Les spectateurs et spectatrices de la Piazza Grande de Locarno pendant le 76e festival du film, le 6 août 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
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Les spectateurs plus nombreux à Locarno cette année qu'en 2023

>> L'édition 2024 du Festival du film de Locarno a enregistré une légère hausse (3,5%) du nombre de spectateurs par rapport à l'an dernier. Les plateformes numériques de l'événement ont également connu le succès.

>> Le film "Toxic" de Saule Bliuvaite a remporté samedi le Léopard d'Or de la 77e édition du Festival du film de Locarno. Le film se déroule dans un village industriel sinistre. Pour échapper à sa situation, Maria, 13 ans, s'inscrit dans une école de mannequins, prête à faire de nombreux sacrifices pour perdre quelques kilos afin d'avoir des mensurations parfaites, au péril de sa santé. Il s'agit du premier long métrage de la réalisatrice lituanienne Saule Bliuvaite, 30 ans.

>> La réalisatrice helvético-péruvienne Klaudia Reynicke a remporté le Prix du public. Entre monde rêvé et réalisme, son film "Reinas" ("Les reines") est une chronique familiale qui se déroule dans les années 90 à Lima.

>> La superstar indienne Shah Rukh Khan a reçu le 10 août un prix pour l'ensemble de sa carrière . De nombreux Indiens sont venus du monde entier à Locarno à cette occasion. Pour la vedette de Bollywood, la boucle est bouclée: "j'ai tourné l'un des premiers films indiens en Suisse et je reçois ce prix important en Suisse, à Locarno", a-t-il déclaré.

>> La 77e édition du Festival du film de Locarno s'est tenue du 7 au 17 août 2024. Plus de 220 films dont 104 premières mondiales ont été projetés sur la Piazza Grande et dans les salles. La moitié des films retenus en sélection ont été réalisés par des femmes, dont plusieurs premières oeuvres.

>> Pour sa première édition sous la présidence de Maja Hoffmann, le festival a consacré une large part de son programme au cinéma suisse. Au total, 41 films helvétiques ont été projetés pour l'occasion, un nombre record, dont trois premières mondiales en compétition et cinq sur la Piazza Grande.

>> Plusieurs grands noms du cinéma ont reçu des prix, comme le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, la star de Bollywood Shah Rukh Khan, le réalisateur suisse Claude Barras, les actrices Irène Jacob et Mélanie Laurent, ainsi que le comédien Guillaume Canet.

Suivi de la 77e édition assuré par RTS Culture avec RTS info et agences

12h55

Les spectateurs plus nombreux à Locarno cette année qu'en 2023

L'édition 2024 du Festival du film de Locarno a enregistré une légère hausse (3,5%) du nombre de spectateurs par rapport à l'an dernier. Les plateformes numériques de l'événement ont également connu le succès.

Pendant onze jours, les projections ont attiré un total de 152'000 spectatrices et spectateurs, dont 90'000 dans les salles de cinéma et 62'000 sur la Piazza Grande, a indiqué le Festival dimanche dans un communiqué.

La nouvelle présidente du Festival Maja Hoffmann se dit "extrêmement fière" de cette 77e édition. "Des visions tolérantes et expérimentales nous montrent que c’est en prenant des risques et en explorant des territoires inconnus que nous pouvons bâtir un avenir meilleur", déclare-t-elle dans le bilan final.

"Locarno continue de se démarquer à l’avant-garde du cinéma mondial, en offrant des expériences uniques à son public", estime Maya Hoffmann.

Boom sur les plateformes

Sur le versant professionnel, le nombre d’accréditations, à l’événement physique comme aux contenus en ligne, a augmenté de 6,5%. Le Festival a délivré 4940 accréditations, dont 1884 à des représentants de l'industrie cinématographique, et 793 à des journalistes et photographes.

Locarno77 affiche aussi un bond sur les plateformes numériques du festival. Sur YouTube, il a enregistré une hausse des vues de 265% et de 105% des abonnés. Sa page Instagram a atteint plus de 7,1 millions de personnes pendant la période du festival, soit une augmentation de 6% de nombre de followers.

Léopard d'or

"Toxic" de Saule Bliuvaite distingué

Le film "Toxic" de Saule Bliuvaite a remporté samedi le Léopard d'Or de la 77e édition du Festival du film de Locarno. Il s'agit du premier long métrage de la réalisatrice lituanienne de 30 ans, la plus jeune parmi les 17 concurrents pour la plus haute récompense.

"Toxic" se déroule dans un village industriel sinistre. Pour échapper à sa situation, Maria, 13 ans, s'inscrit dans une école de mannequins, prête à faire de nombreux sacrifices pour perdre quelques kilos afin d'avoir des mensurations parfaites, au péril de sa santé.

La lauréate du Léopard d'or, la réalisatrice lituanienne Saule Bliuvaite, auteure du film 'Akiplesa' (Toxic), le 17 août 2024 à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
La lauréate du Léopard d'or, la réalisatrice lituanienne Saule Bliuvaite, auteure du film 'Akiplesa' (Toxic), le 17 août 2024 à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

"J'ai moi-même grandi dans une zone industrielle sans perspective. Je vivais avec l'idée de m'échapper, non seulement de mon environnement, mais aussi de mon corps", a dit la réalisatrice à Locarno.

La moitié des films retenus en compétition ont été réalisés par des femmes, dont quatre premières oeuvres, résultat d'un choix volontariste. "Il y a un déséquilibre structurel, que l'industrie du cinéma et de l'audiovisuel devrait affronter d'une façon non idéologique. Car ce n'est pas quelque chose qu'on peut résoudre avec des conférences et des séminaires", a dit le directeur artistique Giona A. Nazarro à Keystone-ATS.

En choisissant plusieurs premiers films de réalisatrices, il s'agit d'une déclaration de principe: "Elles ne devront pas faire un deuxième ou troisième film - souvent plus difficile à réaliser que le premier - pour être en compétition, car elles y sont déjà."

>> Les explications du 12h30 sur la parité femmes-hommes au festival :

C'est la fin du 77e Festival du Film de Locarno (TI). [Keystone/EPA - Jean-Christophe Bott]Keystone/EPA - Jean-Christophe Bott
Clap de fin pour la 77e édition du Festival du Film de Locarno durant laquelle les femmes étaient à l’honneur / Le 12h30 / 1 min. / le 18 août 2024

Plusieurs réalisatrices distinguées

Saule Bliuvaite n'est pas la seule réalisatrice mise en avant cette année à Locarno. Le Prix spécial du Jury est décerné à "Mond" de la réalisatrice kurdo-autrichienne Kurdwin Ayub qui s'intéresse à la reconversion d'une championne d'arts martiaux mixtes (MMA). Le MUBI Award – Prix pour un premier long métrage est lui attribué à "Green Line" de la Française Sylvie Ballyot, un documentaire qui plonge dans un Liban traumatisé par la guerre.

Sans oublier le Prix pour la meilleure mise en scène émergente de la Compétition des cinéastes du présent, remis à Denise Fernandes, une cinéaste tessinoise d’origine capverdienne, pour son film "Hanami", qui questionne l'émigration.

Les femmes, mais en particulier les soeurs étaient également au coeur de deux films iraniens, qui auront marqué cette édition: "Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof, avec pour toile de fond les manifestations en Iran il y a deux ans après la mort de l'étudiante Mahsa Amini, et "A Sisters' Tale" (Une histoire de soeurs") de Leila Amini, qui dresse le portrait de sa soeur Nasreen, voulant chanter dans un pays, l'Iran, qui l'interdit.

Béatrice Dalle à l'interview

L'actrice raconte son rôle dans "La Passion de Béatrice"

Béatrice Dalle est à l'écran dans "La Passion selon Béatrice", du Belge Fabrice du Welz, un documentaire présenté dans la section Fuori Concorso du Festival de Locarno. Un film qui parcourt l'Italie sur les traces de Pier Paolo Pasolini, le cinéaste et poète assassiné à Rome en 1975.

A bientôt 60 ans, l'actrice salue au micro de la RTS "l'amour" que le réalisateur a démontré à Pasolini, mais aussi à elle-même.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Dans "La Passion selon Béatrice", l’actrice Béatrice Dalle marche sur les traces Pasolini
Dans "La Passion selon Béatrice", l’actrice Béatrice Dalle marche sur les traces Pasolini / 19h30 / 2 min. / le 17 août 2024

Béatrice Dalle est le personnage principal du film et elle se déplace de ville en ville à la rencontre de personnes qui lui parlent de Pasolini. Autant de rencontres qu'elle n'a pas pas préparées. "Ce sont des rencontres qui ont été filmées et c'est l'improvisation", raconte dans le 19h30 celle qui a fait ses débuts au cinéma avec "37°2 le matin" en 1986.

>> La version longue de l'interview de Béatrice Dalle :

Interview Béatrice Dalle
Interview Béatrice Dalle / L'actu en vidéo / 18 min. / le 17 août 2024

Prix d'interprétation

Cinq acteurs et actrices distingués

Le Festival de Locarno, qui a "dégenré" les prix d'interprétation, les a remis samedi à quatre acteurs et actrices lituaniens, qui jouent dans "Seses" (Drowning Dry/Noyade à sec) et à une actrice sud-coréenne dans "Suyoocheon" (By the stream/Au fil de l'eau).

Deux femmes et deux hommes, qui jouent dans le deuxième long métrage du réalisateur lituanien Laurynas Bareisa "Seses", emportent cette année un prix d'interprétation. Gelmine Glemzaite (F), Agne Kaktaite (F), Giedrius Kiela (H) et Paulius Markevicius (H) s'illustrent dans un récit à la fois cruel et poétique sur deux familles confrontées à une tragédie.

