Banner composé de sept affiches de films de Claude Zidi. [AFP]
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Retour sur sept films de Claude Zidi, roi de l'humour potache qui fête ses 90 ans

>> A l'occasion de son 90e anniversaire, ce 25 juillet, retour sur sept films (un choix difficile) de Claude Zidi qui ont marqué sa carrière et l'histoire du cinéma populaire français.

>> Roi de la comédie française un peu lourdaude, Claude Zidi a réalisé 25 longs métrages entre 1971 et 2003, collaborant avec de nombreux acteurs et actrices français en vue: Louis de Funès, Pierre Richard, Coluche, Thierry Lhermitte, Annie Girardot, Jean-Paul Belmondo, Philippe Noiret, Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Christian Clavier, Jacques Villeret...

>> Troisième au classement des réalisateurs français ayant généré le plus d'entrées au cinéma depuis 1945 (plus de 80 millions) et malgré d'immenses succès populaires comme "L'aile ou la cuisse", "Les sous-doués", "Astérix et Obélix contre César", ses films ont souvent été méprisés par la critique. Les seules récompenses de sa carrière sont deux César reçus en 1985 pour "Les ripoux".

Andréanne Quartier-la-Tente

Une information traitée dans l'émission Vertigo du 24 juillet 2024.

"Les bidasses en folie" (1971)

Premier film, premier succès

Après avoir travaillé comme chef opérateur sur les plateaux des plus grands cinéastes français, Claude Zidi se lance dans la réalisation de son premier film en 1971. Il choisit de tourner avec les Charlots, un groupe de musiciens humoristiques français qui ont fait leurs premiers pas au cinéma une année auparavant.

"Les bidasses en folie" met en scène cinq jeunes gens passionnés de musique qui fondent un groupe de pop et gagnent un radio-crochet. Mais les voilà convoqués pour leur service militaire. Ils se présentent donc à la caserne, où ils sont dirigés par le sergent Bellec. Autoritaire, ce dernier entend bien leur mener la vie dure, mais les cinq acolytes enchaînent gaffe sur gaffe, avec une mauvaise volonté évidente.

Ce premier film est déjà une première réussite pour Claude Zidi. Sa comédie remporte un grand succès populaire avec près de sept millions de spectateurs et une deuxième place au box-office français en 1971, ce qui incite le réalisateur à persévérer dans ce type d'humour potache.

"La moutarde me monte au nez" (1974)

Pierre Richard dans son costume de super gaffeur

Pierre Durois (Pierre Richard) est professeur dans un pensionnat. Sur son temps libre, il rédige les discours de son père, en pleine élection électorale, ou des articles pour son ami Patrick, un critique de spectacles. Un jour, ses élèves intervertissent le contenu de ses dossiers et Pierre se retrouve dans une série de situations cocasses et déconcertantes. 

Pour "La moutarde me monte au nez", Claude Zidi associe Pierre Richard et Jane Birkin. Suite au succès du "Grand blond avec une chaussure noire" en 1972, l'acteur français est considéré comme l'une des plus grandes vedettes du cinéma français comique du moment. Pour ce film, Claude Zidi laisse le champ libre au jeu de Pierre Richard qui reprend une fois de plus son personnage maladroit et lunaire.

"La moutarde me monte au nez" fait 3,7 millions d’entrées et se place dixième au box-office de l'année après être resté cinq semaines à la première place. Pierre Richard, Jane Birkin et Claude Zidi se retrouveront un an plus tard pour le film "La course à l’échalote".

"L'aile ou la cuisse" (1976)

De Funès et Coluche, un duo inédit

Critique culinaire renommé et redouté, Charles Duchemin (Louis de Funès) rêve que son fils Gérard (Coluche) reprenne le flambeau. Mais celui-ci n’a qu’un désir: devenir clown. Le critique, grand défenseur de la gastronomie française, entre par ailleurs en conflit ouvert avec Jacques Tricatel (Julien Guiomar), le patron d’une très importante usine alimentaire industrielle de mauvaise qualité.

