"La zone d'intérêt" ("The Zone of Interest") de Jonathan Glazer
Jonathan Glazer parvient à offrir une vision nouvelle de la Shoah en adoptant le point de vue de la famille du chef de camp d'Auschwitz qui mène une vie bourgeoise aux abords des horreurs du génocide.
Un film radical, estomaquant, sidérant, qui, en plus de donner un visage à la banalité du mal, souligne la voracité d'un système capitaliste qui se nourrit des morts qu'il engendre.
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"Anora" de Sean Baker
Une Palme d'or peut-être moins spectaculaire, certainement moins ronflante et ostentatoire que d'autres. Un faux conte de fées à la "Pretty Woman" qui épouse l'énergie volcanique d'une strip-teaseuse de Brooklyn, sorte de Cendrillon moderne dont les rêves de prince charmant explosent en éclats. Le film le plus ébouriffant de l'année, porté par des marginaux que le cinéaste filme avec une empathie prodigieuse.
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"Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof
Cinéaste iranien dissident qui a fui son pays afin d'échapper à une lourde peine de prison, Rasoulof signe un film d'une ampleur et d'une complexité exemplaires. Et révèle, à travers une cellule familiale tiraillée au moment des contestations populaires de 2022, toutes les tensions de l'Iran actuel.
Un drame puissant flirtant avec le thriller paranoïaque, qui oppose un trio féminin à une figure de patriarche, symbole du régime dans son entier.
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"N'attendez pas trop de la fin du monde" de Radu Jude
Portrait au vitriol de la Roumanie contemporaine, le très caustique film du réalisateur Radu Jude s’affirme comme un maelstrom radical qui alterne comédie noire, road-movie, fable absurde et satire du capitalisme. Un patchwork décapant pour le film le plus punk de 2024.
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"May December" de Todd Haynes
Duel fascinant entre Natalie Portman et Julianne Moore dans cette œuvre insidieuse où une actrice s'immisce dans la vie de celle qu'elle s'apprête à incarner à l'écran. Un film à cheval entre comédie de mœurs inspirée d'une affaire de pédocriminalité réelle et satire grinçante sur l'art de la représentation, sur le vrai et le faux, l'interprète et son modèle.
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"Juré N°2" de Clint Eastwood
Un thriller judiciaire d’une précision rare qui creuse le dilemme moral d’un juré confronté à une affaire de meurtre dont il pourrait bien être le responsable. Ou quand la vérité s'oppose à la justice. Clint Eastwood à son sommet pour son quarantième film, le meilleur depuis une décennie.
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"Emilia Perez" de Jacques Audiard
Parvenant encore une fois à réinventer son propre cinéma, à l'aune de sujets sociaux ultra-contemporains, Jacques Audiard signe un grand film trans, qui brasse les genres (polar, comédie musicale, mélodrame) et filme la mue bouleversante d'un baron de la drogue en sainte madone.
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"Le mal n'existe pas" de Ryusuke Hamaguchi
Sur le mode minimaliste et poétique caractéristique de son cinéma, le réalisateur japonais atteint ici un niveau de pureté inouïe en posant sur la nature un regard réellement écologiste, très éloigné des discours creux. Une fable d’une splendeur totale, tout en non-dit et en suggestion, où l’harmonie entre les êtres et leur environnement ne cesse d’être interrogée.
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"Le roman de Jim" d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Sur plus de vingt ans, le récit poignant d'un homme qui passe les dix premières années de la vie de Jim à élever le garçon, dont il n’est pas le géniteur, avant de se voir écarter de son existence. Le lien paternel aura rarement été montré de manière aussi profonde que dans ce film d’une beauté douloureuse, porté par un acteur incomparable: Karim Leklou.
"Le royaume" de Julien Colonna
Autre sublime relation filiale dans ce drame quasi mythologique où la fille d'un chef de clan corse est rattrapée par la violence inhérente au mode de vie de son père. Le soleil brûle tout sur son passage, magnifié par une image qui restitue la dureté calcaire d’une île dominée par la mort. Sublime et vibrant.
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Rafael Wolf