L'actrice sud-coréenne Kim Minhee dans "Suyoocheon" (By the stream) du réalisateur de même nationalité Hong Sangsoo gagne également un prix d'interprétation. Hong Sangsoo est connu pour ses films dramatiques minimalistes à micro-budget qui font la part belle aux conversations, aux rencontres fortuites et aux protagonistes féminins. Il aime également travailler avec un cercle restreint d'acteurs.

Le palmarès complet

Aperçu de toutes les récompenses

Voici un aperçu de toutes les récompenses du 77e Festival du film de Locarno:

Compétition internationale

- Léopard d'Or pour: "Toxic" de Saule Bliuvaite, Lituanie

- Prix spécial du jury: "Mond" (Lune) de Kurdwin Ayub, Autriche

- Prix de la mise en scène: Laurynas Bareisa pour "Seses" (Drowning dry/Noyade à sec), Lituanie/Lettonie

- Cinq prix pour la meilleure interprétation: Gelmine Glemzaite (F), Agne Kaktaite (F), Giedrius Kiela (H), Paulius Markevicius (H) pour "Seses" de Laurynas Bareiša, Lituanie/Lettonie. Et Kim Minhee (F) dans "Suyoocheon" (By the stream/Au fil de l'eau).

- Mention spéciale pour deux films: "Qing Chun (Ku)" (Youth (Hard times))/(Jeunesse (Temps difficiles)) du réalisateur chinois Wang Bing, France/Luxembourg/Pays-Bas et "Salve Maria" (Je vous salue Marie) de Mar Coll, Espagne

Catégorie "Cinéastes du présent"

-Léopard d'or: "Holy Electricity" de Tato Kotetishvili, Géorgie/Pays-Bas

- Prix pour la meilleure mise en scène émergente: Denise Fernandes pour "Hanami", Suisse/Portugal/Cap-Vert

- Prix spécial du jury CINÉ+: "Kouté vwa (Listen to the voices)" de Maxime Jean-Baptiste, Belgique/France/Guyane

- Plusieurs prix pour la meilleure interprétation: Callie Hernandez pour "Invention" de Courtney Stephens, États-Unis et Anna Meszoly pour "Fekete pont" (Lesson learned/Leçon apprise) de Balint Szimler, Hongrie

- Mentions spéciales pour deux films: "Fekete pont" de Balint Szimler, Hongrie et "Kada je zazvonio telefon (When the phone rang/Quand le téléphone a sonné)" de Iva Radivojevic, Serbie/États-Unis

Catégorie "Prix de demain" - Courts métrages d'auteur

- Prix du meilleur court-métrage d'auteur: "Upshot" de Maha Haj, Palestine/Italie/France

- Mention Spéciale: "Gwe-in esi jeongche (The masked monster/Le monstre masqué)" de Syeyoung Park, Corée du Sud

- Court métrage du Festival du film de Locarno, candidat pour les "European Film Awards": "La fille qui explose" de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, France

Catégorie "Prix de demain" - Concours international

- Léopard d'or du meilleur court-métrage international: "Washhh" de Mickey Lai, Malaisie/Irlande

- Léopard d'argent: "Gimn chume (Hymn of the plague/Hymne à la peste)" de Ataka51, Allemagne/Russie

- Prix de la mise en scène (Bonalumi Engineering): "Que te vaya bonito, Rico" (Bonne journée, Rico) de Joel Alfonso Vargas, Royaume-Uni/États-Unis

- Prix des Médias (Patent Verwaltung AG): "The form" de Melika Pazouki, Iran

- Mention spéciale: "Freak (Monstre)" de Claire Barnett, États-Unis

Concours national

- Léopard d'Or pour le meilleur court-métrage suisse: "Sans voix" de Samuel Patthey, Suisse

- Léopard d'argent: "Better not kill the groove" (Mieux vaut ne pas tuer le groove) de Jonathan Leggett, Suisse

- Prix du meilleur espoir suisse: Gabriel Grosclaude pour "Lux carne", Suisse

Mention spéciale: "Progress mining" (Progrès de l'exploitation minière) de Gabriel Böhmer, Royaume-Uni/Suisse

Premier film

- Prix pour la meilleure première œuvre: "Toxic" de Saule Bliuvaite, Lituanie

- MUBI Award – Debut Feature (Prix pour un premier long métrage): "Green Line" de Sylvie Ballyot, France/Liban/Qatar

- Mentions spéciales: "Hanami" de Denise Fernandes, Suisse/Portugal/Cap-Vert et "Kouté vwa" (Listen to the voices/Ecoutez voir) de Maxime Jean-Baptiste, Belgique/France/Guyane

- Prix vert: "Agora" de Ala Eddine Slim, Tunisie/France/Arabie saoudite/Qatar

- Mentions spéciales: "Der Fleck" (La tâche) de Willy Hans, Allemagne/Suisse et "Revolving rounds" de Johann Lurf et Christina Jauernik, Autriche

Jane Campion, Pardo d'Onore Manor

La cinéaste néo-zélandaise récompensée

La réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion a reçu vendredi soir un Léopard d'honneur au Festival du film de Locarno sous un tonnerre d'applaudissements. Elle est récompensée pour l'ensemble de sa carrière.

Lorsque le directeur artistique Giona A. Nazzaro lui a demandé comment elle gérait l'héritage de son grand succès "La leçon de piano" (1993), Jane Campion a répondu que l'impact du film l'avait surprise.

Elle pensait avoir réalisé un petit film d'auteur, "et maintenant tous ces gens sont ici avec moi à Locarno". Elle s'est dit très reconnaissante de pouvoir partager ce film avec le public.

A l'occasion du festival de Locarno, une version restaurée en 4K de son film le plus célèbre a également été projetée sur la Piazza Grande. Avec ce film, la réalisatrice a été la première femme à remporter la Palme d'or à Cannes.

>> Jane Campion dans l'émission Vertigo :

La 77e édition du Festival de Locarno récompense la cinéaste Jane Campion pour l'ensemble de sa carrière. [Keystone - VIANNEY LE CAER]Keystone - VIANNEY LE CAER
Jane Campion, Pardo d'Onore de Locarno / Vertigo / 13 min. / le 16 août 2024

Comme l'indique le Festival de Locarno, Jane Campion a marqué l'histoire du cinéma en devenant la première réalisatrice à recevoir la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1993 pour son film "The Piano", qui lui a également valu l'Oscar du meilleur scénario. Parmi ses autres oeuvres notables figurent notamment "Sweetie" (1989), "An Angel at My Table" (1990), "Portrait de femme" (1996), ou encore "Bright Star" (2009), ainsi que les deux saisons de la série à suspense "Top of the Lake" (2013 et 2017) qui a reçu huit nominations aux Emmy Awards, deux nominations aux Golden Globe Awards, ainsi que le prix de la Meilleure série télévisée dramatique de l'année aux Screen Producers Association Awards en 2013.

En 2021, la cinéaste a présenté "The Power of the Dog" en première mondiale au Festival international du Film de Venise, et remporté le Lion d'Argent de la Meilleure Réalisation. Par la suite, son long métrage a reçu plus de trente distinctions dans la catégorie Meilleur Film et plus de trente récompenses dans la catégorie Meilleure Réalisation.

Deux films de Jane Campion, sont projetés lors de la 77e édition du Festival de Locarno: "An Angel at My Table" ("Un ange à ma table", 1990) et "The Piano" ("La Leçon de piano", 1993), sélectionnés par la réalisatrice elle-même. Le public aura par ailleurs l'occasion de rencontrer Jane Campion samedi 17 août, lors d'une table ronde.

>> Ecouter aussi le sujet de Forum :

Le festival de Locarno récompense la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion pour l’ensemble de sa carrière. [Keystone via AP - Jean-Christophe Bott]Keystone via AP - Jean-Christophe Bott
Le festival de Locarno récompense la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion pour l’ensemble de sa carrière / Forum / 2 min. / le 17 août 2024

L'intégralité des films de cinéma de la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion est à découvrir au Capitole de Lausanne (VD) de septembre à octobre 2024.

"Green Line" de Sylvie Ballyot

Des figurines pour raconter la guerre au Liban

Le film "Green Line" de la réalisatrice Sylvie Ballyot est en compétition lors de cette 77e édition du Festival de Locarno. Le documentaire raconte et retrace l'histoire très violente de la guerre du Liban.

En 2006, alors qu'un nouvel épisode de conflit secoue le Liban, Sylvie Ballyot rencontre l'autrice Fida Bizri. Au fil de leurs échanges, la réalisatrice sent qu'elle doit faire quelque chose de la mémoire et du vécu de Fida.

"J'ai senti que cette guerre remettait à jour dans sa mémoire quelque chose qui avait été enfoui, la guerre de son enfance, des années 1980. Je me suis rendu compte que Fida avait une capacité à me raconter la guerre, je ne sais pas si on peut appeler cela la grammaire de la guerre ou la grammaire de la violence, et cette capacité à me transmettre quelque chose que je n'avais pas vécu. J'ai eu envie tout de suite de travailler sur cette mémoire refoulée et sur cette langue de la guerre", raconte-t-elle dans l'émission Vertigo du 15 août.

>> Ecouter l'interview de Sylvie Ballyot et Fida Bizri dans Vertigo :

Fida Bizri et Sylvie Ballyot sont à Locarno pour présenter leur film "Green Line". [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Sylvie Ballyot et Fida Bizri, "Green line" / Vertigo / 28 min. / le 15 août 2024

Fida a grandi à Beyrouth dans les années 1980, pendant la guerre, plongée dans cet "enfer rouge" dont lui parlait sa grand-mère. La banalisation de la mort lui faisait douter de la valeur de la vie, et du sens de cette interminable guerre qui ressemble à tant d'autres.

