Le cinéma de David Lynch en cinq oeuvres emblématiques

Grand Format

AFP - Valery Hache

Introduction

David Lynch, réalisateur américain à l'influence immense, est décédé le 16 janvier à l'âge de 78 ans. Auteur de dix longs métrages sortis entre 1977 et 2006, il a envoûté une cohorte d'admirateurs fascinés par l'inquiétante étrangeté de ses films. Retour sur sa carrière en cinq oeuvres marquantes.

Chapitre 1
"Elephant Man" (1980) 

AFP - Brooksfilms / Collection ChristopheL

Avec "Elephant Man", son deuxième long métrage en noir et blanc, David Lynch connaît la consécration publique.

Elephant Man1980David Lynch.COLLECTION CHRISTOPHEL © BrooksfilmsBrooksfilms / Collection ChristopheL via AFP [AFP - Brooksfilms / Collection ChristopheL]
David Lynch sur le tournage d'"Elephant Man" en 1980. [AFP - Brooksfilms / Collection ChristopheL]

Fasciné par la difformité, le jeune réalisateur met en images l'histoire de Joseph Merrick, un Britannique de la fin du XIXe siècle atteint d'une maladie déformante. L'homme à la morphologie monstrueuse devient une bête de foire à travers le pays.

>> A écouter, l'émission Travelling consacrée à "Elephant Man" :

Une scène de "Elephant Man", film de David Lynch datant de 1980. [Paramount / The Kobal Collection / AFP]Paramount / The Kobal Collection / AFP
Travelling - Publié le 22 juillet 2021

John Hurt, dans le rôle-titre, entièrement défiguré par un maquillage réalisé à partir du masque mortuaire de Joseph Merrick, remporte l'une des huit nominations aux Oscars du film.

Anthony Hopkins, également nommé, incarne le médecin Frederick Treves qui sympathisa avec son patient et dont le journal sert de trame au film.

Chapitre 2
"Blue Velvet" (1986)

AFP

Une oreille tranchée en décomposition sur une pelouse, les lèvres rouges d'une chanteuse de cabaret incarnée par Isabella Rossellini, un nain sinistre et le refrain entêtant de la bande-son alanguie d'Angelo Badalamenti: avec "Blue Velvet", David Lynch installe son univers surréaliste et est nommé en 1987 pour l'Oscar du meilleur réalisateur.

>> A lire également, notre grand format consacré à "Blue Velvet" : Sadisme et mièvrerie dans "Blue Velvet"

Kyle MacLachlan et David Lynch sur le tournage de "Blue Velevt" en 1987.
Kyle MacLachlan et David Lynch sur le tournage de "Blue Velevt" en 1987.

Un Dennis Hopper en érotomane psychopathe apporte une touche supplémentaire à cette "inquiétante étrangeté" que David Lynch excelle à créer derrière les façades apparemment tranquilles d'une petite ville américaine. Toujours sa fascination pour les apparences.

Chapitre 3
"Twin Peaks" (1990-1991)

Lynch/Frost/Spelling / The Kobal Collection

Twin Peaks, une petite ville imaginaire bordée de pins géants, un café où l'on sert une tarte aux fruits, un nain habillé en rouge, une femme à la bûche, des téléphones qui sonnent dans le vide, et Laura Palmer, une lycéenne repêchée un matin dans un lac, le corps enveloppé dans un sac.

Dans cet environnement lynchéen évolue l'agent Cooper pendu à son dictaphone (Kyle MacLachlan), personnage emblématique de cette oeuvre phare du réalisateur qui révolutionne la série d'auteur.

Michael J. Anderson et Kyle MacLachlan dans "Twin Peaks" en 1991. [AFP - Lynch/Frost Productions / Propaganda Films]
Michael J. Anderson et Kyle MacLachlan dans "Twin Peaks" en 1991. [AFP - Lynch/Frost Productions / Propaganda Films]

Avec ses deux saisons et ses trente épisodes, David Lynch et Mark Frost fidélisent une horde de téléspectateurs avides de réponses d'un mystère insoluble.

