En 2055, Steevyshady (Bilal Hassani), youtubeur hyper botoxé, raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour (Louiza Aura), du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers précipitée par son histoire d’amour avec l'icône punk Billie Kohler (Gio Ventura). Pendant un demi-siècle, elles ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs.
"Les reines du drame" est une célébration de l'identité queer et de l'amour sous toutes ses formes. Alexis Langlois, qui a tourné pendant quinze ans des courts métrages, a réalisé son permier long métrage avec une équipe majoritairement queer, devant et derrière la caméra. "Nous n'avons pas eu la parole pendant très longtemps, explique-t-il. Tourner avec ces personnes-là était une volonté politique et une manière de célébrer leurs talents", explique-t-il dans Question genre du 25 octobre.
Le réalisateur a choisi de faire une comédie musicale, un genre qu'il apprécie. "Ce que j'aime particulièrement, c'est que tout ce qu'on croit être artificiel est une manière d'aller directement vers le cœur des protagonistes. Ce n'est jamais gratuit: une chanson reflète toujours l'intériorité et les émotions des personnages".
La force de la norme
Dans "Les reines du drame", Mimi Madamour ne peut pas concilier son identité de lesbienne avec sa passion pour la musique. Elle est forcée de choisir entre les deux et ne peut donc être véritablement elle-même. Son amoureuse punk, Billie Kohler, s'affranchit quant à elle des normes patriarcales et adopte un rapport au monde radicalement différent. Mais au final, la plus libre des deux n'est peut-être pas celle que l'on croit.
Certains progrès ne sont jamais vraiment acquis, rappelle Alexis Langlois. "L'énorme force de la norme peut nous broyer, comme elle détruit d'ailleurs les deux amoureuses dans le film. Il faut trouver des espaces et des manières différentes d'aimer, pour essayer de ne pas se faire broyer par la norme. Car même si on pense ne pas la subir, on la subit toujours", souligne le réalisateur.
Propos recueillis par Christine Gonzalez
Adaptation web: Melissa Härtel
"Les reines du drame" d'Alexis Langlois, à voir au GIFF, à Genève, le 2 novembre 2024 puis en décembre au cinéma Spoutnik, à Genève.
Coup d'envoi de la 30e édition du GIFF
Les portes de la 30e édition du Geneva International Film Festival (GIFF) ouvrent ce vendredi 1er novembre avec la première suisse de "Piece by Piece", un biopic d’animation musical retraçant la vie et la carrière de l'artiste Pharrell Williams.
Cette projection très attendue sera accompagnée des interventions de Christina Kitsos, Maire de Genève, Pascal Crittin, Directeur de la Radio Télévision Suisse ainsi que Rebecca Irvin, Présidente de la fondation GIFF et Anaïs Emery, Directrice générale et artistique du Festival. La cérémonie sera modérée par la journaliste Muriel Siki.
Le début de Festival est également marqué par la présence de plusieurs invités prestigieux, à l’instar de la réalisatrice, productrice et scénariste Ava DuVernay qui recevra le prix Film & Beyond le 3 novembre, et le cinéaste visionnaire français Leos Carax qui participera à une rare conférence le 7.
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D’autres grands noms du cinéma fouleront les allées du Festival, comme Louis Garrel, Kirill Serebrennikov, Niels Schneider, Noémie Merlant, Valeria Golino, Valeria Bruni-Tedeschi ou encore le réalisateur suisse Pierre Koralnik.