Ce dont Fida Bizri a souffert enfant, ce ne sont pas tant les bombardements que les cadavres qu'elle a dû enjamber pour aller à l'école, et le manque d'explications. Elle grandit perplexe, trouvant dans le monde de la mort, avec lequel elle tisse un lien familier, un abri contre ses interrogations sur la vie.

Dans "Green Line", Fida Bizri, à l'aide de figurines et de maquettes miniatures, va à la rencontre de miliciens et confronte sa vision d'enfant à la leur. "Ma façon de comprendre, c'était de chercher le réel, le vrai, pas le bien. Parce que le bien c'est mon désir que je veux projeter sur le monde, mais il ne m'a jamais fait avancer. La seule chose qui m'a fait avancer, c'est le réel. C'est pour cela que j'étais intéressée par leur point de vue. Je voulais les entendre dans leurs propres termes, leur vérité pour ne pas rester dans mon ignorance", souligne Fida Bizri.

Une image du film "Green Line" de Sylvie Ballyot en compétition à Locarno. [Films de Force Majeure / Xbo Films]
Une image du film "Green Line" de Sylvie Ballyot en compétition à Locarno. [Films de Force Majeure / Xbo Films]

Un film salvateur qui raconte la guerre du Liban dans toute sa complexité et permet de dépasser les clivages idéologiques pour parvenir à une véritable compréhension.

"La fille qui explose" de Caroline Poggi et Jonathan Vinel

Un court-métrage hybride entre violence et solitude

Depuis leurs premiers pas en images, le duo Caroline Poggi – Jonathan Vinel explore toutes les possibilités offertes par le cinéma. Qu'il soit en prise de vues réelles, en images de synthèse, en court ou long-métrage, leur travail est une perpétuelle recherche sur les formes.

Leur court-métrage "La fille qui explose" met en scène une jeune fille qui vit en solitaire dans un monde à la fois inspiré des jeux vidéo et du réel, et qui explose, vraiment, plusieurs fois par jour.

"L'idée était de parler de cette jeune fille qui a des pensées cauchemardesques sur le monde extérieur qui la contaminent. Une sorte de violence qu'elle ressent mais qu'elle a du mal à expliquer. (...) Passer par la 3D permet d'atteindre ce côté mental, quelque chose d'assez fou et d'aliénant tout en gardant une certaine distance tant ses propos sont violents", souligne Caroline Poggi dans l'émission Vertigo du 15 août.

>> Ecouter l'interview de Caroline Poggi et Jonathan Vinel dans Vertigo :

Une image du film "La fille qui explose" présentée au 77e Festival de Locarno. [DR]DR
Caroline Poggi et Jonathan Vinel, "La fille qui explose" / Vertigo / 13 min. / le 15 août 2024

Grâce à une esthétique de jeux vidéo, "La fille qui explose" permet de raconter la violence avec une forme d'universalité. "C'est presque notre réalité pour une certaine génération, les jeux. C'est ça la rupture qu'il y a eu: il n'y a plus la réalité VS le jeu, pour nous, c'est ça le réel. Il y a eu une contamination des deux univers", précise Jonathan Vinel.

Douche froide

La section "Open Doors" perd un quart de son budget

Avec les coupes de la Direction du développement et de la coopération (DDC), la section "Open Doors" du Festival du film de Locarno voit son budget amputé d'un quart - 25%). Zsuzsi Bánkuti, la directrice d'"Open Doors", s'est dite surprise et inquiète devant l'ampleur des économies.

A partir de 2025, la DDC réduira de 45% son soutien aux partenariats stratégiques avec les actrices et acteurs culturels en Suisse, passant de 3,7 millions de francs à 2 millions par an. La section "Open Doors", lancée en 2003 et qui promeut le cinéma des pays émergents, n'est pas la seule qui est touchée. Au total, sept partenariats stratégiques sur douze seront supprimés. Seuls cinq subsisteront.

La nouvelle a fait l'effet d'une douche froide auprès des organisateurs d'"Open Doors". La DDC est en effet son principal partenaire et cette décision a un fort impact sur l'initiative de Locarno. "Nous nous attendions à une réduction, mais pas de cette ampleur, a dit Zsuzsi Bánkuti, la directrice d'"Open Doors" à Keystone-ATS. En touchant 25% de financement en moins, nous devrons faire des coupes dans tous les secteurs."

Tout un secteur touché

Outre les coupes directes, "Open Doors" travaille en étroite collaboration avec d'autres programmes en Suisse qui traitent du même type de cinéma et qui sont également touchés par les coupes, comme le Fonds Visions Sud Est ou le "Kurzfilmtage" de Winterthour (ZH), et qui parrainent également des prix pour Open Doors. "C'est tout un secteur qui est touché", explique-t-elle.

Lundi, le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón, invité primé du Festival du film de Locarno, s'est joint aux festivals et autres organisations culturelles touchées pour demander publiquement au Conseil fédéral de reconsidérer ces coupes. Au "Tagesschau" de la SRF, le réalisateur mexicain a déclaré que les fonds de production cinématographique tels que Visions Sud Est sont cruciaux pour la carrière de nombreux jeunes cinéastes.

"Sauvages" de Claude Barras

Un film dʹanimation ambitieux

Après le succès de " Ma vie de courgette ", Claude Barras explore le quotidien d'une communauté indigène de Bornéo qui doit lutter contre la déforestation et ses conséquences sur leur quotidien. Un film d'animation ambitieux, co-produit par la RTS, dont les personnages principaux sont des enfants et un petit orang-outang orphelin. Présenté à Cannes en mai dernier lors d'une projection spéciale, "Sauvages", récompensé d'un Locarno Kids Award, a fait son apparition sur la Piazza Grande mardi.

>> Ecouter l'interview de Claude Barras dans Vertigo :

Le réalisateur suisse Claude Barras présente son film "Sauvages" au Festival international du film de Locarno le 13 août 2024. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Claude Barras / Vertigo / 10 min. / le 13 août 2024

Claude Barras est le premier Suisse à remporter le Locarno Kids Award, lancé en 2021 pour récompenser les personnalités qui permettent aux jeunes enfants de découvrir le septième art. La sortie dans les salles est prévue le 16 octobre 2024.

>> En savoir plus sur le film : "Sauvages", un film d'animation de Claude Barras

>> Voir un reportage sur le tournage du film "Sauvages" :

Le nouveau film de Claude Barras intitulé "Sauvages" est en tournage. Une fable écologique consacrée à la forêt de Bornéo.
Le nouveau film de Claude Barras intitulé "Sauvages" est en tournage. Une fable écologique consacrée à la forêt de Bornéo. / 19h30 / 2 min. / le 23 août 2023

"Cent mille milliards" de Virgil Vernier

Exploration brillante de nos solitudes modernes

A Monaco, Afine, un jeune escort de 18 ans se retrouve seul après le départ de ses amies en vacances à Dubaï pour Noël. Il va faire les boutiques avec une cliente, passer le réveillon avec une amie qui a la garde d'une petite fille, dont les parents milliardaires ne s'occupent pas.

Après "Sofia Antipolis" présenté à Locarno en 2018, Virgil Vernier revient en compétition, toujours en explorateur brillant de nos solitudes modernes dans une fiction flirtant avec le documentaire.

>> Ecouter l'interview de Virgil Vernier dans Vertigo :

Le réalisateur français Virgil Vernier. [Festival du film de Locarno]Festival du film de Locarno
Virgil Vernier, "Cent mille milliards" / Vertigo / 13 min. / le 14 août 2024

"Après 'Sofia Antipolis', j'avais exploré déjà cette atmosphère étrange du Sud de la France un peu abîmé et contaminé par l'hyper richesse et les symboles de l'hyper luxe. Et là, j'avais l'impression de devoir aller un peu plus franchement dans cette exploration. Monaco me paraissait la manière la plus pertinente de parler de cela", explique le réalisateur dans l'émission Vertigo du 14 août.

Avec "Cent mille milliards", Virgil Vernier livre donc une critique politique, enrobé dans l'univers féérique des fêtes de Noël. Le film, tourné en 16 mm, provoque un sentiment d'étrangeté.

"La passion selon Béatrice" de Fabrice du Welz

Béatrice Dalle part sur les traces Pier Paolo Pasolini

Sa découverte du cinéaste italien Pier Paolo Pasolini à 17 ans va bouleverser la comédienne française Béatrice Dalle. Il devient "Lʹhomme de sa vie". Amie du réalisateur Fabrice du Welz ("Calvaire", "Adoration", "Inexorable"), elle part en 2022 avec lui, en Italie, sur les traces du cinéaste assassiné en 1975 dans un documentaire en noir et blanc.

"Béatrice est quelqu'un que j'aime beaucoup depuis longtemps. J'ai cherché à faire des films avec elle depuis un moment. (...) Je la vois de temps en temps et je lui dis toujours: 'il faut faire un film sur ta vie'. C'est une vie de dingue", explique Fabrice du Welz dans l'émission Vertigo du 14 août.

>> Ecouter l'interview de Fabrice du Welz et Béatrice Dalle dans Vertigo :

Béatrice Dalle dans le film de Fabrice du Weltz "La passion selon Béatrice" [Saint Laurent Productions - Vixens - 2024]Saint Laurent Productions - Vixens - 2024
Béatrice Dalle et Fabrice du Weltz "La passion selon Béatrice" / Vertigo / 35 min. / le 14 août 2024

Mais s'il souhaite faire le portrait de la comédienne, le réalisateur ne veut pas faire un documentaire "trop littéral, trop Netflix". "Je voulais aussi épouser les contours de sa personnalité un peu baroque-romantique, donc il fallait un souffle, il fallait une quête. On a travaillé sur cette base: partir en Italie sur les pas de Pasolini. Cela l'enchantait et moi aussi", indique Fabrice du Welz. "On a toujours l'image de Béatrice comme quelqu'un de très destroy, avec une vie fracassante, mais elle est capable d'une délicatesse folle, c'est cela que j'aime dans le film", ajoute le réalisateur.