>> A lire aussi : "Twin Peaks", trente ans de musique et de David Lynch

Il prolonge l'expérience avec un long métrage "Twin Peaks: Fire Walk With Me" (1992), où apparaît notamment David Bowie.

Puis, 26 ans plus tard, David Lynch écrit la troisième saison de ce phénomène culturel, un long film de près de vingt heures, où l'on retrouve des clins d'oeil à toute sa filmographie, d'"Eraserhead" (1977) à "Lost Highways" (1997).

>> A écouter, l'émission Travelling consacrée à "Eraserhead" :

"Eraserhead", de David Lynch (1977).
AMERICAN FILM INSTITUTE/ LIBRA/COLLECTION CHRISTOPHEL
AFP [AFP - AMERICAN FILM INSTITUTE/ LIBRA/COLLECTION CHRISTOPHEL]AFP - AMERICAN FILM INSTITUTE/ LIBRA/COLLECTION CHRISTOPHEL
Travelling - Publié le 29 juin 2021

Chapitre 4
"Sailor et Lula" (1990)

AFP - PolyGram Filmed Entertainment / Propaganda Films

Nicolas Cage (Sailor) et Laura Dern (Lula) s'aiment d'amour fou, mais ils sont poursuivis par l'homme de main de la mère de Lula. Cette sorcière alcoolique veut se débarrasser de Sailor par dépit amoureux et pour neutraliser un témoin gênant de la mort suspecte de son mari.

La course-poursuite vers le Texas conduit les deux amants-voyous à faire d'étranges rencontres dans des lieux non moins insolites.

Isabella Rossellini et Nicolas Cage dans "Sailor et Lula" en 1990.
Isabella Rossellini et Nicolas Cage dans "Sailor et Lula" en 1990.

David Lynch s'inspire librement du polar noir écrit par Barry Gifford, flirte avec la comédie, convoque le "Magicien d'Oz", Elvis Presley et Chris Isaak pour mieux plonger dans l'insoutenable et remporte la Palme d'or à Cannes en 1990.

>> A écouter, l'émission Travelling dédiée à "Sailor et Lula" :

Laura Dern et Nicolas Cage dans "Sailor et Lula" (Wild at Heart) de David Lynch. [AFP - Collection Christophel / PolyGram Filmed Entertainment / Propaganda Films]AFP - Collection Christophel / PolyGram Filmed Entertainment / Propaganda Films
Travelling - Publié le 6 juillet 2022

Chapitre 5
"Mulholland Drive" (2001)

AFP - Les Films Alain Sarde / Asymmetrical Productions

Conçu à l'origine comme une série, ce thriller angoissant joue avec les faux-semblants d'Hollywood, ses producteurs véreux et autres ogres de cette formidable usine à images.

Noami Watts et David Lynch sur le tournage de "Mulholland Drive" en 2001. [AFP - Les Films Alain Sarde / Asymmetrical Productions]
Noami Watts et David Lynch sur le tournage de "Mulholland Drive" en 2001. [AFP - Les Films Alain Sarde / Asymmetrical Productions]

Prix de la mise en scène à Cannes, César du meilleur film étranger, "Mulholland Drive" - du nom de la fameuse route bordée par les maisons de stars - suit une intrigue tordue qui emmène une beauté brune amnésique (Laura Elena Harring) et une blonde, naïve apprentie-comédienne (Naomi Watts), dans un jeu de dédoublement de personnalité.

Avec "Inland Empire" (2006), ces deux films marquent la fin de la carrière de David Lynch comme réalisateur - mis à part un court-métrage en 2020 diffusé sur Netflix avec un singe accusé d'un meurtre dans le rôle-titre.

Il se consacre dès lors à la méditation transcendantale et à d'autres formes d'expression artistique. Disparu le 16 janvier 2025, David Lynch est considéré comme un maître du cinéma qui a révolutionné l'image et marqué cet art avec l'ambiance inquiétante et obsédante de ses films.

>> A écouter, ce sujet de la Matinale consacré au décès de David Lynch :

David Lynch à Rome en 2017. [KEYSTONE - EPA/LUIGI MISTRULLI]KEYSTONE - EPA/LUIGI MISTRULLI
La Matinale - Publié hier à 06:18