapports et pouvoir traiter ces cas dans la lumière de façon claire et ouverte."

Une charte pour encadrer les tournages

Au centre des discussions actuelles figure un cadre défini par cette charte sur laquelle planchent les producteurs et les institutions, dont Cinéforum. Geneviève Rossier en détaille les intentions: "En tant que fonds, on souhaite vérifier l'application de ce cadre. C'est-à-dire qu'au moment où le financement est versé aux producteurs, on vérifie que le plan de lutte a bel et bien été formalisé, communiqué à l'équipe, et que tout est en place. Si la production n'a pas mis en place ce qu'elle avait prévu de faire, on pourra prendre des mesures qui s'imposent."

S'il est impossible de dire à l'heure actuelle quand cette charte, qui n'en est encore qu'au stade théorique, pourra être mise en action, le cinéma romand opère quoi qu'il en soit déjà une mue nécessaire, comme le confirme Geneviève Rossier: "Les mentalités évoluent. Les jeunes qui arrivent aujourd'hui sur le marché du travail sont très sensibles à ces questions, c'est même essentiel pour eux. On va vraiment essayer d'accompagner cela au mieux en tant qu'institution. Les rapports de pouvoir sont extrêmes dans le cinéma, comme dans d'autres domaines artistiques, et c'est vrai qu'il faut un peu déconstruire cela et trouver aujourd'hui une manière de travailler plus saine."

Rafael Wolf/ld

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