En résulte un documentaire à cheval entre les genres suivant Béatrice Dalle, en Italie, d'Est en Ouest, du Nord au Sud, parcourant les décors de son rêve afin qu'advienne la rencontre avec Pasolini, "l'homme de sa vie". "Plein de choses ont évolué pendant le tournage. On ne savait pas vraiment où on allait, mais je suis très fière du film", indique pour sa part Béatrice Dalle dans l'émission Vertigo.

Bérénice Bejo impressionne en mère activiste dans "Mexico 86"

"On devient acteur parce qu'on aime jouer"

Comédie dramatique, science-fiction, zombies ou encore requins, Bérénice Bejo n'a décidément peur de rien. Au Festival du film de Locarno, l'actrice franco-argentine est la tête d'affiche de "Mexico 86" de César Diaz. Dans ce long-métrage, inspiré de l'histoire vraie de la famille du réalisateur, elle incarne la mère guatémaltèque de celui-ci.

1976, le Guatemala est en pleine guerre civile quand Maria (Bérénice Bejo), jeune mère opposée à la junte militaire, voit son mari se faire assassiner sous ses yeux. Celle-ci décide alors de confier son bébé à sa mère et de s'exiler au Mexique sous une nouvelle identité. Dix ans plus tard, Maria devra faire des choix douloureux entre son engagement et sa vie familiale.

Grande travailleuse

Bérénice Bejo a beau être bilingue, jouer en espagnol n'était pas une évidence pour elle. "Je me suis rendue compte que je faisais beaucoup de fautes de grammaire", confie-t-elle dans l'émission Vertigo du 13 août 2024. Pour être le plus fluide possible et pour gommer son accent français, Bérénice Bejo s'est beaucoup entrainée avant le tournage.

Au Guatemala, l'actrice avoue aussi n'être jamais sortie, contrairement au reste de l'équipe qui faisait la fête tout le temps. "Le film reposait sur moi, j'avais des tartines de texte à apprendre. Et puis, durant ces deux mois, j'ai quitté ma famille, mon environnement, je n'étais pas en vacances", poursuit la comédienne.

>> Ecouter Bérénice Bejo dans l'émission Vertigo :

L'actrice franco-argentine Bérénice Bejo au 75e Festival de Cannes le 18 mai 2022. [Keystone - Guillaume Horcajuelo]Keystone - Guillaume Horcajuelo
Bérénice Bejo / Vertigo / 22 min. / le 13 août 2024

Actrice caméléon

Depuis sa consécration dans "The Artist" en 2011 les propositions de scénario se multiplient à l'égard de Bérénice Bejo. Non contente de tourner en français et en espagnol, la comédienne joue également dans des films italiens tels que "Fais de beaux rêves" ou "Le colibri".

Jouer dans une autre langue comporte un autre challenge: "apparemment la langue influence mon jeu d'actrice", dit Bérénice Bejo en souriant. "C'est comme si j'avais un costume avant de mettre un autre costume. Par exemple, les Français me voient comme une fille sympathique, fraîche, avec une voix assez enfantine. Pour les Italiens, je suis une femme mystérieuse, presque une femme fatale. Dans les films espagnols, c'est mon côté mélodramatique qui ressort".

Que ce soit dans les films de genre ou avec des réalisateurs étrangers, Bérénice Bejo continue de s'amuser. Sa plus grande crainte à savoir "être figée dans une image" ne risque pour l'instant pas d'arriver.

"Der Spatz im Kamin" ("Le moineau dans la cheminée") de Ramon Zürcher

Un film suisse en compétition internationale

Précédé d'une réputation flatteuse, "Der Spatz im Kamin" ("Le moineau dans la cheminée") concourt en compétition internationale pour un Léopard d'Or. Cette suite de "La jeune fille et l'araignée" (primé en 2021 à la Berlinale) est signée Ramon Zürcher, 42 ans. Le Bernois, avec son frère jumeau Silvan, producteur, a entamé une "trilogie animalière" métaphorique qui explore les relations familiales. 

"Der Spatz im Kamin" raconte l'histoire de Karen (Maren Eggert) et Markus (Andreas Döhler), qui vivent avec leurs enfants dans l'idyllique maison familiale de Karen. Jule (Britta Hammelstein), la sœur de Karen, est venue avec sa famille pour l'anniversaire de Markus. Le sombre souvenir de leur mère décédée pousse Jule à se rebeller contre la dictature de sa sœur. Alors que la maison se remplit de vie, la tension monte à l'intérieur de Karen, jusqu'à l'explosion: l'ancien est détruit, pour créer du neuf.

Film troublant et prodigieux, sidérant de rigueur, "Le moineau dans la cheminée" frôle le fantastique, voire le film d'horreur, avec cette mère, Karen, sous l'emprise de la matriarche disparue.

"J'ai apprécié d'aller dans le coeur obscur de cette famille. (...) J'ai été très intéressé à montrer des choses destructives, de la violence pas seulement psychologique, mais parfois aussi un peu physique. On pense souvent que destructif, c'est négatif, constructif, c'est positif, mais parfois pour être constructif, quelque chose doit être détruit. Ce sont donc deux côtés de la même médaille, et ce n'est pas que noir et blanc", explique Ramon Zürcher dans l'émission Vertigo du 12 août.

>> A écouter, l'interview du réalisateur bernois Ramon Zürcher :

Le réalisateur suisse Ramon Zürcher au 77e festival du film de Locarno, le samedi 10 août 2024. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Ramon Zürcher / Vertigo / 11 min. / le 12 août 2024

"Ma famille chérie"

Un film explosif signé Isild Le Besco

Estelle (Elodie Bouchez) doit se libérer dʹune relation amoureuse toxique - miroir de son enfance. Elle quitte brusquement un mari qui la malmène pour anticiper des retrouvailles familiales organisées en Irlande dans la maison de son enfance, la maison de sa mère. Les frères et sœurs du clan se retrouvent à Clifden. Lʹun dʹeux est chargé dʹexécuter les dernières volontés du père: disperser ses cendres dans lʹocéan, là même où leur sœur sʹétait noyée.

Au casting de "Ma famille chérie", Elodie Bouchez, Marisa Berenson, Jeanne Balibar, Elie Semoun et Isild Le Besco elle-même, qui tient le rôle de Manon, la narratrice. Pour tourner ce film explosif, Isild Le Besco a cherché une certaine authenticité en laissant improviser ses comédiens et comédiennes. "J'ai essayé d'avoir de l'authentique et de l'inattendu", explique la réalisatrice dans Vertigo du 12 août 2024. Elie Seimoun, qui tient le rôle du demi-frère, Jean-Luc, confirme: "Elle nous a fait beaucoup improviser; ces accents de vérité et de réalisme, c'est grâce à elle".

>> A écouter, l'interview de Isild Le Besco et Elie Seimoun dans Vertigo :

Une image du film "Ma famille chérie" avec Elie Semoun et Elodie Bouchez. [Locarno Film Festival]Locarno Film Festival
Festival Film Locarno: Elie Seimoun et Isild le Besco / Vertigo / 15 min. / le 12 août 2024

"Je crois qu'il y a deux manières de vivre: soit on met tout sur le tapis soit on tente de nommer les choses et ça fait mal, c'est dur mais ça fait, je crois, avancer quand même plus que quand on les étouffe", conclut Isild Le Besco à propos de son film et de ces impétueuses retrouvailles familiales.

>> A voir, le sujet du 12h45 consacré au film "Ma famille chérie" :

La réalisatrice et actrice française Isild Le Besco présente à Locarno son nouveau film « Ma Famille Chérie »
La réalisatrice et actrice française Isild Le Besco présente à Locarno son nouveau film « Ma Famille Chérie » / 12h45 / 1 min. / le 14 août 2024

Le harcèlement dans le cinéma suisse

Un tabou qui subsiste

À Locarno, le cinéma suisse questionne aussi son rapport au harcèlement et aux violences sexistes. Après l'affaire Weinstein qui a éclaté en 2017, puis le #MeToo du cinéma en France lancé entre autres par Judith Godrèche, la parole continue à se libérer un peu partout dans le monde. En Suisse, des témoignages sont apparus sur des cas de harcèlement dans les écoles d’art ou sur des plateaux de tournages.

La parole des victimes est portée notamment par l’association SWAN (Swiss Women’s Audiovisual Network), qui promeut l'égalité dans l’audiovisuel. Ses membres organisaient dimanche à Locarno leur traditionnelle rencontre. "On organise depuis des années ce networking breakfast dans le cadre du festival", explique la réalisatrice et productrice valaisanne Aylin Gökmen.

La question du harcèlement et des agressions dans le cinéma suisse s'invite à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
La question du harcèlement et des agressions dans le cinéma suisse s'invite à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

"Urgent et nécessaire", malgré les progrès

"Cette année, on a décidé qu'il était urgent et nécessaire de parler de ces cas de harcèlement et d'agressions dans notre milieu, parce que les cas continuent malheureusement de se multiplier malgré les mesures mises en place, comme on a pu le voir notamment dans la presse. Et on nous en rapporte très, très souvent de manière anonyme", expose-t-elle.

