"Vingt dieux", un western rural jurassien signé Louise Courvoisier

A 18 ans, Totone vit dans l'insouciance de son âge dans un village du Jura français. Mais la mort de son père le contraint à prendre ses responsabilités pour s'occuper notamment de sa sœur de sept ans.

Comme le suggère le titre du film de Louise Courvoisier en forme de juron local - "Vingt dieux" - l'entrée dans le monde des adultes ne va pas se faire tout seule pour ce fils de fromager. Pour s'en sortir financièrement, le jeune homme se met en tête de fabriquer le meilleur comté de la région afin de gagner le concours agricole et les 30'000 francs qui vont avec.

Sorte de récit initiatique, on suit dans "Vingt dieux" le parcours de Totone, entre la fabrication du comté, les soirées avec les copains, sa relation avec sa petite soeur dont il a la charge et celle avec son amoureuse Marie-Lise. A l'image du fromage qu'il fabrique, - autre "personnage" principal du film -, qui nécessite de longs mois d'affinage, il faudra du temps à Totone pour grandir et gagner confiance en lui.

Un hommage à la jeunesse rurale

Auréolé du Prix de la jeunesse au Festival de Cannes 2024, "Vingt dieux" est le premier long métrage de Louise Courvoisier, réalisatrice de trente ans née à Genève et ayant grandi dans une ferme à Cressia, un village du Jura français.

Et c'est dans cette campagne jurassienne qu'elle connaît si bien qu'elle a voulu planter l'action de son premier film. "J'avais envie de parler de cette jeunesse rurale que j'ai côtoyée, avec laquelle j'ai grandi, et dont on parle rarement", explique-t-elle dans l'émission Vertigo du 11 décembre. Et pour être aussi crédible que possible, elle a choisi de travailler avec des habitants et habitantes de la région plutôt qu'avec des acteurs professionnels.

"Je n'avais pas envie de tricher sur l'incarnation des personnages. J'avais envie qu'on puisse entendre ces accents qu'on n'entend jamais", relève Louise Courvoisier qui évoque aussi avoir voulu des "physiques" et une manière de bouger, difficiles à obtenir autrement.

>> A écouter, l'interview de Louise Courvoisier "Vingt dieux" :

AFP - STEPHANE DE SAKUTIN

Un choix qui a ses avantages, mais qui a également apporté quelques difficultés pour la jeune réalisatrice: "Je ne savais pas comment j'allais réussir à m'en sortir pour guider ces jeunes qui n'avaient jamais joué. Ça a été beaucoup de travail et il a fallu un très long casting pour trouver ceux et celles qui ressemblaient vraiment à mes personnages et qui étaient à l'aise devant une caméra."

Ainsi Clément Faveau, qui joue Totone, travaille dans un élevage de poulets et Maïwène Barthelemy, qui joue le rôle de sa petite amie, a été repérée dans un lycée agricole. Quant à la petite soeur de Totone, c'est Luna Garret, une fille que la réalisatrice a vu grandir dans son village, qui a obtenu le rôle.

Loin d'être un feel good movie comme on pourrait s'y attendre, "Vingt dieux" pourrait être défini comme un western rural dont la force résiste dans ce regard que porte la réalisatrice sur sa région et ses habitants.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web : Andréanne Quartier-la-Tente

"Vingt dieux" de Louise Courvoisier, avec Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret. A voir dans les salles romandes depuis le 11 décembre 2024.