"Kill Bill", la sanglante vengeance d'une mariée selon Quentin Tarantino

Grand Format Cinéma

Collection ChristopheL via AFP - MIRAMAX / A BAND APART

Introduction

Une mariée - laissée pour morte - se venge en dézinguant ses anciens collègues tueurs à gage. "Kill Bill", film de genre réalisé en deux parties par Quentin Tarantino, fête ses vingt ans. L'occasion de le (re)voir à la Cinémathèque ce vendredi 11 octobre et durant tout le mois sur Play RTS.

Chapitre 1
La revanche d'une blonde

Collection ChristopheL via AFP - MIRAMAX FILMS / A BAND APART

Tout commence dans une chapelle perdue au milieu du désert texan. L'image a beau être en noir et blanc, on devine le carnage. Des corps, partout, du sang, une mariée enceinte qui se fait tirer une balle en pleine tête et survit miraculeusement à ses blessures. Après quatre ans de coma, elle se réveille. Bouleversée par la perte de son enfant, elle décide de se venger.

Sauf que la mariée, Beatrix Kiddo, n'est pas une personne ordinaire. Ancienne tueuse à gage, membre d'une organisation secrète, le Détachement International des Vipères Assassines, Beatrix manie les armes et ses poings comme personne. Son unique but est désormais de se venger des cinq personnes qui ont ruiné sa vie: son ancienne partenaire Vernita Green, la reine de la pègre O-Ren Ishii, le répugnant Budd, la glaçante Elle Driver, sans oublier le fameux Bill, ex-compagnon et père de son enfant.

Film de vengeance construit en dix chapitres, "Kill Bill" est un tour de force esthétique, superposant les narrations et les styles. Patchwork de références aux films de kung-fu chinois, aux films hong-kongais d'arts martiaux, aux chanbaras japonais (l'équivalent de nos films de cape et d'épée), aux westerns spaghetti, aux mangas et aux polars, "Kill Bill" est une véritable déclaration d'amour de Quentin Tarantino aux films qui ont baigné son enfance et son adolescence.

Chapitre 2
Naissance du film

Collection ChristopheL via AFP - MIRAMAX FILMS / A BAND APART

L'idée de "Kill Bill" germe en 1994, lors du tournage de "Pulp Fiction". A cette période, Quentin Tarantino et Uma Thurman ont l'idée d'un film épique qui mêlerait western, film de samouraï et de kung-fu, avec une héroïne sans peur et sans reproche.

Mais au sortir de "Pulp Fiction" arrive "Jackie Brown" en 1997. Le temps passe et Uma Thurman n'entend plus parler de Quentin Tarantino. Le réalisateur américain n'a pourtant pas chômé. Il planche sur deux scénarios. Le premier deviendra un projet pharaonique, "Inglourious Basterds", une histoire de guerre dans une France sous occupation. Le second n'est pas très clair, mais le hasard fait bien les choses. En 2000, Uma Thurman et Quentin Tarantino se revoient lors d'une fête et reparlent du projet. Le réalisateur américain retrouve les huit pages de script qu'il avait déjà écrites et qui racontent l'histoire d'une femme en colère qui cherche à se venger.

Un an et demi plus tard, avec ses 202 pages, le scénario est devenu aussi volumineux qu'un annuaire. Quentin Tarantino veut faire un film d'action. En dix ans de carrière, il ne s'y est jamais frotté, or c'est la forme qu'il considère comme la plus pure du cinéma. Pour étoffer son scénario, le réalisateur américain regarde plusieurs films de kung-fu par jour, ainsi que des films de sabres japonais.

Chapitre 3
Un casting de haut vol

Collection ChristopheL via AFP - MIRAMAX / A BAND APART

Pour incarner l'héroïne du quatrième long métrage de Tarantino, le nom d'Uma Thurman s'impose rapidement, d'autant plus qu'elle est à l'origine du projet. Sauf qu'en 2001 la comédienne est enceinte. D'autres noms circulent pour la remplacer tels que celui de Patricia Arquette. Impossible rétorque Tarantino, ce sera "Uma et personne d'autre". Les six mois de congé maternité de la comédienne serviront à finaliser les préparatifs du tournage.

Pour incarner les autres femmes fortes et sans pitié du film, outre Vivica A. Fox, le choix s'est porté sur Lucy Liu pour jouer O-Ren Ishii et Daryl Hannah pour Elle Driver, la blonde borgne, ennemie jurée de Beatrix Kiddo, qui a pris sa place dans le cœur et la couche de Bill.

L'acteur David Carradine, le fameux Bill de "Kill Bill" [Photo12 via AFP]
L'acteur David Carradine, le fameux Bill de "Kill Bill" [Photo12 via AFP]

Côté masculin, Michael Madsen, déjà vu dans "Reservoir Dogs" incarne Budd. Quant au fameux Bill, il est joué par une ancienne star du petit écran: David Carradine, connu pour son rôle de moine shaolin dans la série "Kung Fu". Deux autres acteurs légendaires du cinéma d'arts martiaux complètent le casting: le japonais Sonny Chiba et le chinois Gordon Liu.