Plusieurs mesures ont déjà été prises par la branche qui a instauré, par exemple, la présence de coordinatrices d'intimité ou de personnes de confiance sur les tournages. Des mesures "excellentes" qu'il faut absolument conserver, salue Aylin Gökmen.

>> A lire, l'article complet : À Locarno, le cinéma suisse questionne aussi son rapport au harcèlement et aux violences sexistes

Hausse de fréquentation pour la Piazza Grande

Un quart de spectateurs en plus

Un quart de visiteurs en plus sur la Piazza Grande par rapport à l'année dernière, des nuits torrides et une superstar indienne: le Festival du film de Locarno a démarré sa 77e édition sur les chapeaux de roue.

Jusqu'à dimanche soir inclus, 25% de spectateurs supplémentaires ont assisté à une projection sur la Piazza Grande par rapport à l'année précédente. Si l'on ajoute le pré-festival élargi d'une soirée, ce sont 40% de visiteurs en plus, a indiqué lundi 12 août le directeur commercial du festival Raphaël Brunschwig à Keystone-ATS.

La fréquentation du 77e Festival du film de Locarno est en hausse par rapport à 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
La fréquentation du 77e Festival du film de Locarno est en hausse par rapport à 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

Le festival enregistre également une légère hausse de fréquentation de 4% dans les salles, selon le bilan intermédiaire. Au total, le nombre de visiteurs a augmenté de 18,6%. La programmation, mais aussi les belles nuits d'été y ont sans doute contribué.

Alors que l'année dernière, la première semaine du festival avait été marquée par une météo instable, le festival a eu plus de chance cette année, même si les températures caniculaires ne sont pas anodines.

Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón récompensé

"Je n'avais jamais prévu de faire Harry Potter"

Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière (Lifetime Achievement Award) du Festival du film de Locarno dimanche sur la Piazza Grande. Un peu plus tôt le même jour, il a rencontré le public, retraçant sa vie et sa filmographie.

"Je suis tombé amoureux des films depuis mon plus jeune âge. Un soir, mes parents sont partis dîner, mon cousin est resté avec moi. Nous avons décidé de nous introduire dans la chambre de mes parents et de regarder la télévision (...). Et il y a eu un film qui a complètement changé ma perception du cinéma. Ce film, c'était "Le voleur de bicyclette". Je me suis retrouvé à pleurer, complètement ému", raconte le réalisateur lors de sa conversation à Locarno.

Très tôt, Alfonso Cuarón travaille à différents postes dans le milieu du cinéma. Mais il admet avoir mis longtemps à écrire un scénario réalisable.

>> Ecouter Alfonso Cuarón dans l'émission Vertigo :

Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón au 77e festival du film de Locarno, le dimanche 11 août 2024. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón a reçu à Locarno un prix pour l'ensemble de sa carrière. / Vertigo / 8 min. / le 12 août 2024

Premier réalisateur mexicain à remporter deux Oscars

Alfonso Cuarón a été le premier réalisateur mexicain à remporter deux Oscars de la meilleure réalisation pour "Gravity" en 2014, où l'on suit George Clooney et Sandra Bullock dans une navette spatiale et pour "Roma" en 2019, qui s'inspire d'une partie de son enfance.

La seule raison pour laquelle je fais un film est que j'apprends pour le suivant, pour le meilleur et pour le pire. 

Alfonso Cuarón, réalisateur

En 2004, "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban", le troisième film de la saga du sorcier le plus célèbre du monde, est sorti sur les écrans. "Je n'avais jamais prévu de faire Harry Potter, c'est arrivé comme ça, explique-t-il. Je me suis retrouvé sans travail et sans argent et j'allais être père, alors j'ai accepté".

"La seule raison pour laquelle je fais un film est que j'apprends pour le suivant, pour le meilleur et pour le pire. Les films que j'ai faits, je ne savais pas comment les faire. (...) Ce que je trouve fascinant, c'est la façon dont nous faisons face à la réalité qui peut être tantôt ridicule et drôle, tantôt tragique, avec ces masques que nous portons en permanence", conclut le réalisateur.

"Les graines du figuier sauvage" et "A Sisters' Tale"

Le cinéma iranien au rendez-vous à Locarno

Le cinéma iranien a rendez-vous avec Locarno. Après le Léopard d'or remis l'an dernier à Ali Ahmadzadeh pour "Critical Zone" ("Zone critique") et "A Sisters' Tale" ("Une histoire de soeurs") de Leila Amini qui a ouvert vendredi la "Semaine de la critique", c'est au tour du film "Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof d'être projeté, dimanche 11 août, sur la place tessinoise.

Dans "A Sisters' Tale, une coproduction helvético-franco-iranienne, la protagoniste Nasreen Amini, filmée par sa soeur, ne veut pas crier, mais chanter dans un pays qui l'interdit. Ce cadre privé permet à Nasreen de chanter et de ne pas porter le voile, sans craindre les foudres du régime.

>> A écouter, le sujet du 12h30 sur le film "A Sister's Tale" :

Le cinéma iranien ouvre la semaine de la critique à Locarno avec "A Sisters' Tale" de Leila Amini. [EPA/ Keystone - Jean-Christophe Bott]EPA/ Keystone - Jean-Christophe Bott
Le cinéma iranien ouvre la semaine de la critique à Locarno avec "A Sisters' Tale" de Leila Amini / Le 12h30 / 2 min. / le 13 août 2024

Pour son documentaire intime et émancipateur, la réalisatrice a filmé sa soeur, ses enfants et son mari pendant sept ans dans leur appartement à Téhéran, alors que le couple était en pleine séparation. C'est une libération que raconte cette histoire familiale, celle d'une femme qui rêve d'être chanteuse, oppressée par sa relation, mais aussi par la société iranienne dans son ensemble.

>> A écouter, l'interview de Leila et Nasreen Amini dans Vertigo :

La réalisatrice iranienne Leila Amini présente "A Sister's Tale" le 9 août 2024 au Festival international du film de Locarno. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Leila et Nasreen Amini / Vertigo / 9 min. / le 13 août 2024

Huis clos familial

Comme dans "A Sisters' Tale", "Les graines du figuier sauvage" se déroule principalement entre les quatre murs d'un appartement, dans un huis clos familial, avec un père magistrat souvent absent. Pour Mohammad Rasoulof, il s'agissait surtout d'une question de moyens.

Tourné clandestinement, "Les graines du figuier sauvage" est une fiction ayant pour toile de fond les manifestations en Iran il y a deux ans, après la mort de l'étudiante Mahsa Amini lors d'un contrôle par la police des mœurs, qui lui reprochait une mèche de cheveux qui dépassait de son voile.

>> Ecouter Mohammad Rasoulof dans Vertigo :

Le réalisateur Iranien Mohammad Rasoulof au 77e festival du film de Locarno, le dimanche 11 août 2024. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Mohammad Rasoulof / Vertigo / 10 min. / le 12 août 2024

Un père de famille se voit nommé juge d'instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Ses deux filles commencent à défier son autorité et sa femme est tiraillée entre la fidélité aux valeurs du régime et la protection de ses filles. En résulte un film prodigieux qui raconte toute la complexité de l'Iran à travers une cellule familiale au bord de l'implosion.

Tandis qu'Ali Ahmadzadeh n'avait pas pu quitter l'Iran l'a dernier pour venir à Locarno, Mohammad Rasoulof, en exil depuis quelques mois pour éviter une nouvelle incarcération dans les geôles iraniennes, a pu lui se déplacer dimanche dans la ville tessinoise. "Mon équipe qui a dû terminer le film (post-production) sans moi est toujours sur place", a-t-il dit dimanche lors d'une conférence de presse, sa voix se cassant. Le film a été projeté dimanche 11 août sur la Piazza Grande, où les spectateurs ont réservé au réalisateur un accueil bouleversant.

>> L'interview de Mohammad Rasoulof à Locarno :

Le réalisateur iranien en exil, Mohammad Rasoulof, ovationné par le public du Festival de Locarno
Le réalisateur iranien en exil, Mohammad Rasoulof, ovationné par le public du Festival de Locarno / 19h30 / 2 min. / le 12 août 2024

Le film de Mohammad Rasoulof, qui a remporté le prix spécial du jury à Cannes, arrivera dans les salles le 18 septembre en Suisse romande et le 14 novembre en Suisse alémanique et au Tessin.

Shah Rukh Khan récompensé pour l'ensemble de sa carrière

"Le cinéma est le média le plus influent au monde"

L'acteur indien Shah Rukh Khan, âgé de 58 ans, a reçu samedi soir un prix pour l'ensemble de sa carrière au Festival du film de Locarno. La vedette de Bollywood a été acclamée par les quelque 8000 spectateurs de la Piazza Grande.

Après avoir lancé un "Buonasera Signore e Signori", en italien, à la foule, l'acteur aux 35 ans de carrière a plaisanté sur la chaleur régnant dans la ville tessinoise, où le mercure affichait plus de 30 degrés: "La chaleur ici me donne l'impression d'être chez moi en Inde".

L'acteur indien Shah Rukh Khan a reçu un prix du Festival international du film de Locarno pour l'ensemble de sa carrière, sur la Piazza Grande à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
L'acteur indien Shah Rukh Khan a reçu un prix du Festival international du film de Locarno pour l'ensemble de sa carrière, sur la Piazza Grande à Locarno. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

Il s'est décrit comme "un homme qui sait jouer un peu de comédie". Interrompu à plusieurs reprises par des acclamations dans son discours de remerciement, il a ajouté: "Le cinéma est le média le plus influent au monde [...] parce qu'il peut refléter toutes les facettes de la vie, toutes les émotions". Pour beaucoup de gens, le cinéma rend le monde un peu meilleur, a-t-il lancé.

