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Le documentaire "Dreamers" relate le destin des enfants de migrants aux Etats-Unis

"DREAMERS", de Stéphanie Barbey et Luc Peter. [©Intermezzo Films]
Les invité/e : Stéphanie Barbey et Luc Peter, "Dreamers" / Vertigo / 19 min. / vendredi à 17:06
Signé des Romands Stéphanie Barbey et Luc Peter et sorti le 9 octobre, le documentaire "Dreamers" raconte l'histoire de Carlos et de sa famille, mais aussi le destin de 2,5 millions de personnes qui grandissent aux Etats-Unis dans un pays qui ne les reconnaît toujours pas comme les siennes.

À l'âge de neuf ans, Carlos débarque du Mexique à Chicago avec ses trois frères et ses parents. Son père travaille dans le domaine de l'énergie, sa mère est enseignante. Une fois aux Etats-Unis, c'est la dégringolade pour la famille qui vit dans des conditions difficiles. Le père se révèle violent et le couple se sépare.

Le jour de ses 18 ans, l'avenir de Carlos devient incertain. Selon la loi américaine, il est maintenant sans-papiers. La moindre erreur peut le conduire à l'expulsion. Ces jeunes immigrés, qui n'ont pas choisi de l'être et qui se retrouvent sans-papiers, sont appelés "Dreamers".

Les réalisateurs suisses Stéphanie Barbey et Luc Peter se sont rendus aux confins des Etats-Unis et du Mexique pour interroger le rapport qu'une poignée de citoyens américains entretient avec ses voisins, dont les migrations sont sévèrement contenues par le long mur qui se dresse à la frontière. En filmant avec bienveillance l'intimité du quotidien simple de Carlos, qui vit maintenant à Chicago depuis 29 ans, Luc Peter et Stéphanie Barbey donnent corps à cette vie sans existence.

Les méandres de l'administration

Depuis des décennies, l'Amérique essaie de régulariser le statut de jeunes qui, comme Carlos, ont grandi aux Etats-Unis. "La population américaine est très empathique par rapport au destin de ces jeunes. Comment peut-on ne pas l'être face à des enfants qui n'ont pas choisi de suivre leurs parents? Là où cela coince, c'est au niveau des administrations. A chaque fois, la loi [initiée en 2001] est rejetée à quelques voix près ou par le Sénat américain", explique Stéphanie Barbey dans l'émission Vertigo du 11 octobre.

Interrompu par le Covid, le tournage du film a connu deux présidents américains différents. "Nous avons tourné sous Trump, puis sous Biden. Les administrations passent, mais le statut des Dreamers ne change jamais", précise Stéphanie Barbey.

>> Voir la rencontre avec les deux cinéastes dans le 19h30 :

Rencontre avec Stéphanie Barbey et Luc Peter, deux cinéastes romands qui présentent leur film "Dreamers" au festival Vision du Réel à Nyon
Rencontre avec Stéphanie Barbey et Luc Peter, deux cinéastes romands qui présentent leur film "Dreamers" au festival Vision du Réel à Nyon / 19h30 / 2 min. / le 20 avril 2023

Un autre regard sur l'immigration

Le film "Dreamers" s'inscrit dans la suite de "Broken Land" réalisé par Luc Peter et Stéphanie Barbey et sorti en 2015. "'Broken Land' était un film tourné le long de la frontière mexicano-américaine en Arizona avec le dispositif très clair de rester du côté américain, de montrer plutôt la peur de l'autre, un autre que l'on ne voit jamais dans le film. En faisant le repérage, nous avions quand même envie de rencontre les gens qui passaient cette frontière", précise Luc Peter.

Pour "Dreamers", le duo de cinéastes se rend à Los Angeles et Chicago, deux villes dans lesquelles l'immigration est très forte. A Chicago, ils rencontrent Carlos, dans un quartier assez dangereux. "Nous avons été littéralement emballés par son histoire parce qu'elle était très touchante. Il ne se plaignait pas mais racontait vraiment ce qui était arrivé à lui et ses quatre frères", explique le réalisateur.

Avec Carlos en voix off et le destin de cette famille, de ces quatre frères dont l'un se fait expulser, c'est une histoire d'absences qui se tisse: l'absence d'un frère, d'un père, l'absence de papiers, l'absence de liberté.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: Lara Donnet

"Dreamers" de Stéphanie Barbey et Luc Peter, co-production RTS et ARTE. A voir dans les salles romandes depuis le 9 octobre 2024.

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