Pour ce film, Claude Zidi s'est inspiré du problème naissant de la malbouffe. Il arrive à convaincre Louis de Funès de prendre le rôle principal, malgré ses problèmes de santé récurrents suite à sa récente crise cardiaque.

>> A écouter, l'émission Travelling consacrée au film "L'aile ou la cuisse" :

Coluche et de Funès dans "L'Aile ou la Cuisse" [© Les Films Christian Fechner / Collection ChristopheL/afp]© Les Films Christian Fechner / Collection ChristopheL/afp
L'aile ou la cuisse / Travelling / 53 min. / le 21 décembre 2014

Pour le rôle du fils, le réalisateur pense d'abord à Pierre Richard, mais suite à son refus, c'est Coluche qui endosse le costume de Gérard. Le jeune humoriste n’a eu que quelques petits rôles au cinéma jusque là. "L'aile ou la cuisse" réunit pour la seule fois sur grand écran ces deux monstres de l'humour français.

A sa sortie, et malgré des critiques plutôt tièdes, le film fait 5,8 millions d'entrées en France et devient le film français numéro un du box-office en 1976 et le deuxième tous films confondus, derrière "Les dents de la mer" de Spielberg. Aujourd'hui, "L'aile ou la cuisse" est très souvent le premier cité dans les classements des films les plus appréciés du réalisateur.

Il est gouleyant. Il a de la cuisse, il attaque sèchement le palais, il manque pas de retour. Vous pouvez servir.

Gérard Duchemin (Coluche) dégustant du vin dans "L'aile ou la cuisse"

"L'animal" (1977)

Belmondo en cascadeur maladroit

Michel Gaucher (Jean-Paul Belmondo) est probablement le pire cascadeur du cinéma: maladroit et bon à rien, il n'arrête pas d'enchaîner les gaffes. Sa compagne américaine (Raquel Welch) pratique le même métier et ne supporte plus ses catastrophes. Alors qu'ils sont sur le point de se marier, Jane le quitte pour un comte...

Plus personne ne veut engager Michel. Mais la chance va lui sourire lorsque Bruno Ferrari (encore Jean-Paul Belmondo), la star du moment à laquelle Michel ressemble, annonce qu'il souffre de vertiges. Engagé pour réaliser des cascades à sa place, il va tout faire pour que Jane soit également embauchée et retourne dans ses bras.

Produit par Christian Fechner, qui vient de connaître des triomphes au box-office lors de ses cinq précédentes collaborations avec Claude Zidi, "L'animal" est basé sur cette idée d'opposer deux Belmondo: l'un gentil et audacieux et l'autre, bellâtre efféminé.

Comme c'est son habitude, Jean-Paul Belmondo effectue lui-même les cascades du film avec quelques blessures à la clé: foulure de la cheville, déchirure à la jambe, entorse, mais aussi une morsure à l'oreille lors du corps à corps avec le tigre.

Gros succès auprès du public avec plus de trois millions d'entrées en France, "L'animal se classe à la cinquième position de l'année au box-office. Cela permet à Belmondo de renouer avec le succès après quelques échecs.

>> A écouter, l'émission Travelling consacrée au film "L'animal" :

2013. L'animal [RTS/ [DR]]RTS/ [DR]
"Lʹanimal", Claude Zidi, 1977 / Travelling / 54 min. / le 2 août 2021

"Les sous-doués" (1980)

Un nanard devenu culte

Les élèves d'une boîte à bac sont réputés pour être des fainéants et d'invétérés farceurs. Leur lycée est même dernier du classement au baccalauréat avec 100% de recalés à l'examen. Après une plaisanterie qui tourne mal, les trublions se retrouvent obligés d'obtenir leur bac et vous devoir ruser et tricher, s'ils ne veulent pas finir en prison.