Pendant ses plus de trois décennies de carrière, il a interprété des champions et des "super-héros", mais aussi des zéros. Les films ne doivent pas nécessairement être moraux, a-t-il ajouté. En 35 ans de carrière, Shah Rukh Khan a joué dans plus de 100 films, dont des comédies musicales, des films policiers ou des drames historiques. Il compterait 3,5 milliards de fans dans le monde entier.

"Espèce menacée" dévoilée à Locarno

La série coproduite par la RTS

La nouvelle série coproduite par la RTS intitulée "Espèce menacée" a été dévoilée au Festival de Locarno samedi 10 août. Portée par la crème des humoristes et comédiens de Suisse romande, elle aborde en six épisodes l’effondrement du climat et des relations humaines d'une communauté de montagne sur un ton tragicomique. C'est la première fois qu'une série suisse est présentée au Festival du film de Locarno.

>> A voir, le sujet du 19h30 :

Découverte d’"Espèce menacée", la nouvelle série co-produite par la RTS, qui traite du réchauffement climatique
Découverte d’"Espèce menacée", la nouvelle série co-produite par la RTS, qui traite du réchauffement climatique / 19h30 / 2 min. / le 11 août 2024

Surplombant Excelsior, une station alpine sans neige, un glacier est sur le point de s'effondrer. Voilà pour le décor de "Espèce menacée", série signée de Bruno Deville et Léo Maillard en collaboration avec Marina Rollman et coproduite par la RTS aux côtés de Rita Productions.

"Nous voulions faire 'Les Bronzés ne font plus de ski' en parlant du réchauffement climatique et en associant plein d'humoristes au projet", expliquait Bruno Deville, réalisateur et co-scénariste de la série dans le 19h30 il y a quelques semaines.

La série "Espèce menacée" est à découvrir en primeur digitale sur Play Suisse pendant un mois, jusqu'au 10 septembre, avant la diffusion sur RTS 1 au premier trimestre 2025. Elle promet déjà de belles réflexions sur les changements contemporains et futurs, qu'ils soient climatiques ou sociétaux.

"Reinas", de Klaudia Reynicke

Une chronique familiale sur fond d'exil au Pérou

Sur la Piazza Grande jeudi, la réalisatrice helvético-péruvienne Klaudia Reynicke a proposé "Reinas", une chronique familiale qui se déroule pendant l'été 1992 à Lima. Entre monde rêvé et réalisme, cette histoire de famille intelligemment écrite s'inscrit dans un contexte historique difficile.

Au volant d'une voiture empruntée, Carlos (Gonzalo Molina) fait du hors-piste dans une dune de sable située à l'extérieur de Lima. Il se préoccupe uniquement de savoir si ses deux filles, sur la banquette arrière, passent un bon moment.

Il ne veut pas l'admettre, mais ce touche-à-tout, sans métier clair, ni emploi fixe, n'a pas grand-chose à leur offrir en termes de stabilité financière ou familiale. La seule contribution de Carlos, ce sont les souvenirs qui, espère-t-il, donneront une image positive de lui à ses filles, sur le point de quitter le Pérou pour les Etats-Unis avec leur mère, le laissant seul derrière elles.

C'est là que réside le nœud émotionnel du drame poignant et feutré de la réalisatrice helvético-péruvienne Klaudia Reynicke, "Reinas", qui signifie "reines" en espagnol et qui est la façon dont Carlos désigne ses filles. Situé en 1992, sur fond de troubles sociaux et d'effondrement économique au Pérou - alors que la monnaie nationale s'est fortement dévaluée et que l'organisation insurrectionnelle du Sentier lumineux continue de perpétrer des attentats - le film raconte comment deux parents séparés, dont aucun n'est mal intentionné, s'efforcent de faire des compromis pour assurer le bien-être de leurs enfants dans le chaos ambiant.

Un peu d'histoire personnelle

Le film suit en partie l'histoire de la réalisatrice: "Il y a un peu de moi, c'est-à-dire que ce n'est pas une biographie, ce n'est pas exactement mon histoire, mais les éléments qui m'ont permis de faire ce film, de le penser et de l'écrire, sont des choses que je connais. (...) J'étais intéressée à ce moment psychologique du départ, à comment cette famille, qui n'est plus une famille, gère ces moments à venir à travers différents regards et différents âges", explique Klaudia Reynicke dans l'émission Vertigo du 9 août.

>> A écouter, l'interview de Klaudia Reynicke dans Vertigo :

La réalisatrice Klaudia Reynicke présente son long-métrage "Reinas" lors de la 77e édition du Festival du film de Locarno. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Klaudia Reynicke "Reinas" / Vertigo / 13 min. / le 9 août 2024

"Reinas" a été projeté à Sundance, le festival américain de films indépendants, "le premier film de fiction suisse à avoir été en compétition dans ce festival", a relevé Klaudia Reynicke. A la Berlinale, il a remporté le "Grand Prix du jury international pour le meilleur film" dans la section Generation Kplus.

Le public pourra le découvrir dans les salles en Suisse romande dès le 4 septembre et un jour plus tard en Suisse alémanique et au Tessin.

Politique culturelle

L'avenir du financement du cinéma suisse inquiète

Au Festival de Locarno, il n'est pas seulement question de cinéma, mais également de politique culturelle. Vendredi, les professionnels de la branche et les personnalités politiques se sont rencontrés pour parler du financement du cinéma suisse. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a en effet annoncé en début d’année des coupes budgétaires dans tous les secteurs. La culture n'est pas épargnée et par ricochet, l'industrie du cinéma non plus.

Pour sa collègue Elisabeth Baume-Schneider, de passage au festival, il serait illusoire d'imaginer qu'il n'y aura pas de conséquences sur la branche. "Mais je veux croire que l'on est dans un écosystème où l'on peut composer avec certaines coupes, pour les compenser", affirme-t-elle dans le 19h30 du 10 août.

"Il faudra que l'on puisse compter sur d'autres soutiens", ajoute-t-elle cependant. "Et je redoute aussi que la situation de la SSR puisse malheureusement avoir des conséquences". L'initiative sur une redevance à 200 francs vient en effet ternir encore un peu plus le tableau.

Situation difficile

La situation actuelle est par ailleurs difficile pour la SSR, indépendamment de l'initiative, rappelle son directeur Gilles Marchand, mentionnant "la décision du Conseil fédéral de baisser la redevance, la réduction des recettes commerciales et les problèmes de l'inflation".

Gilles Marchand assure que la SSR est très engagée dans le cinéma et fera tout pour s'adapter à la situation et pour "chercher de manière solidaire et collective des réponses aux problèmes" auxquels elle est confrontée. L'avenir du cinéma suisse inquiète cependant la branche, qui voit ses trois partenaires principaux vaciller.

"Il y a les coupes à l'Office fédéral de la culture. Il y a une stagnation sur notre fonds régional, Cinéforum, dont la dotation n'augmente plus depuis dix ans, c'est-à-dire depuis sa création, et il y a aussi évidemment cette grande inquiétude par rapport à l'avenir de la SSR", détaille Elena Tatti, productrice chez Box Productions.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Le financement du cinéma suisse est au cœur des discussions à l'occasion du festival de Locarno
Le financement du cinéma suisse est au cœur des discussions à l'occasion du festival de Locarno / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2024

Prix du Club Léopard pour l'actrice franco-suisse Irène Jacob

"La célébrité, au début, est impressionnante, surtout quand on est seule"

Vendredi soir, Irène Jacob a reçu un Léopard d'Honneur pour l'ensemble de sa carrière, trente ans après être venue présenter le film "Rouge" sur la même Piazza Grande.

Sa carrière a débuté avec éclat dans le chef-d'œuvre de Louis Malle, mais c'est aux côtés du réalisateur Kristof Kieślowski qu'elle a véritablement explosé. Son rôle dans "La double vie de Véronique" lui a valu le Prix d'interprétation féminine à Cannes à seulement 24 ans.

Elle raconte: "Quand j'ai rencontré des rôles comme La double vie de Véronique" ou "Rouge", j'ai découvert un cinéma que je n'aurais jamais imaginé. Cela m'a donné des ailes, une ouverture sur une autre culture, sur le cinéma. La célébrité, au début, est impressionnante, surtout quand on est seule. Mais, avec le temps, on trouve son chemin."

>> Voir le portrait d'Irène Jacob dans le 19h30 :

Festival de Locarno : Rencontre avec Irène Jacob
Festival de Locarno : Rencontre avec Irène Jacob / 19h30 / 2 min. / le 9 août 2024

Irène Jacob a exploré de nombreux genres, de la comédie aux drames, des films d'auteur aux productions populaires, en France et à l'étranger, au cinéma comme dans des séries. Pour elle, "le choix, c'est toujours l'autre. C'est la rencontre avec quelqu'un, l'envie de vivre une aventure avec cette personne. Bien sûr, le rôle est important, mais ce qui compte, c'est avec qui on le fait."

Actrice fétiche de Kristof Kieślowski, benjamine d'une fratrie de quatre, Irène Jacob a grandi près de Genève. C'est là, au centre de loisirs du Grand-Saconnex, qu'elle a pris son envol en tant que comédienne.

>> A écouter, l'entretien de Vertigo avec Irène Jacob :

L'actrice franco-suisse Irène Jacob lors de la 77e édition du Festival du film de Locarno. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
77e Festival du Film de Locarno : Irène Jacob. / Vertigo / 22 min. / le 9 août 2024

Maja Hoffmann, nouvelle présidente du Festival de Locarno

"Tous les festivals devraient se remettre en question"

Maja Hoffmann est la première femme à présider le Festival du film de Locarno, prenant la relève de Marco Solari, qui a dirigé l'événement de 2000 à 2023. Héritière du géant pharmaceutique bâlois Roche, elle a une fortune estimée à 7 milliards de dollars, selon Forbes.

