Téhéran, au moment des protestations populaires consécutives à la mort de Mahsa Amini, Iman prend ses nouvelles fonctions de juge d'instruction au tribunal révolutionnaire. Sa femme Najmeh se réjouit de sa promotion et rappelle à ses deux filles, Rezvan et Sana, qu'elles doivent désormais être irréprochables dans leur comportement.
Mais l'ampleur des manifestations dépasse Iman, confronté à ses filles qui soutiennent le mouvement. Quand son arme de service disparaît et que son nom est dévoilé publiquement, il glisse dans une spirale paranoïaque.
Cinéaste iranien dissident qui a fui son pays afin d'échapper à une lourde peine de prison, Mohammad Rasoulof signe avec "Les graines du figuier sauvage" un film d'une ampleur, d'une complexité et d'une modernité exemplaires.
Toutes les tensions de l'Iran actuel
En explorant comment les filles d'Iman, d'abord ignorantes du métier de leur père, s'ouvrent à une conscience nouvelle, osant défier l'autorité de leur géniteur, tout en montrant la mue bien plus difficile de la mère, qui cherche avant tout à protéger ses acquis et à se conformer à la loi, le cinéaste développe au sein de cette cellule familiale toutes les tensions de l'Iran actuel.
Traversé par les images réelles, tournées sur téléphone portable, des horreurs commises par le régime sur sa population, le récit fait monter une tension progressive, sur près de trois heures et frôle le thriller paranoïaque.
Avec, au final, l'image saisissante d'un trio féminin opposé à une figure de patriarche, symbole du régime dans son entier. Une œuvre forte, importante, douloureuse, mais vibrante d'espoir, repartie avec le prix spécial du jury au dernier festival de Cannes.
Rafael Wolf/sc
"Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof, avec Misagh Zare, Soheila Golestani, Mahsa Rostami, Setareh Maleki. A voir dans les salles romandes depuis le 18 septembre 2024.