Film à l'humour potache par excellence, "Les sous-doués" réunit, entre autres, Daniel Auteuil (Bébel, un étudiant), Maria Pacôme (la directrice) et Michel Galabru (le commissaire).

Avec près de quatre millions d'entrées et une quatrième place au box-office 1980 en France, c'est encore une réussite pour Claude Zidi. Et preuve que ça plaît toujours, il est le 16e film le plus diffusé à la télévision française entre 1957 et 2023, selon une étude du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).

Il sera suivi d'un deuxième volet "Les sous-doués en vacances" en 1982.

Moi, mon avenir est tout tracé. Bac ou pas bac, je serai ministre au minimum.

Togo (Honoré N'Zué), élève du cours Cours Louis XIV

"Les ripoux" (1984)

Comédie policière avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret

René (Philippe Noiret), vieux flic adepte des arrangements "à l'amiable" avec les petits truands pour arrondir ses fins de mois, se voit adjoindre comme coéquipier François (Thierry Lhermitte), un jeunot frais émoulu de l'école de police qui ne jure que par le Code pénal.

René utilisera toutes les ficelles du métier pour faire basculer François du mauvais côté de la loi, en commençant par le mettre en relation avec une call-girl, du nom de Natacha (Grace de Capitani).

>> A écouter, L'émission Travelling consacrée au film "Les ripoux" :

Une image tirée du film "Les Ripoux" de Claude Zidi. [Films 7 / Collection ChristopheL via AFP]Films 7 / Collection ChristopheL via AFP
Les Ripoux, Claude Zidi, 1988 / Travelling / 56 min. / le 23 avril 2023
Le réalisateur français Claude Zidi, lauréat du Prix saluant l'ensemble d'une carrière lors du Monte-Carlo Film Festival de la comédie en 2007. [Keystone - Lionel Cironneau]
Le réalisateur français Claude Zidi, lauréat du Prix saluant l'ensemble d'une carrière lors du Monte-Carlo Film Festival de la comédie en 2007. [Keystone - Lionel Cironneau]

Inspirée de faits réels, cette comédie qui réunit le duo de choc Noiret et Lhermitte est vue par six millions de spectateurs et monte sur la 2e place du box-office annuel. Comédie, certes, mais moins potache que la plupart de ses autres films, "Les ripoux" permet enfin à Claude Zidi d'être récompensé par le milieu cinématographique français.

Le film gagnera en 1985 deux César, celui du meilleur film et celui de meilleur réalisateur. Il ne recevra pas d'autres prix d'importance durant sa carrière, mais sera tout de même honoré en 2007 d'un Prix saluant l'ensemble d'une carrière lors du Monte-Carlo Film Festival de la comédie.

"Les ripoux" donna lieu à deux suites: "Ripoux contre ripoux" (1990) puis "Ripoux 3" (2003).

"Astérix et Obélix contre César" (1999)

Première adaptation en prise de vues réelles de la bande dessinée

Sorti en 1999, "Astérix et Obélix contre César" de Claude Zidi est la première adaptation cinématographique en prise de vues réelles de la série de bandes dessinées "Astérix", écrite par Albert Uderzo et René Goscinny.

Résistant encore et toujours à l'envahisseur grâce à la potion magique préparée par leur druide Panoramix, les habitants du petit village d'Armorique, Astérix et Obélix en tête, défient César en s'emparant de l'impôt récolté au profit de Rome.

La distribution comprend des acteurs bien connus, dont Christian Clavier (Astérix), Gérard Depardieu (Obélix), Michel Galabru (Abraracourcix), Roberto Begnini (Lucius Detritus) et Laetitia Casta (Falbala). A noter aussi, la collaboration avec Jean-Jacques Golman qui compose la bande originale.

Doté d’un budget d’environ 42 millions d’euros – ce qui en fait le film français le plus coûteux jamais réalisé à l’époque -, le film se hisse à la première place du box-office français en 1999 avec près de neuf millions de spectateurs. Et cela, malgré des critiques, une fois de plus, pas très bonnes.