Maja Hoffmann a hésité à accepter ce poste. "J'ai d'abord dit non, parce que j'ai beaucoup de travail et je me voyais mal faire ça en plus. Et je ne peux pas être à Locarno tout le temps", explique-t-elle jeudi dans le 19h30 de la RTS. Toutefois, avec une équipe fonctionnelle en place, elle a décidé de relever le défi, envisageant une internationalisation du festival tout en le gardant profondément ancré dans ses racines locales.

>> Voir l'interview de Maja Hoffmann dans le 19h30 :

Maja Hoffmann fait souffler un vent nouveau sur le Festival de Locarno
Maja Hoffmann fait souffler un vent nouveau sur le Festival de Locarno / 19h30 / 2 min. / le 8 août 2024

"Le festival ne doit pas perdre la Piazza Grande, la recherche de nouveaux talents et l'éducation des jeunes. Cet automne, nous allons réfléchir à l'avenir de l'industrie du cinéma et où elle se dirigera dans une dizaine d'années. Tous les festivals devraient se remettre en question", affirme-t-elle.

Etudier un changement de dates

Maja Hoffmann souhaite également examiner certains aspects du festival, y compris la possibilité de changer les dates: "Je me suis rendu compte que l'on me parle souvent des dates du festival. Il est donc nécessaire de réfléchir à cette question et de formuler une proposition."

Maja Hoffmann a créé la Fondation LUMA, basée à Arles dans un bâtiment signé par l'architecte Frank Gehry, qui est active à Zurich, Arles, Gstaad, Londres et sur l'île privée de Moustique. Mais la mécène n'est pas une novice dans l'univers du cinéma, ayant étudié le cinéma à New York et produit plusieurs documentaires.

Influence artistique

Malgré ses multiples engagements, elle admet avoir manqué de temps ces dernières années pour voir des films ou lire, confiant même qu'en ce moment, elle aspire simplement à "aller dormir".

Son influence se fait déjà sentir au sein du festival. Elle a joué un rôle clé dans la conception de l'affiche de cette édition, marquée par une photographie du léopard emblématique du festival réalisée par Annie Leibovitz, photographe de renom et amie de Maja Hoffmann.

Le directeur artistique du festival Giona A. Nazzaro a salué la contribution de la mécène, soulignant l'impact de ses réseaux et de ses idées sur la sélection des films et les contacts facilités pour les attirer à Locarno.

>> A lire aussi : Maja Hoffmann: "Tous les festivals devraient se remettre en question"

"Riverboom", de Claude Baechtold

Une odyssée déjantée sur les pistes d'Afghanistan

En 2002, les journalistes Serge Michel et Paolo Woods partent en Afghanistan pour un reportage sur les traces des aventurières Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach, mandatés par le Figaro.

Autant Serge Michel et le photographe Paolo Woods sont des professionnels, autant le photographe Claude Baechtold, qui les accompagne, est un amateur. Embarqué dans lʹaventure comme chauffeur depuis la Suisse jusquʹà la frontière afghane, il suit ses deux compagnons sur l'entier du voyage.

Equipé dʹune caméra vidéo achetée sur place, Claude Baechtold documente ce voyage dans un pays morcelé. "En 2002, l'Afghanistan vit une sorte de parenthèse enchantée au milieu de quarante ans de guerre civile. Il suffisait de laisser passer la lumière à travers mon objectif pour capturer ces images incroyables", explique Claude Baechtold dans l'émission Vertigo du 8 août 2024.

>> A écouter, l'interview de Claude Baechtold, Serge Michel et Paolo Woods dans Vertigo :

Une image du film "Riverboom" de Claude Baechtold. [DR]DR
77e Festival du Film de Locarno : Serge Michel, Paolo Woods et Claude Baechtold / Vertigo / 26 min. / le 8 août 2024

Perdues pendant des années, les cassettes vidéo de ce voyage ont refait surface en 2017. Claude Baechtold saisit alors l'occasion pour en faire un film, "Riverboom", qui oscille entre sérieux, humour, émotion et aventure. Coproduit par la RTS et Intermezzo, il a été présenté au Festival de Locarno le 8 août et sortira en Suisse romande le 30 octobre.

Première édition pour Elisabeth Baume-Schneider

"En période d'austérité, il est impossible de faire autant avec moins de moyens"

Cette année, le Festival du film de Locarno revêt une dimension particulière, marquée par la première participation de la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider et de la nouvelle présidente du festival, Maja Hoffmann, dans leurs rôles respectifs.

Mercredi soir, les deux femmes ont officiellement lancé les festivités. "Je ne boude pas mon plaisir", déclare Elisabeth Baume-Schneider avec un sourire, jeudi dans l'émission de la RTS Forum, ajoutant qu'elle apprécie particulièrement les échanges avec les acteurs culturels.

La conseillère fédérale en charge de la Culture souligne la bonne santé du cinéma suisse, reconnu sur la scène internationale grâce à sa diversité: "Cet écosystème est crucial, et on peut en observer la richesse ici, à Locarno."

>> Ecouter l'interview d’Elisabeth Baume-Schneider dans Forum :

Elisabeth Baume-Schneider durant la cérémonie d'ouverture du festival de Locarno, le 7 août 2024. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Plus de 50 films suisses présentés au festival de Locarno: interview d’Elisabeth Baume-Schneider / Forum / 4 min. / le 8 août 2024

L'argent, le nerf de la guerre

Elisabeth Baume-Schneider, présente à Locarno jusqu'à samedi, prévoit de voir plusieurs films et de participer activement aux discussions culturelles.

Samedi, elle réunira divers acteurs du secteur pour discuter des enjeux actuels et de l'importance d'un engagement commun pour la culture en Suisse. "Le financement du cinéma avec des fonds publics fédéraux est ancré dans la Constitution. Mais il est également essentiel de collaborer avec les cantons, les communes et les fondations, ainsi que des partenaires privés. La culture ne doit pas être contrainte par les financements, mais elle a besoin de soutien pour avoir plus de liberté."

Cependant, le contexte budgétaire reste tendu. De nombreux acteurs culturels ont exprimé leur mécontentement face aux coupes dans le budget "culture" de l'Aide suisse au développement. Sur ce sujet, Elisabeth Baume-Schneider s'abstient de commenter directement la décision de son collègue Ignazio Cassis.

"Nous sommes tous confrontés à des choix difficiles. Les finances de la Confédération nous obligent à envisager des mesures d'austérité. Il est essentiel d'assurer une cohérence dans ces décisions."

La Confédération pense à vendre son palace vénitien

Une autre controverse a émergé autour de la Fondation suisse pour la culture, Pro Helvetia, qui prévoit de mettre fin à ses activités à Venise en 2026, selon le SonntagsBlick.

Dès l'année prochaine, la fondation commencera à réduire ses offres de résidence et ses programmes artistiques dans la cité des Doges, où elle occupe le Palazzo Trevisan. L'Office fédéral des constructions et de la logistique évalue actuellement si d'autres offices pourraient utiliser les espaces libérés, ou si la Suisse pourrait vendre l'étage qu'elle occupe dans le bâtiment, qui abrite également son consulat. Une décision critiquée par le Conseil d'Etat tessinois.

Elisabeth Baume-Schneider reconnaît les préoccupations suscitées par cette décision: "J'ai entendu les inquiétudes et les critiques, notamment de la part des Tessinois. Pro Helvetia explore différentes options et engage des discussions avec ses partenaires. Mais en période d'austérité, il est impossible de faire autant avec moins de moyens."

"Le déluge" de Gianluca Jodice en ouverture

Guillaume Canet et Mélanie Laurent à l'affiche

Le tandem Guillaume Canet et Mélanie Laurent a ouvert le bal sur la Piazza Grande avec "Le déluge" du réalisateur italien Gianluca Jodice. Un film qui retrace les dernières semaines de la famille de Louis XVI (Guillaume Canet) et Marie-Antoinette (Mélanie Laurent), entre leur arrestation et leur exécution en 1793.

Tourné en Italie sur fond d'images de synthèses du Paris de l'époque, le film naît d'un hasard. Le réalisateur, en lisant un livre, décide de faire un film sur Louis XVI, dernier souverain de l'Ancien Régime, avant que ne s'ouvre l'époque contemporaine. "L'idée était de raconter la mort d'un homme qui représente la mort d'une époque", souligne Gianluca Jodice dans l'émission Vertigo du 7 août 2024.

"Le déluge" est chapitré en trois blocs: les dieux, les hommes et les morts. L'idée du réalisateur était aussi de ramener ces figures royales à un statut humain. "Nous voulions faire un film historique, mais surtout un film avec une vocation métaphysique en racontant la chute de l'homme et pas seulement de Louis XVI", précise Gianluca Jodice.

>> Ecouter Gianluca Jodice, Mélanie Laurent et Guillaume Canet dans Vertigo du 7 août 2024 :

Scène tirée du film "Le déluge" du réalisateur Gianluca Jodice, avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent. [The Flood - Ascent Film]The Flood - Ascent Film
Vertigo est en direct du 77e Festival de Locarno jusquʹau vendredi 16 août 2024 / Vertigo / 28 min. / le 7 août 2024

Dévoiler les hommes derrière les dieux

Dans les rôles principaux: Guillaume Canet et Mélanie Laurent qui incarnent des Louis XVI et Marie-Antoinette d'une grande complexité et d'une manière encore jamais vue. "C'était passionnant. Même physiquement notre transformation était folle pour des acteurs: enlever petit à petit toutes les couches de la prestance, de la royauté, du pouvoir pour devenir une femme, une mère, et avoir peur pour la première fois", indique Mélanie Laurent dans l'émission Vertigo.

