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"Les paradis de Diane", le déni de maternité et la fuite au coeur d'un film remuant

Une image extraite du film "Les paradis de Diane", un long métrage de Carmen Jaquier et Jan Gassmann. [RTS - 2:1 Film]
Les invité.es: Carmen Jaquier et Jan Gassmann, "Les paradis de Diane" / Vertigo / 22 min. / le 19 mars 2024
Lʹactrice, réalisatrice et scénariste genevoise Carmen Jaquier s'est associée au producteur et réalisateur zurichois Jan Gassmann pour coréaliser "Les paradis de Diane". Leur premier long métrage sorti le 20 mars évoque avec force et subtilité le thème de la maternité.

La nuit de la naissance de son premier enfant à Zurich, Diane (extraordinaire Dorothée de Koon) s'enfuit de la maternité pour trouver refuge à Benidorm, en Espagne. Elle aurait pu faire partie du clan des femmes maternelles, instinctives, puissantes, mais assiste au contraire à l’effondrement de ses idéaux. Débute alors pour elle un voyage, source d'une transformation intérieure et extérieure, son corps la rappelant sans cesse à ses souvenirs et à ce qu’elle fuit.

Présenté aux dernières Journées de Soleure et sélectionné à la Berlinale, "Les paradis de Diane" est une coproduction de la RTS. Réalisé par Carmen Jaquier et Jan Gassmann, le film est sorti en Suisse romande le 20 mars 2024. Il traite avec force et subtilité du thème de la maternité. Le tandem, désormais couple et parents à la ville, avait déjà travaillé ensemble avec huit autres réalisateurs suisses pour le film collectif "Heimatland".

"Comprendre que la naissance d'un enfant peut nous fracturer"

Aujourd'hui, leur premier long métrage aussi singulier que beau et remuant s'inspire en partie de l'histoire d'une amie de la réalisatrice Carmen Jaquier. "Les paradis de Diane" tente de saisir le désintérêt de la maternité ainsi qu'indirectement la dépression post-partum. "Nous voulions faire le trajet avec Diane, comprendre ce geste, comprendre que la naissance d'un enfant peut nous fracturer, nous faire perdre notre identité. En tant que parent, c'est quelque chose que l'on peut imaginer même si on n'a pas vécu la même chose", explique la cinéaste genevoise dans le 12h45 du 19 mars.

"Ce qui nous intéressait aussi beaucoup de montrer dans le film était l'idée de survie d'une femme hors-la-loi en quelque sorte, une anti-héroïne qui quitte la société en ne voulant pas prendre la responsabilité de mère. A partir de là, elle traverse les frontières dans sa fuite et on peut suivre la manière dont elle va survivre, en croisant des éléments du réel et de la fiction", détaille pour sa part le réalisateur zurichois Jan Gassmann dans l'émission Vertigo du 19 mars.

Les pérégrinations de Diane, autant que ses tentatives de se dissoudre dans l'anonymat et une non-existence, sont ici traquées par une caméra qui se glisse au plus près du corps maltraité par la grossesse du personnage principal et de ses tourments intérieurs.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert et Julie Evard

Adaptation web: olhor

"Les paradis de Diane" de Carmen Jaquier et Jan Gassmann, coproduction RTS, avec Dorothée de Koon, Aurore Clément, Omar Ayuso et Roland Bonjour. A voir sur les écrans romandes depuis le 20 mars 2024.

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