Sylvia (Jessica Chastain) mène une vie simple, structurée par sa fille, son travail d'assistante sociale et ses réunions des AA (alcooliques anonymes). Un soir, après une fête d'anciens élèves de son lycée, Sylvia est suivie par un homme, Saul (Peter Sarsgaard), frappé d'amnésie à cause d'une forme de démence. Sylvia, qui donne quant à elle l'impression qu'elle aurait bien voulu ne pas se souvenir des traumatismes qui ont ravagé son enfance et son existence, va se rapprocher de Saul.
Avec "Memory", le réalisateur mexicain Michel Franco, à qui l'on doit notamment "Después de Lucía" ou "Chronic", signe un film doux, délicat et poignant sur le travail de mémoire, comme son titre l'indique. La mémoire de cet homme malheureux de l'avoir perdue, et de cette femme malheureuse de l'avoir encore.
Présenté en avant-première à la Mostra de Venise en 2023 où Peter Sarsgaard a remporté la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine, ce film raconte comment se crée une relation de résilience commune entre ces deux êtres.
D'une beauté simple
Habitué à un travail plus froid et distancié avec des personnages plutôt misanthropes, voire sadiques, Michel Franco donne à voir avec "Memory" un film plein d'empathie et de douceur dans un style qu'on lui connaît moins.
"Pour son premier long métrage américain, j'ai eu l'impression qu'il changeait un tout petit peu de regard, ce qui fait du bien. Il y a une relative distanciation dans le cadre, il n'en fait pas des tonnes", souligne Rafael Wolf, critique cinéma pour la RTS, dans le débat cinéma de Vertigo du 29 mai.
Des scènes d'une beauté simple, épurées et évitant le pathos, font de "Memory" un film qui, même s'il manque de surprise selon Rafael Wolf, embrasse néanmoins parfaitement son sujet.
Lara Donnet
"Memory" de Michel Franco, avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard. A voir dans les salles romandes depuis le 29 mai 2024.