"J'ai été très attiré par ce personnage et par ce scénario. D'abord parce que c'était très bien écrit, et ensuite parce que j'ai découvert des choses que je ne connaissais pas de cet homme. (...) Un homme presque autiste, très timide, qui passait son temps à réparer des serrures, des horloges et à fuir le plus possible la société. J'ai compris au fur et à mesure pourquoi son père avait dit: 'Après moi, le déluge'. Parce qu'il savait que son fils était incapable de gouverner un pays. C'est cela que j'ai trouvé passionnant", raconte Guillaume Canet.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Premières projections de films ce mercredi au festival du film de Locarno avec Le Déluge
Premières projections de films ce mercredi au Festival du film de Locarno avec Le Déluge / 19h30 / 1 min. / le 7 août 2024

Rajeunir le public

Nouvelle direction et nouvelles idées

Le Festival de Locarno connaît une année de transition avec à sa tête une nouvelle présidente, la mécène bâloise Maja Hoffmann. Un des défis du festival est de continuer à attirer des artistes qui font le cinéma de demain, mais aussi le public qui va avec.

Selon les chiffres de l'an dernier, la tranche d'âge la plus représentée parmi le public est celle comprise entre 46 et 65 ans (36%), tandis qu'un petit tiers du public a entre 18 et 30 ans. La fréquentation des trentenaires et jeunes quarantenaires tombe à 16%, or c'est cette tranche d'âge que Locarno aimerait séduire ces prochaines années.

>> Ecouter le sujet de Forum :

Mercredi soir, la 77e édition du Festival de Locarno sera ouverte par Elisabeth Baume-Schneider. [Keystone]Keystone
Ouverture du 77ème Festival de Locarno, qui se réinvente pour essayer de rajeunir son public / Forum / 2 min. / le 7 août 2024

Une des propositions serait de renouer avec le côté festif de Locarno. Dans les années 1990, les fêtes organisées au Grand Hôtel attiraient jeunes (et moins jeunes) de toute la Suisse et de toute l'Europe.

L'ancien directeur artistique Frédéric Maire abonde en ce sens, tout en rappelant la nécessité de faire le lien entre parties festives et projections. En guise d'exemple, il avait programmé "Berlin Calling" en 2008, un film sur la vie nocturne et les milieux technos. La projection sur la Piazza Grande avait été suivie d'un concert du DJ allemand Paul Kalkbrenner.

>> Ecouter aussi l'interview de Frédéric Maire, directeur de la cinémathèque suisse :

Frédéric Maire [Carine Roth - Carine Roth]Carine Roth - Carine Roth
Le 77e Festival de Locarno ouvre ses portes et met le cinéma suisse à l'honneur: interview de Frédéric Maire / Forum / 4 min. / le 7 août 2024

Une 77e édition charnière

Observation et discrétion avant les grands changements

Après vingt-trois ans à la tête du Festival du film de Locarno, Marco Solari a fait place à Maja Hoffmann. Discrète et ambitieuse, la nouvelle présidente a déjà évoqué certains choix stratégiques pour les prochaines éditions. A l'avenir, Maja Hoffmann souhaite davantage de stars sur le tapis rouge, des trains spéciaux depuis Milan, voire changer les dates du festival.

Une stratégie partagée par le vice-président Luigi Pedrazzini dans la Matinale du 7 août 2024: "les spécialistes et les professionnels savent depuis longtemps que les dates du Festival de Locarno ne sont pas 100 % heureuses. Il y a des problèmes à avoir des régisseurs, des producteurs et des films de qualité. On va donc entamer cette réflexion cet automne en parlant avec tous les intéressés: le tourisme, l'économie, le public, les politiques."

>> A voir, l'interview de Luigi Pedrazzini, vice-président du Festival du film de Locarno :

L'invité de La Matinale (vidéo)- Luigi Pedrazzini, vice-président du Festival du film de Locarno
L'invité de La Matinale (vidéo)- Luigi Pedrazzini, vice-président du Festival du film de Locarno / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 7 août 2024

Le vice-président se veut néanmoins rassurant: "les changements seront uniquement structurels, la culture et la substance même de Locarno restent". Luigi Pedrazzini se donne également pour mission de garder l'ancrage régional de la manifestation tessinoise tout en gardant une ouverture internationale.

Des grands noms du cinéma récompensés

Une star de Bollywood à Locarno

Icône de Bollywood, Shah Rukh Khan sera primé lors du Festival de Locarno. La superstar indienne recevra le 10 août sur la Piazza Grande le "Pardo alla Carriera", prix couronnant l’ensemble de son œuvre. Shah Rukh Khan a commencé sa carrière à la télévision avant de passer au cinéma, puis de fonder sa propre société de production en 2002, Red Chillies Entertainment, devenue l'une des plus importantes de l'industrie cinématographique hindi.

L'acteur de Bollywood Shah Rukh Khan le 21 décembre 2023 à Mumbai, en Inde. [AFP - INDRANIL ADITYA]
L'acteur de Bollywood Shah Rukh Khan le 21 décembre 2023 à Mumbai, en Inde. [AFP - INDRANIL ADITYA]

>> A lire aussi : Icône de Bollywood, Shah Rukh Khan sera primé lors du Festival de Locarno

Le Prix d'excellence Davide Campari sera remis aux acteurs Guillaume Canet et Mélanie Laurent. Le duo joue dans le long métrage français "Le déluge" de Gianluca Jodice projeté en ouverture sur la Piazza Grande. Le film retrace les derniers jours du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette.

Alfonso Cuarón, cinq fois oscarisé, se verra décerner un prix pour l'ensemble de sa carrière le dimanche 11 août sur la Piazza Grande. Le cinéaste mexicain navigue entre des films à petit budget au Mexique et des superproductions à Hollywood. Alfonso Cuarón, 62 ans, a notamment réalisé "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban" (2004), "Gravity" (2013), récompensé par sept Oscars, et "Roma" (2018).

La cinéaste Jane Campion sera également récompensée pour l'ensemble de sa carrière lors du 77e Festival du film de Locarno. Elle recevra le "Pardo d'Onore" le 16 août sur la Piazza Grande, où deux de ses oeuvres seront projetées. 

De nombreux films suisses présentés

Plus de quarante productions helvétiques

Avec plus de 40 films, jamais autant de créations helvétiques n'avaient été retenues par le Festival du film de Locarno. Trois premières mondiales seront présentées en compétition internationale, dont le nouveau film des frères Ramon et Silvan Zürcher et deux dans la catégorie "Cinéastes du présent". Cinq productions suisses seront projetées sur la Piazza Grande.

>> A écouter, ce sujet du 12h30 sur les films suisses sélectionnés à Locarno :

Le Festival du film de Locarno se tient du 7 au 17 août. [Keystone - Valentin Flauraud]Keystone - Valentin Flauraud
Festival de Locarno: près de 50 films suisses sont au programme de l'édition 2024 qui débute ce mercredi / Le 12h30 / 1 min. / le 3 août 2024

"Reinas" de Klaudia Reynicke a ouvert le bal sur la Piazza Grande jeudi 8 août. Cette production helvético-péruvio-espagnole avait déjà été sélectionnée par le festival Sundance avant d'être projetée à la Berlinale, peut-on lire sur le site de Swiss Films.

Le 13 août, le cinéaste d'animation suisse Claude Barras recevra le Prix enfants de Locarno, suivi de la première helvétique de son nouveau film d'animation "Sauvages". Celui-ci a été projeté en avant-première à Cannes et en compétition au Festival du film d'animation d'Annecy.

Retour sur l'édition 2023

Un film iranien sacré Léopard d'Or

Près de 147'000 spectatrices et spectateurs ont fréquenté en 2023 le Festival du film de Locarno, un chiffre en hausse de 14,3% par rapport à 2022. Pour le président du festival Marco Solari, il s'agissait de la dernière édition.

Le film "Mantagheye Bohrani" ("Critical Zone") du réalisateur iranien Ali Ahmadzadeh, tourné clandestinement dans les rues de Téhéran en déjouant la censure des autorités iraniennes, a remporté le Léopard d'Or de la compétition internationale. Le réalisateur de 37 ans n'avait pas pu quitter l'Iran pour venir présenter son film à Locarno.

L'équipe du film "Mantagheye bohrani (Critical Zone)" du réalisateur iranien Ali Ahmadzadeh sur le  tapis rouge du Festival de Locarno avec une banderole "Femme, Vie, Liberté" le 12 août 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
L'équipe du film "Mantagheye Bohrani" du réalisateur iranien Ali Ahmadzadeh sur le tapis rouge du Festival de Locarno avec une banderole "Femme, Vie, Liberté" le 12 août 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

Le prix du public UBS a été décerné au réalisateur Ken Loach, 87 ans, pour "The Old Oak". Le film se déroule dans un ancien village minier du nord-est de l'Angleterre et dans le dernier pub restant. Présent à Locarno, le Britannique avait été accueilli par un tonnerre d'applaudissements et une standing ovation avant la projection de son film sur la Piazza Grande: son discours contre les élites et en faveur des défavorisés, auxquels toute sa filmographie est dédiée, a suscité une grande émotion dans le public.

Le réalisateur britannique Ken Loach aux côtés de l'ancien directeur du Festival de Locarno, Marco Solari, le 8 août 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Le réalisateur britannique Ken Loach aux côtés de l'ancien directeur du Festival de Locarno, Marco Solari, le 8 août 2023. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

>> A lire également, notre dossier consacré à la 76e édition du festival : Plus de 145'000 cinéphiles à Locarno, fréquentation en hausse