Chapitre 4
Amour des arts martiaux

Collection ChristopheL via AFP - MIRAMAX / A BAND APART

"Kill Bill" est un film de genre truffé de références cinématographiques. Le premier volume est un hommage avoué aux films de sabre japonais. On y trouve des références aux séries d'action asiatiques des années 1970 et à la série américaine "Le frelon vert". La combinaison jaune portée par Uma Thurman est également un clin d'œil à celle de Bruce Lee dans "Le jeu de la mort".

Le second volume s'apparente davantage au western spaghetti. Les références iconiques se tournent du côté de Sergio Leone et François Truffaut.

L'actrice Lucy Liu dans le film "Kill Bill volume I" [Photo12 via AFP]
L'actrice Lucy Liu dans le film "Kill Bill volume I" [Photo12 via AFP]

Les comédiens et comédiennes n'étant pas tous au fait des arts martiaux, des mois d'entraînement leur seront nécessaires pour parvenir à se battre, à utiliser des sabres, à sauter, plonger, voler, être légers. Les matinées sont consacrées au stretching, aux exercices d'arts martiaux et aux répétitions des chorégraphies de combats. Les après-midis sont dédiées au renforcement musculaire. Pendant ce temps, on construit les décors, on fabrique les costumes.

Le tournage débute en juin 2002 en Chine. Il se poursuit l'été au Japon et se termine avec un retour à Los Angeles à l'automne, sur la côte ouest et au Mexique. Au total, "Kill Bill" nécessite 155 jours de tournage. La scène de combat finale entre Beatrix et Bill prend à elle seule huit semaines de prises.

Chapitre 5
Une bande originale culte

Photo12 via AFP

Le spectateur lambda l'aura sûrement déjà remarqué. Dans un film de Tarantino, la musique est aussi importante que l'image. Ses bandes originales sont un condensé de tout ce que le réalisateur aime et imagine pour accompagner les actions. Sur le tournage, il fait même jouer les scènes aux comédiens en diffusant la musique idoine.

Mais à la différence de ses autres films, où il n'utilisait que de la musique de répertoire déjà composée, il engage cette fois, le rappeur-producteur du Wu-Tang Clan, RZA pour composer une partition originale. En plus de la musique de RZA, Quentin Tarantino intègre également ses coups de coeur musicaux: Nancy Sinatra, Charlie Feathers, Isaac Hayes ou encore le joueur de flûte de pan Gheorghe Zamfir.

 L'ensemble de la musique, c'est-à-dire du morceau adéquat avec l'image adéquate, je pense vraiment que c'est la chose la plus excitante que vous pouvez faire dans un film. Il y a une raison pour laquelle les gens s'en souviennent en regardant mes films, c'est que quand vous faites les choses justes vous faites quelque chose de vraiment mémorable.

Quentin Tarantino

Chapitre 6
Accueil du film contrasté

AFP - FRANCOIS GUILLOT

Etant donné la longueur du film, décision est prise de le couper en deux parties. "Kill Bill volume I" et "Kill Bill volume II" sortent à six mois d'écart, suscitant méfiance, haine ou alors enthousiasme absolu de la part des médias et des cinéphiles du monde entier.

>> A écouter, l'émission Travelling consacrée aux deux volumes du film "Kill Bill" :

Uma Thurman dans le film "Kill Bill" (2003) de Quentin Tarantino. [AFP - Miramax Films / A Band Apart / Collection ChristopheL]AFP - Miramax Films / A Band Apart / Collection ChristopheL
Travelling - Publié dimanche à 10:03

En 2003, lors de la sortie du premier volume, la critique n'est pas tendre. Capharnaüm, indigestion, western spaghetti, gore guacamole, manga, film d'infirmières, blaxploitation, pulp, Z, polar érotique, trash, revenge, kung-fu, film de samouraïs, sont les mots que l'on trouve le plus écrits dans la presse. Il faut savoir que les attentes étaient grandes vis-à-vis du petit génie américain, Palme d'or à Cannes pour "Pulp Fiction", quelques années auparavant.

A la sortie du deuxième volume, moins sanglant et plus facile à suivre, les critiques sont plus favorables. Le film entre toutefois dans la légende du cinéma. Ses références, ses costumes devenus cultes comme l'habit jaune d'Uma Thurman, l'obsession du cinéaste pour les pieds, chaussés ou pas, et le sang qui gicle partout.

Quentin Tarantino est un cinéaste rouge qui aime quand ça éclabousse. A tel point qu'il image un troisième volet à "Kill Bill". Une nouvelle histoire de vengeance qui ne se fera jamais.

"Kill Bill - volumes I et II" est à voir en double projection à la Cinémathèque de Lausanne le vendredi 11 octobre 2024 à 19h.

Les deux volets sont aussi diffusés le samedi 12 octobre sur RTS 1 dès 23h10. Ces deux films seront ensuite disponibles jusqu'au 11 novembre 2024 sur Play RTS.