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"Les femmes au balcon", la comédie horrifique et féministe de Noémie Merlant

Une image du film "Les femmes au balcon" de et avec Noémie Merlant. [DR]
Une image du film "Les femmes au balcon" de et avec Noémie Merlant. - [DR]
Noémie Merlant est actrice, mais aussi réalisatrice. Après "Mi iubita, mon amour" en 2021, la Française signe son deuxième long métrage intitulé "Les femmes au balcon", sorti le 11 décembre. Une comédie horrifique aux scènes sanglantes jubilatoires avec Souheila Yacoub et Sanda Codreanu.

Trois femmes, Ruby, cam-girl (la Genevoise Souheila Yacoub), Elise, actrice (Noémie Merlant), et Nicole, écrivaine (Sanda Codreanu), se retrouvent dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante avec comme seule quête, leur liberté.

"J'aime bien dire, parce que c'est un peu une réalité, que j'avais envie d'écrire une histoire d'amour. Et que finalement, par la force des choses, et la vérité de mon vécu, de nos vécus, cette histoire d'amour s'est finalement transformée en film d'horreur sur l'amitié et la sororité", indique la réalisatrice Noémie Merlant dans l'émission Vertigo du 10 décembre.

Un film qui s'autorise tout

"Les femmes au balcon", deuxième long métrage de la comédienne ("Portrait d'une jeune fille en feu", "Emmanuelle" ou encore "Lee Miller") et réalisatrice, évoque ainsi les violences sexistes, sexuelles, les abus, puis une libération. "J'ai fait 'Portrait de la jeune fille en feu' [film de Céline Sciamma sorti en 2019 qui raconte une histoire d'amour lesbienne au XVIIIe siècle en Bretagne] qui a changé mon regard sur beaucoup de choses, y compris sur les dynamiques de notre société patriarcale, sur le rôle que je joue aussi dedans en tant que femme bloquée dans un rôle (...)", raconte Noémie Merlant.

Un jour, la cinéaste décide de fuir ce rôle qu'elle joue, de "s'enfuir de tout" et d'aller se "réfugier" chez des amies. Elle découvre et expérimente pour la première fois une manière totalement nouvelle d'occuper l'espace, d'aborder son corps et d'exprimer ses idées et ses traumatismes dans un environnement qui n'est pas soumis au regard masculin. "Je peux déborder. De cette sensation-là me vient l'idée de faire ce film. Dès le départ, je sais que ce sera une comédie et que ce sera aussi un mélange des genres. Un film qui, comme ses personnages féminins, s'autorise tout", explique la réalisatrice.

L'actrice et réalisatrice Noémie Merlant. [Hans Lucas via AFP - Benoit Pavan / Hans Lucas]Hans Lucas via AFP - Benoit Pavan / Hans Lucas
L'invitée : Noémie Merlant "Les femmes au balcon" / Vertigo / 27 min. / mardi à 17:06

Expérimenter la liberté

Dans le film de Noémie Merlant, le balcon représente un pont entre l'intimité des trois femmes, l'appartement dans lequel elles peuvent être elles-mêmes, et l'espace public, la rue. En face, un voisin, objet de désir, représente un clin d'oeil de la réalisatrice au film "Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock (1954).

Noémie Merlant dévoile dans son film trois femmes, Elise, Ruby et Nicole, libres d'être comme elles veulent être, protégées par le cocon de cet appartement. Des personnages bien loin d'une image lisse de Marylin Monroe, mais que la réalisatrice a voulus colorés, vulgaires et même flatulents parfois.

La cinéaste française souligne: "Pour qu'on expérimente la liberté, il faut réellement ouvrir les frontières, les cadres et s'autoriser ce qui nous fait plaisir (...) Pour moi, ça passait forcément par le droit d'être tout, de déborder de couleurs, d'avoir des décors improbables, des mouvements de caméra complètement farfelus. Qu'on s'autorise tout pour expérimenter cette liberté et surtout la vulgarité, souvent autorisée au masculin et pas au féminin".

A la comédie presque almodovarienne, l'humour et l'absurde, la réalisatrice associe du gore, du sang et de l'horreur, mais aussi du fantastique. Le cinéma est un espace de liberté pour Noémie Merlant qui "était toujours bonne élève et ne laissait rien dépasser".

Avec "Les femmes au balcon", la cinéaste a voulu faire un film qui ose tout sur le sujet difficile des violences faites aux femmes: "Je voulais que ce film soit une ouverture à la discussion, une prise de conscience. Forcément, il va diviser, mais le but n'est pas là, au contraire".

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: Lara Donnet

"Les femmes au balcon" de Noémie Merlant, avec Souheila Yacoub et Sanda Codreanu. A voir dans les salles romandes depuis le 11 décembre 2024.

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